Le Trophée Roses des Sables s’est déroulé du 18 au 25 octobre. Repris par Michel Boucou et Christophe Cresp, c’est une nouvelle organisation expérimentée qui a décidé de relever le défi. À la tête de cette nouvelle équipe, François Habib-Deloncle. Lui-même épaulé par le directeur de course Sébastien Delaunay et Pauline Ibanez.
Sébastien Delaunay, est un copilote professionnel, et traceur pour les plus grandes épreuves internationales << Ce qu’il faut, c’est trouver un équilibre entre plaisir, aventure et sécurité. Cela ne doit pas être trop facile, car ça reste une épreuve sportive, où la sécurité est toujours au cœur de mes préoccupations. >>.
Serge Henninot, Ambassadeur du Daka avait fait le déplacement pour aller à la rencotre de l’association »Enfants du Désert ». Quatre catégories étaient autorisées à prendre le départ : 4×4, SSV, Moto et Quad. Au total, c’est 126 équipages, soit, 249 participantes qui allaient rouler sur sept étapes. L’organisation pouvait aussi s’appuyer sur 120 membres, afin de veiller au bon déroulement de l’épreuve. Quatre associations sont s’associées à cet évènement :
Ruban Rose, Enfants du Désert, Club des Petits Déjeuners, et L’Estelada. Fort de ce soutien, toute la caravane était prête à partir sur les terres marocaines, pour s’élancer à bras raccourci, sur les pistes drapées de sable fin. Mais avant, tout commence par les incontournables vérifications techniques et administratives, à Pau. Une fois les numéros de course collés, toutes les concurrentes se réunissaient pour écouter le premier briefing, du Rallye. L’occasion de prendre des notes sur les consignes de sécurité, et sur le rôle essentiel des membres de l’organisation.
18 octobre. Après une courte nuit, les Roses se sont levées à l’aube pour embarquer sur le bateau, en direction du Maroc.
À peine posé le pied au sol, alors que les premières lueurs de l’aube apparaissent, la caravane s’élançait pour une longue liaison de 730 km à travers des paysages variés, ce qui permettait aux concurrentes de se familiariser avec le Road-Book, et le Tripy. À la mi-journée, les Roses évoluaient entre Kenitra et Meknes, haut lieu vinicole. Le périple s’est poursuivi par une route plus montagneuse au niveau du village d’El Hajeb, et de la ville d’Ifrane, située à 1950 mètres d’altitude. L’occasion pour les Roses de faire connaissance avec le plus grand cèdre du monde, ainsi qu’avec les singes qui vivent toute l’année, en pleine liberté. Puis, les concurrentes se sont dirigées vers la Vallée du Ziz et sa palmeraie, avant de basculer vers le lac de Bin el Ouidane, au pied du Haut Altlas. La journée se termine par une arrivée à Errachidia, ville garnison militaire du sud Marocain.
19 octobre. Les choses sérieuses commencent. Les Roses devaient rouler sur des pistes en tous genres. Cette première mise en jambe permettait de se familiariser avec l’environnement. Un premier tronçon sur des pistes bien tracées, mais à certains endroits, de la boue et du sable fin qui pouvaient surprendre. Ce sont les premiers tankages, du Trophée. C’est là que l’entraide prenait toute sa signification. Le tankage, ça fait partie des multiples péripéties qui peuvent se produire au gré des étapes, et c’est aussi ce qui explique cette solidarité qui lie les acteurs de cette épreuve.
Côté navigation, la lecture du road-book devenait l’élément essentiel pour sortir de ces mauvais pas, obligeant ainsi, les équipages à sortir la boussole pour trouver la meilleure trace. La Deuxième partie de la journée était placée sous le signe du partage, en compagnie de Serge Henninot, et des membres de l’association »Enfants du Désert ».
La parenthèse solidaire du Trophée fut la cérémonie de remise des dons. Un grand moment d’émotion pour les enfants, pour Serge Henninot, le staff et toutes les concurrentes du Rallye. Tous ces dons ont pour objet d’aider et soutenir toutes les bonnes iniatives, qui pourront améliorer le bien être des plus jeunes villageois : Dentifrice, matériel scolaire (livres, crayons, stylos, gommes, chahiers, règles…). Mais aussi, des vêtements scolaires et des cartables.
Les Roses avaient à peine le temps de souffler, qu’elles devaient s’engager sur un autre challenge. un deuxième défi à réaliser. Conduire la nuit. Si le pilotage n’était pas compliqué, la nuit, tous les chats sont gri, du coup, l’environnement devient plus difficile à dompter. Dans la pénombre, les repères disparaissent sous un voile de poussière ocre, au fil des kms. Il fallait donc rester très attentif à la modification du terrain, et à la lecture du Road-Book. C’est sous la voûte étoilée du désert, traverseé par des oasis, des ergs arides, que voguent les dromadaires appelés méharis, que toutes les concurrentes s’inclinent par respect cette beauté inégalable. Le challenge terminé, les Roses avaient bien mérité une belle et douce nuit de repos, au cœur des dunes de Merzouga.
20 octobre. Spéciale »Wonderwoman ». Cap sur les grands plateaux et les montagnes. Aujourd’hui, les concurrentes allaient découvrir des vastes plateaux désertiques. Pas de repères visibles à l’horizon, juste une immensité avec un cap à suivre à la boussole. Pas de difficulté majeure à signaler sur cette étape, mais il ne fallait pas céder à la tentation de tester toutes les pistes parallèles, très visibles. L’important était de tenir le cap avec précisions. Après cette première portion en mode « Off-Road », place à un environnement beaucoup plus varié et montagneux. Les paysages changeaient, entre les pistes techniques, sinueuses et les oueds piégeux. Toutes les pilotes devaient ajuster leur conduite au terrain, pendant que les navigatrices restaient concentrées sur la lecture du Road-Book.
En effet, une bonne navigatrice doit être capable d’arrêter son pilote en pleine spéciale, en cas de doute. La navigation rime donc avec rigueur, qui va du carton de pointage en passant par la quantité d’essence et les pleins d’eau. À mi-parcours, les Roses traversent une magnifique palmeraie qui offrait un peu de verdure et de fraicheur, avant de s’élancer sur une nouvelle section. Le passage d’un lit de rivière, où le terrain alternait entre sable et grosses pierres. Si la navigation paraissait plus simple, certaines Roses en profitaient pour couper habilement des trajectoires. Force est de constater, que cette journée fut riche en diversité, en beaux paysages, et en défis techniques !
21 octobre. Durant deux jours, les étapes 4 et 5 divisaient les concurrentes en deux groupes pour des conditions optimales. Le groupe 1 (les équipages de # 2 au # 132) partaient sur la Spéciale 4, dite « des dunes ». Le groupe 2 (les équipages de # 136 à # 701) comprenaient les quads, les SSV et les motos, se lançaient sur la Spéciale 5, dite « Begaa ». Pour le premier groupe, l’étape promettait de belles sensations, tant sur la première partie qui alternait entre des oueds sablonneux, des dunettes et des pistes roulante et rapides. Sur la seconde moitié du tracé, les Roses traversaient l’Erg Chebbi, au milieu des hautes dunes. Un superbe spectacle garanti sur 80 kms, dont 50 de spéciale ! Du côté du groupe 2, c’est la spéciale la plus longue du parcours. Un savant mélange de pistes, de reliefs montagneux, avec 30 kms dans un oued de sable fin, et plusieurs passages en HP »hors piste ». D’ailleurs, c’est aussi dangereux de partir faire du hors-piste avec des skis que de traverser le désert en voiture, dans les dunes. Cette expérience hors du commun sur deux ou quatre roues fait partie des multiples péripéties qui peuvent se produire, au gré des étapes, et c’est aussi ce qui explique cette solidarité qui lie les acteurs de cette épreuve, lorsqu’un équipage n’arrive pas à sortir d’un mauvais pas. La nuit tombée, le marchand de sable endort tout ce petit monde, et laisse à chacune le droit de dessiner un mouton !
22 octobre. Le départ est donné à 9h30 pour les équipages 136 à 706. Direction les majestueuses dunes de Merzouga, pour un plongeon dans le bac à sable qui orne les fameuses dunes de l’Erg Chebbi. Les navigatrices allaient encore une fois être sollicitées à partir du CP 1. Celui-ci annonçait l’entrée d’une portion d’orientation délicate. C’est au pied du mur que l’on voit si le maçon est à la hauteur de ses ambitions !
Très attentives au briefing, les concurrentes étaient conscientes qu’il fallait se préparer à dégonfler les pneus à 1 kg, enclenché la boîte courte et prendre leur courage à deux mains pour affronter l’obstacle. Si les pneus étaient bien dégonflés, la pression était à son comble lorsqu’elles sont parties à l’assaut du 100% sable. Un passage qui a fortement marqué l’ensemble des participantes. Aux alentours de 12h30, une dizaine d’équipages avaient fait la trace entre les végétations, l’herbe à chameaux et les petites dunettes. Au km 67, le degré de difficulté montait d’un cran, provoquant ainsi le premier tankage de la journée pour l’équipage de l’émission Koh Lanta # 200, Julie et Léa. Finalement, sur cette épreuve, c’est la solidarité qui caractérisait les concurrentes. Tout le monde a constaté que dans le sable fin, cet élan de générosité fonctionne à plein, et prend tout son sens, puisque d’autres concurrentes se sont empressées de venir les aider. Quand soudain à l’horizon caché derrière les dunes, un ciel bleu sans nuages surgit au loin, tel un mirage de dromadaires et leur attelage qui se suit à la queue leu-leu, sous les aboiements des chiens errants.
Le planté de bâton ! Comme des skieuses aguerries, plusieurs Roses sont passées sans encombre dans cette houle de sable, en slalomant entre les piquets. Nombreux sont les équipages qui ont d’ailleurs fait état de sensations comparables à celles que procurent les sports de glisse en haute montagne. Ces montagnes russes de couleur ocre ont malgré tout, donné du fil à retordre à beaucoup de pilotes ! Mais à l’arrivée, tout le monde avait la sensation d’avoir gravi les plus hauts sommets, avec cette immense joie d’avoir été solidaire avec leurs adversaires. L’ensemble de la caravane fini par rejoindre le bivouac avec une motivation regonflée à bloc ! C’est le cas de Lucile et Myriam, les Sister’ose # 169 qui ont conclu ce baptême des dunes « Au début, on a eu un peu le palpitant qui s’affolait, et après, c’est nickel, c’était même génial ! ». Hélas, c’était la dernière soirée aux pieds des dunes de Merzouga. Le lendemain, dès 9h00, les Roses prenaient la route pour une étape Marathon de 48h00, en totale autonomie. Finalement, c’est la dure réalité de la piste que des milliers d’équipages ont vécue sur les plus grandes épreuves internationales.
23 octobre. Étape Marathon 1. Ce matin, les Roses se préparent à vivre une aventure extraordinaire, quittant le confort du bivouac pour plonger dans cette première étape marathon ! Après ces trois jours de boucles passées du côté de Merzouga, et des kilomètres parcourus, les concurrentes étaient prêtes pour braver les différents obstacles de la journée : plateaux désertiques, village abandonné, pistes sinueuses en pierres, oueds asséchés et cols.
Autrement dit, un excellent condensé sur des traces visibles, parfois pas. Si c’est compliqué, c’est là que ça devient intéressent, car les actes et les comportements n’ont d’intérêts que s’ils ont un sens. Comme sur le Paris-Dakar, une étape Marathon oblige à rester vigilant pour ménager sa monture, jusqu’à la tombée de la nuit. Lorsque l’heure fatidique sonnait le clairon de stopper les machines, tous les équipages coupaient le contact de leur véhicule, à l’endroit où ils se trouvaient. Les campements devenaient sauvages dans une pénombre digne d’un décor des mille et une nuits ! Puis, toutes les concurrentes attendaient patiemment le coucher de soleil qui se dirigeait lentement derrière les dunes, rougit par le soleil de la journée. Finalement, ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache toujours quelque chose. Une ombre, un bruit ou le grand silence. Peu importe l’endroit où les Roses ont fait leur stop, toutes regardent ce cortège d’étoiles dont on ignore le nombre, espérant retrouver la sienne, comme un cortège flamboyant qui surgit d’un mirage. Après une journée harassante comme celle-ci, quand on aime le désert, on s’assoit en haut d’une dune, comme sur un tapis d’orient. On ne voit rien, on n’entend rien, et cependant, quelque chose rayonne en soi.
24 octobre. Étape Marathon 2. Durant cette nuit magique en totale autonomie, certaines Roses ont dansé de longues heures autour d’un feu de camp, pendant que d’autres savouraient le silence du désert. Dormir au pied des dunes sous la voûte étoilée, partager la gamelle au bivouac, s’endormir dans son sac de couchage en écoutant les grains de sable rouler sur la moindre pente, est un moment privilégié. Lorsque le Trophée Roses des Sables vous restitue ces moments de partage, il est bon d’en profiter. Changement de décor. Dès l’aube, les Roses ressemblent à des Marmottes mal réveillées ! Très vite, la réalité reprenait ses droits, puisque l’aventure n’était pas encore terminée ! Le temps de plier son matériel de campement, les voilà repartis pour une dernière étape. Direction Tiguerna pour passer sous l’arche, symbole du travail accompli de cette nouvelle journée. Du fait d’arriver au nouveau bivouac, l’excitation était à son comble, avec ce bonheur total d’avoir triomphé des plus hauts sommets de l’effort, du risque, voire de la conquête, qui est le véritable enjeu de cette édition.
25 octobre. La veille la soirée était festive au dernier bivouac. Mais voilà, tout à une fin. Après une nuit à Tiguerna, les Roses se lançaient au lever du jour dans l’ultime étape, avec le cœur chargé d’émotions et des souvenirs plein la tête. Une liaison de 422 kms, pour rejoindre Marrakech, avec un peu de regret, car, l’heure est venue de dire au revoir au désert.
L’environnement change du tout au tout. Le goudron remplace le sable fin de couleur ocre. Les plateaux désertiques laissent place aux montagnes verdoyante, lorsque la caravane 2024 traverse la mythique Vallée du Draa, puis la commune de Ouarzazate, avec ses studios de cinéma. Passage obligatoire qui emmène la caravane au Col du Tichka, situé à 2 260 m d’altitude. La descente du Col n’est plus qu’une formalité pour plonger sur Marrakech, avec cette immense fierté d’avoir surmonté toutes les difficultés de la semaine. Face au soleil, dans les habitacles, le sourire révélateur des équipages était bien visible derrière les pare-brise.
Du coup, la descente du Col n’est plus qu’une formalité avant d’atteindre Marrakech. En attendant, les familles et les proches sont autour de l’Arche pour écouter le moindre bruit d’un moteur, qui pourrait se rapprocher de la ligne d’arrivée. Familles, amis, enfants et sponsors sont là pour célébrer l’aboutissement d’une semaine intense et éprouvante. Les photographes sont prêts à dégainer pour immortaliser ces instants. L’énergie déployée durant des mois de préparation et pendant la compétition, ont laissé place au retour à la vie normale, lorsque les véhicules ont commencé à apparaître à l’entrée de l’Hôtel Kenzi Rose Garden, à Marrakech. Le Maroc conserve un pouvoir de fascination inégalé, car en faisant résonner les âmes d’explorateurs, l’environnement révèle des sensations que l’on pensait définitivement domptées par la modernité. Clap de fin. 26 octobre. Satisfait de cette semaine, on le serait à moins du résultat final. Maintenant, vient l’heure de la remise des prix. Toutes les Roses revêtent leurs plus beaux habits de soirée pour fêter dignement cette semaine pleine de découvertes et de partages. Conclusion, il ne faut pas chercher loin les raisons qui poussent toutes les concurrentes à tout mettre en œuvre pour revenir l’année prochaine.
Podium 4×4 : 1 – # 175 Fiona Fauvet/Angéline Depréaux. 2 – # 66 Marion Mallouki/Estelle Randriambao. 3 – # 116 Nadia Bouraghda/Delphine Chaigneau. Podium SSV : 1 – # 545 Francesca Chamberland/ Carolyne Julien. 2 – # 538 Joanie/ Sophie Pellerin. 3 – # 511 Sophie Parenteau/Julie Demers. Podium Moto/Quad : 1 – # 700 Megane Beney. 2 – # 701 Aline Gasteclou. 3 – # 600 Tiffany Copin. Rendez-vous pour les 25 ans du Rallye, du 14 au 26 octobre 2025.
Auteur : Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos : Julien Rocher. Presse Roses des Sables : Chris Rodrigo.