Yves Morize est né à Chartres en 1944. Issu du monde de l’automobile dès son enfance, à courir dans le magasin de pièces automobiles, tenu à cette époque par son père et son grand-père. C’est donc tout naturellement, que le jeune garçon trace sa vie dans le milieu automobile, avec ses deux frères. À l’âge adulte, il prend la direction générale d’un groupe d’une dizaine d’entreprises spécialisées en multimarques (fourniture industrielle et d’aménagement pour les garages, autos et camions poids lourds). Au total, l’entreprise employait six cents salariés. Parallèlement, il fut élu président du groupe AD, qui aujourd’hui, est un réseau de plus de trois mille garages, avec cinq cents distributeurs ‘’Auto-Distribution’’ (AD), en France et en Navarre.
Compétition, quand tu nous tiens !
Sa première apparition en sport automobile se fait en 1974 en tant que copilote sur le Championnat de France sur R5 Turbo (Tour de Corse). Puis, il s’engage sur les six heures de Saint Pée-Sur-Nivelle. Mais finalement, c’est l’aventure avec un grand A qui le fait rêver. Yves Morize connaît bien l’histoire de Thierry Sabine, lorsque celui-ci s’est perdu avec sa moto plusieurs jours dans le désert, lors de l’Abidjan-Nice, de Jean-Claude Bertrand. De retour à Paris, Thierry déjeune avec son copain Dominique Sauvette, pour lui raconter ses mésaventures. À table, sur la nappe en papier, Thierry dessine le continent Africain en soulignant plusieurs villes : Paris, Alger, Agadés et Dakar « Écoute bien Dominique, j’ai une envie folle d’organiser une course en Afrique qui passerait par toutes ces villes. Je ne parle pas une balade entre pote, non, non, une vraie course avec des motos, des autos et des camions, pour transporter les pièces ». Cette histoire arrive aux oreilles d’Yves Morize. C’est sans doute le départ de sa future carrière de pilote en Rallye-Raid. Sa première expérience dans le sable se fait sur le Raid Fulmen. Un Raid qui deviendra vite le marchepied d’une future grande carrière. Allez plus loin et plus vite sera, à partir de ce jour, le fer de lance du pilote qui rêve d’avoir du sable plein les bottes. Mais avant de s’élancer à bras raccourcis sur la plus dure épreuve du monde, Yves Morize part, avec une cinquantaine de distributeurs, sur le Paris-Alger-Dakar 86, car, son frère Jean-Pierre court sur cette édition.
Qui tient le bon bout, arrive à bon port.
L’équipe forme un convoi d’une dizaine de Range Rover pour partir sur Dirkou, au Niger. C’est là, qu’il fera connaissance de Mano Dayak, l’un des plus grands pisteurs du monde. Confortablement assis en haut d’une dune, Yves Morize attend le passage de son frère, et les autres Globe-trotters scrutent le passage du premier concurrent. C’est une moto qui résonne au loin, celle d’Hubert Auriol, qui d’ailleurs, s’arrête leur côté pour demander un peu d’essence, par crainte de tomber en panne avant d’arriver à bon port. Hubert avait raison de prendre les devants, car c’est bien connu, c’est toujours dans le désert qu’on casse sa pipe ou sa bouteille d’eau ! Tous pensent à la fameuse phrase de Saint Exupéry « Nous avons connu aux heures de miracle une certaine qualité des relations humaines. Là est pour nous, la vérité ». Il n’en fallait pas moins pour que le futur pilote commence à rêver des pistes ensablées, et la voûte étoilée.
À force de regarder le ciel, les étoiles lui sont tombées dessus !
La piqûre commence à faire son effet. Plus les mois passent, plus il pense à emboîter le pas de Thierry Sabine. Même son épouse Roseline le soutient et l’encourage dans ses choix, ce qui lui donne des ailes. C’est donc parti pour Momo Circus ! Rapidement, il choisit de croiser le fer avec les meilleurs de cette discipline sur le Rallye des Pharaons, du Tunisie, l’Atlas, le Portugal, 15 Paris-Dakar, le Paris-Moscou-Pékin 92 et Paris le Cap… En parallèle, il trace sa route sur le Championnat de France Tout Terrain et les six Heures d’Endurance. En pole position industrielle, il sera le premier et plus important partenaire de la première édition des 24 Heures Tout Terrain de Paris, en 1992. Épreuve qu’il remportera en 2007 sur un Buggy Fouquet BMW #18, avec deux autres pilotes : Georges Lansac, Vincent Fouquart et Philippe Létang. Quelques mois plus tard, il terminera 2e aux 24 Heures Tout Terrain du Portugal. Deux épreuves qu’il affectionne particulièrement pour son endurance.
Un quartier-maître qui tient encore la barre !
Sa grande carrière derrière lui, Yves continu à courir pour le plaisir avec ses potes aux 24 Heures du Portugal, sur le Babyboomer’s, le Rallye des Pionners, au Tour de France Auto et au Tour du Portugal…). Finalement, ce bouquetin, réputé pour son endurance, n’a jamais mis un genou à terre. Il est comme un rasoir à deux lames, d’abord, il provoque, ensuite il met son adversaire KO. Il faut dire, qu’il envoie du bois le garçon ! quand il est au volant. C’est d’ailleurs, ce que disent ses ami.e.s, de lui : Diane Sabine, René Metge, Pierre Lartigue, Georges Lansac, Reynald Privé, Marcel Morel, Gilles David, Ari Vatanen, Bernard Anquetil, Tony Georget, Daniel Royer, Jean-Clément, Éric Vigouroux, Jackot Pluchon, Yves Tartarin…
Retraite, Yves Morize ne connaît pas ce mot.
Depuis plusieurs années, Yves Morize est co-organisateur avec Gilles David, et Etienne Smulevici du déjeuner annuel des anciens pilotes et copilotes du Paris-Dakar. L’occasion pour lui de revoir les copains, et d’évoquer les anecdotes croustillantes, connues ou pas, de cette épreuve mythique. Puis, il y a la relève. Il y a quelques années, Yves a donné le relais à son neveu Yann Morize pour défendre les couleurs de la famille, et les résultats sont bien présents. Yann est devenu un pilote talentueux et chevronné. Pilote officiel dans l’écurie de Mario Andrade, Yann accumule les victoires. Vainqueur 4 fois des 24 Heures TT de France, et vainqueur 4 fois aux 24 Heures TT du Portugal. Inch allah, pour la suite.