CARTA Rallye 2024.

27 mars 2024

Vainqueur de l’édition 2023 en catégorie SSV, l’équipage # 201 Hugues Lacam / Delphine Delfino SSV Can Am X3, avait à cœur de récidiver cette année, mais aussi, avec la ferme intention de clouer au pilori les ogres du désert ! la catégorie Buggy Proto T1. À  »Cœur Vaillant », rien n’est impossible, se disait Delphine, pendant les vérifs. Forts de leur dernier succès, ils allaient sans doute faire monter les enchères ?

Pour cette 8e édition, Chris Armelin donnait donc rendez-vous aux concurrents à Debdou, ville située dans la province de Taourirt, au sud de Oujda. Plusieurs poids lourds en Buggy T1 de cette discipline étaient présents pour provoquer la horde des SSV. Parmi eux, on retrouve le proto Optimus T1 de l’équipage # 301 Vitse / Lefèvre. # 303 de Fromont / Guillaume, le Buggy 2WD # 302. Thierry Bunel / Stéphane Denecheau Buggy T1 2WD. # 304 Hamsas / Duranne et le Buggy 2WD. # 210 Della / Troyon. Côté SSV, outre l’équipage # 201, il y a l’incontournable # 202 Philippe Pinchedez et son copi Loïc Minaudier, # 217 Lallement avec Max Delfino. # 204 Pélichet / Laroque. # 203 Zosso / Zosso… Voilà pour les favoris, du moins, sur le papier. Dans la catégorie 4×4, qui aura sans doute du mal à suivre le rythme imposé par les Buggy et les SSV, quatre camions étaient présents, le # 401, # 402, # 403 et # 404. À moto, ils étaient 16 à se disputer le podium. Le Français # 102 Matthieu Severac était bien déterminé à accrocher une médaille de plus à son palmarès, mais, son proche rival, le motard Marocain # 112 Amine Echiguer, ne l’entendait pas de la même oreille ! 

C’est donc dans un typique bivouac que les concurrents se sont retrouvé pour cette édition 2024. Chacun devait dans un premier temps, passer par les incontournables vérifications techniques et administratives, avant de faire parler la poudre, sur les chemins de traverse Marocain. C’est sous un soleil radieux que les concurrents se présentaient le lendemain pour la première étape Debdou / Bouarrfa. Au menu, la traversée du plateau du Rekkam bien connu des aficionados ! Sur la ligne de départ, c’est l’Optimus T1 de Vitse / Lefèvre qui se positionne face au soleil levant. Derrière eux, le SSV Can Am de Philippe Pinchedez et Loic Minaudier, copilote de Matthieu Serradori sur le Dakar. Un SSV Can Am qui chatouille ! les 160 km/h. Intercalé entre ces deux équipages venus en découdre, le SSV de Hugues Lacam et Delphine Delfino. Non loin, # 204 Pascal Laroque et Jérôme Pélichet sur leur Can Am MMP ont aussi l’intention d’attendre le jour J pour porter l’estocade ! Quant au # 302 de Thierry Bunel, son Buggy ST Racing T1 est prêt à croiser le fer ! avec les favoris. Cette fois, c’est parti. La grande difficulté du jour était la navigation. Le directeur de course, Sébastien Delaunay avait prévenu tout le monde « Soyez vigilants, car la nav sera pointu sur cette première ES1, comme vous pourrez l’être au volant de votre véhicule ». La messe est dite ! Malgré un rythme soutenu par les T1, l’équipage # 201 Lacam / Delfino termine à la 5e place. Cette contre-performance est due à un bug de la tablette de la copilote. Parfois, on aimerait bien revenir au Road-Book traditionnel, papier. Qu’à cela ne tienne, Dephine Delfino navigue comme un vrai marin qui affronte une mer déchaînée, prête à engloutir les moussaillons qui s’aventurent trop loin de la terre ferme ! L’équipage # 205 SSV Vento / Ruiz remporte, cette ES1.

Sur l’ES2, c’est une boucle autour de Bouarfa avec un tracé est magnifique. Les pistes longent une voie ferrée désaffectée qui se dirige vers l’Algérie. Le danger se trouve au sol. Effectivement, après le démantèlement de la voie, les ouvriers ont laissé des traverses de ferraille sous le sable ocre. Puis, ils descendent dans un cayon jonché d’anciennes poutres, en bois. En dehors, de ces obstacles surprenants, c’est une spéciale relativement roulante pour l’ensemble de la caravane. L’équipage # 201 SSV de Lacam / Delphino remporte cette ES2, devant # 202 Pinchedez et le # 204 Pélichet. Il y a des jours, quand ça veut pas, ça veut pas. Coup de théâtre, l’un des favoris, le # 301 Buggy Proto Optimus T1 de Vitse / Lefèvre casse sa courroie, ce qui entraîne une grosse fuite d’huile. La sentence est sans appel, puisque la pièce de rechange n’arrivera que le surlendemain. S’en est terminé pour le podium.

ES3. Les concurrents prennent la direction des dunes de Merzouga, en passant par l’Erg Chebbi. Sablier, nous voilà ! Le passage le plus redouté pour tout le monde était la traversée des 20 kms de vagues de sable, plus hautes les unes que les autres. Puis, les pilotes devaient emprunter la fameuse piste rocailleuse et étroite ‘’Citroën’’, bien connue des pisteurs. Sur le plateau, les concurrents doubles par hasard deux cents Fiat Panda échappées du Zoo de Beauval ! qui rejoignaient leur couchage aux pieds des dunes de Merzouga. L’équipage SSV # 201 Lacam / Delfino s’empare de cette spéciale, devant l’équipage Pélichet / Larroque, et Pinchedez / Minaudier.

ES4. Une boucle entre Merzouga et Erfoud, passant par les pistes de la Cité D’Orion et l’Escalier Céleste. Si le tracé du jour ne révélait pas de grande difficulté, les successions de changement de caps s’annonçaient usants pour les pilotes, mais aussi des plus motivantes pour déclarer la guerre sur ce terrain propice, aux meilleures lames ! Des pistes très roulantes, néanmoins dangereuses. C’est d’ailleurs sur ces pistes très rapides et entrelacées que les usines viennent s’entraîner avant les grandes épreuves internationales. À cet endroit, la moindre erreur de cap peut être fatale. Au milieu d’un tourbillon de poussière ocre, c’est très exactement ce qui est arrivé à Delphine Delfino. Un moment d’inattention d’une fraction de seconde et le SSV Can Am # 201, fait 12 kms de trop, en hors-pistes ! Preuve que si cette spécialiste du désert s’est laissée prendre au piège, c’est que ça roulait vite, très très vite. Pendant ce temps, le SSV # 202 de Pinchedez / Minaudier était remonté comme un coucou ! Entre les trois leaders, c’est la réponse du berger à la bergère, tous les jours. Remis sur pied, le Buggy Proto Optimus # 301 de Viste / Lefèvre signe sa première victoire de la semaine.

ES5. Dès l’aube, le pilote Thierry Bunel avait décidé de rester en embuscade à quelques encablures, au cas où. La caravane quitte Merzouga pour rejoindre un nouveau terrain de jeu, du côté de M’hamid, en passant sur le grand plateau de la pass de Mharech. En endroit du désert où les pilotes les plus rapides pouvaient lâcher les chevaux ! Dans cette longue ligne droite, la chasse à l’homme était ouverte. Les premiers de la classe ! partent le couteau entre les dents sur ce grand plateau. Mais, coup de théâtre, sur les nombreuses pistes parallèles, le SSV # 202 de Pinchedez bondi, tel un bouquetin en colère ! puis il s’arrête brutalement à cause de la casse de sa barre stabilisatrice, en pleine tempête de sable qui effaçait les pistes drapées de sable ocre. Du coup, le malheur des uns, faisant le bonheur des autres, motivé et déterminé, Hugues Lacam enfile ses semelles de plomb et file à tombeau ouvert ! vers la ligne d’arrivée, juste derrière le Buggy Optimus # 301 de Vitse, qui lui remporte sa deuxième victoire de la semaine.

ES6 : Deux spéciales. Une de jour et une de nuit. Depuis deux jours, le proto Optimus T1 # 301 a l’avantage d’ouvrir la piste sans la poussière des autres concurrents. Au départ, on sent bien que le concours de grimaces a commencé sur cette avant-dernière étape. Les traits des visages sont de plus en plus tendus, d’autant que la journée allait être longue et fatigante. Direction les dunes de Cheggaga. Un morceau de dessert, avant le fromage ! Le tracé est très technique, ce qui ne laissera personne, indifférent. C’est donc une navigation au cap ou toutes les traces avaient été balayées par la tempête de la veille. Debout sur leur moto, les motards s’en donnaient à cœur joie dans cette immensité de sable fin. Ils attaquent les dunes de face sans se poser de question. Fallait-il que la mer de sable soit pénible pour qu’ils veulent tous battre des records de vitesse de traversée, comme sur le ‘’Vent des Globes’’. En revanche, à cet endroit, on constate que les 4×4 ressemblaient plus à des chaloupes, qu’à des autos.

Finalement, tout le monde rentrera au bercail, avant de repartir pour la spéciale de nuit. L’Optimus # 301 Viste / Lefèvre remporte cette ES6, du jour. Force est de constater que la nuit tombe vite dans ces endroits reculés. À peine le temps de siroter une menthe à l’eau au bord de la piscine, la caravane devait repartir sur la deuxième ES6, mais cette fois, de nuit. C’est là que rentre en scène la Sté Lazer. Plein phare sur une piste invisible drapée de poussière envahissante. Sur la ligne de départ, on retrouve le MD Optimus de l’équipage # 301 Vitse / Lefèvre. Derrière eux à la queue leu-leu, il y a une artillerie navale qui ressemble à une marmotte mal réveillée ! Dans les habitacles, les copilotes surnommés les ‘’Timoniers’’, sont ceux qui tiennent la barre, genres de vigies aux yeux de chats, qui guettent les alentours dans les ténèbres. Ohé, ohé du bateau et moussaillons du diable, nous arrivons ! Ce soir, le vieux loup de mer Thierry Bunel est prêt à en découdre pour passer à l’abordage, en compagnie de son quartier maître, le copilote Stéphane Denecheau, pendant que d’autres brebis égarées font du tournicoti – tournicoton ! La puissance a encore frappé, puisque l’Optimus # 301 remporte cette douce nuit, devant Lacam / Delfino, et Bunel / Denecheau. Thierry Bunel « Cette nuit, j’ai ouvert en grand !, malgré la poussière »

Clap de fin

Ultime ES7.  Même si les dés sont jetés sur le tapis, il n’en reste pas moins qu’il faille passer la ligne d’arrivée, pour soulever la Coupe. Comme sur le Dakar ou l’Africa Eco Race, la dernière étape est souvent une formalité. Mais, comment ne pas avoir une pensée pour René Metge, lorsqu’il disait « Ce n’est qu’à la fin du bal, qu’on paye les musiciens ! ». Cette ultime spéciale contraste avec la première étape. Moins fougueux, plus vigilants et plus respectueux de leur machine, tous les équipages écoutent leur moteur avant de s’élancer une dernière fois sur ces cordons entourés d’un précieux métal, de Nickel. Les uns derrière les autres, dans l’habitacle, les pilotes et copilotes étaient aussi tendus que leurs amortisseurs ! La peur de casser ou de faire une pirouette dans la dernière ligne droite est dans tous les esprits. C’est humain, car parfois, les rêves peuvent se transformer en cauchemar en quelques secondes. Sauf coup de Trafalgar ! l’équipage # 201 Hugues Lacam / Delphine Delfino devrait logiquement monter sur la plus haute marche du podium. Silence on tourne, lumière, caméra et portable à la main, pour enregistrer le départ des premiers de la classe ! Au coup de clairon, ils partent comme un boulet de canon ! La question que tout le monde se pose « Auront-ils assez d’essence dans le moteur pour tenir la cadence jusqu’à l’arrivée ? » Malgré un petit plantage en haut d’une crête, Hugues et Delphine terminent sans encombre cette ES7. Delphine Delfino « Je reconnais que sur cette édition, l’examen a toujours été permanant et la remise en question, était totale ». C’est donc pour eux un ouf de soulagement, avec le sentiment du travail accompli. Quant au pari de l’organisateur, Chris Armelin, il transforme tous les rescapés en vainqueur. Thierry Bunel « Le tracé était magnifique. Je pensais bien connaître le Maroc, mais, Sébastien nous a fait découvrir des endroits inconnus ».  

Classement général :

1 – # 201 Lacam/Delfino SSV Can Am 

2 – # 202 Pinchedez/Minaudier SSV Can Am

3 – # 203 Zosso/Zosso SSV Can Am

4 – # 302 Bunel/Denecheau Buggy 2WD

5 – # 217 Lallement/Max Delfino SSV Can Am

En catégorie moto, c’est # 112 Amine Echiguer qui monte sur la plus haute marche du podium. Dans la catégorie camion, le # 403 Vitse / Liefooghe, et en 4×4 Historic # 306 Amorim / Deraeve.

Auteur : Gilles David (gd.redaction@orange.fr) – Crédit photos : Anton Anestiev. Actiongraphers

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