Parmi les concurrents des 9 Heures yout-Terrain de Santerre, il y avait le pilote un double titre. Il s’agit de Roger Audas, un homme qui fait face à tous les défis !
Vous l’avez sans doute déjà croisé sur les pistes, sur les chemins de traverse ou dans la société civile ? Très jeune, Roger Audas entame sa carrière professionnelle avec l’objectif d’enfoncer les portes ! Rapidement, il devient PDG de la société Épomine qu’il a fondée en… Grâce à son expérience professionnelle acquise, il est élu à la Chambre de Commerce et d’Industrie. Au sein de cette institution, on lui confie la présidence de la commission des finances des infrastructures. Son intérêt pour le monde de l’entrepreneuriat devient un atout pour lui, dans différents domaines. Puis, il est nommé Juge auprès du Tribunal de Commerce et d’Industrie (TCI), où il siégera des années.


Sportif dans l’âme, Roger se lance dans le sport extrême et part à la conquête avec quatre copains à l’assaut du Kilimandjaro à 5 965 m d’altitude. À cette période, les cinq compères affrontent du – 40° au sommet. Mais cela ne lui suffit pas, il a encore des fourmis dans les jambes ! Il décide donc de partir à moto dans l’Himalaya avec son fils Benjamin pour atteindre le col mythique réputé le plus haut du monde, situé à 18 849 ft d’altitude à son point culminant de l’Everest. Une performance qui force le respect de sa famille et de tous ses amis. Inépuisable, Roger se lance dans l’aéronautique et passe son brevet de pilote d’avion et d’hélicoptère. Les deux brevets en poche, il part découvrir d’autres horizons et d’autres civilisations à travers le monde (déserts, forêts tropicales…). En règle générale, Roger veille à analyser les obstacles et tous les dangers, de la même manière que dans le vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry.

Une situation où l’examen est permanent, où la remise en question est totale, car le hasard n’a pas sa place dans ce milieu. Pour assouvir sa passion pour l’aéronautique, il vole des jours et des jours en hélicoptère avec toujours le même souffle de vie au-dessus du Sahara. Le ballet incessant du Sirocco l’accompagne dans le ciel avec ses bourrasques et ses tourbillons qui drapent le sol. Tout le monde sait qu’un pilote d’hélicoptère est toujours précis et clair dans ses gestes et ses paroles. Il doit aussi être mesuré et droit dans toutes ses décisions. En effet, un commandant de bord est unique en son genre, il ne correspond pas à une estimation grossière ou à une prise de décision aléatoire, ni à l’approximation, ni à la pifométrie ! face aux vents contraires et au mouvement de pendule, le commandant Audas est juste dans tout ce qu’il entreprend, que ce soit dans l’aéronautique, dans le sport automobile ou dans le monde du travail. De retour à Orléans, Roger fait la connaissance de plusieurs grands pilotes automobiles qui lui proposent dans un premier temps de courir sur le Championnat de France d’Endurance, et plus tard en Rallye-Raid : Sur le Rallye du Maroc, le Rallye de Tunisie, le Rallye des Pharaons, du Portugal…, mais aussi, sur dix Dakar. En 2021, avec son Ami Franck Maldonado copilote, sur le Dakar, Roger est le doyen de l’épreuve. Il récidive en 2023 avec Patrick Prot sur un Buggy proto.

Rallye des Pharaons

Mais à la suite d’un accident sur le Rallye du Maroc en 2023, Roger reste en convalescence deux années complètes, en regardant les copains partir à l’assaut du désert. Tel un conquistador, inlassable et ambitieux du haut de ses 78 bougies, il est aujourd’hui dans les starkings blocks pour revenir à ses premiers amours, et de nouveau participer au Championnat de France d’Endurance Tout-Terrain sur un Toyota KDJ 120, T2, avec le Team Etruscan Racing. D’après Roger, l’âge n’est pas un obstacle, puisqu’il considère que c’est dans la tête que tout se passe.



Il est indiscutable que le vieillissement peut présenter des aspects monotones, mais il demeure le seul moyen confirmé d’accroître la durée de vie. Ce Capitaine de vaisseau sait aussi que vous commencez à vous rendre compte que vous prenez de l’âge, c’est lorsque les bougies coûtent plus cher que le gâteau ! En attendant, retrouvons Roger Audas à Santerre à bord d’un Toyota KDJ 120 T2 # 303, pour son retour en compétition.

Place à la course. Nous voilà maintenant aux 9 heures Tout-Terrain de Santerre. La première épreuve du Championnat de France, organisée par le Team Bouts. Le vendredi 11 mai était consacré aux incontournables vérifications administratives et techniques. Dès le samedi matin, le programme de la jounée commençait par les séances d’essais chronométrés de 10h00 à 11h30. Puis, les choses sérieuses s’accéléraient avec les tours qualificatifs de 12h00 à 13h00, pour définir la grille de départ. Si le soleil était bleu azur, le vent devenait redoutable pour la visibilité, puisque tous les pilotes qui pratiquent le Tout-Terrain savent que l’ennemi numéro un, c’est la poussière. Sur le circuit, ça ventile de plus en plus, mais, au diable Vauvert et branle-bas de combat ! Tous les véhicules sortent des stands le couteau entre les dents, pour s’emparer du détroit de Magellan ! Autrement dit, pour se retrouver en première ligne.


C’est logique dans un contexte où la poussière drape le sol et se soulève, il est important de se retrouver en première ligne. À l’issue de ces essais qualificatifs, le Fouquet Nissan # 111 d’Arnaud Euvrad / Antoine Kielwasser s’empare du meilleur temps 3 :59.010. En deuxième position, on trouve le # 510 de l’équipage Benjamin Favre/ Jedidia Favre SSV MMP 3:59.453. La troisième marche revient à l’équipage # 543 de Thibaud Darroux / Damien Peris / Sébastien Dupouy. SSV MMP 3:59.719. Les trois sont dans un mouchoir de poche. Le décor est planté !



De retour aux stands, ça grogne, ça discute et ça propose. ‘’Les Chevaliers de la Table Ronde’’ se concertent pour qu’une solution soit trouvée rapidement afin d’atténuer le manque de visibilité « La poussière devient trop dangereuse, nous n’avons pas l’intention de repartir dans ces conditions ». Tout le monde va dans la même direction, y compris le collège des commissaires. Finalement, le collège convoque les équipages pour trouver une solution équitable, sans que le règlement de la FFSA soit détourné. Après moult échanges cordiaux et respectueux, le collège dirigé par Sylvain Omnes décide de reporter le départ des trois heures, le temps d’arroser la piste en abondance, tout en précisant que s’il y avait le moindre danger, le drapeau rouge serait utilisé après deux tours de course. Autrement dit, l’arrêt obligatoire pour tous les concurrents.

Antoine Galand # 59 « Sincèrement, je préfère qu’on roule que demain pour 6 heures de course. Dans l’état actuel, il y a une prise de risques trop importante, sachant que le médecin de service doit quitter son poste à 18h30. Je suis venu pour me faire plaisir, pas pour prendre des risques inconsidérés. Ce matin, j’ai évité la catastrophe, j’avais l’impression de rouler les yeux bandés. Si je vois qu’après une heure de course la visibilité ne s’améliore pas, je fais rentrer le véhicule au stand ». # 513 Pascal Rollet Can Am T3/FIA « Avoir repoussé le départ à 18h00, c’est une bonne décision. Mais, si je vois que c’est trop dangereux, je rentre au stand et tant pis pour les points du championnat ». Franck Cuisinier # 304 Toyota KZJ 90 T2 du Team Esquieu, est un pilote qui collection les victoires : 4 fois champions de France et vainqueur des 24 Heures TT du Portugal « C’est une sage décision. Il ne faut pas mettre la sécurité des pilotes en danger, appliquons l’article de la FFSA. Il est écrit : Arrêt au drapeau rouge, si la sécurité n’est plus assurée, et au maximum après 1h15 de course, conformément à la convention médicale de l’organisateur, c’est l’interruption de la course, en application de l’article : 7.3.1.4.1 »

Tout le monde sait, que l’ennemi numéro un dans cette discipline, c’est la poussière. Donc, une heure avant le départ, les pilotes savent maintenant que cette première partie de la course pourrait s’arrêter à tout moment. L’équipage # 201 Moncé de Kevin et Daniel Seillier s’annonce comme non-partant. La boîte de vitesses les abandonne à leur sort. Le départ est donc donné à 18h00 tapante. L’arroseur, arrosé ! Malgré un arrosage abondant, c’est sous un nuage de poussière que la chevauchée s’élance à bras raccourcis sur le premier gauche. En une fraction de seconde, la poussière engloutit les écoutilles de cette horde survoltée prête à tout pour monter sur le Podium. Le premier à payer la facture, c’est le SSV # 540 d’Hervé Crevecoeur qui, malheureusement, part en tonneau après deux km de roulage, sous les yeux ébahit des spectateurs.


Même punition pour le SSV # 571 MMP de Favre Loïc qui se retrouve sur le côté pour admirer la belle campagne de la Somme ! Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas. Comme prévu, avant que les choses s’enveniment, la direction de course sort le drapeau rouge après le deuxième tour pour neutraliser la course et éviter une catastrophe annoncée. Par conséquent, la compétition est neutralisée pour des raisons de sécurité. Tous les temps sont pris en compte à cet instant. Aussitôt dit, aussitôt fait, tout le monde rentre au stand un peu frustré, mais tout de même rassuré. Le plus rapide sur ces deux petits tours de manège ! est le Buggy Nissan # 111 d’Arnaud Euvrard / Antoine Kielwasser.



Puisque la nuit porte conseil, dans la nuit du 10 au 11, les arroseuses ouvrent le bal toute la nuit. Dimanche 11. Il est 7 heures 30 du matin, Flaucourt se réveille avec les premiers rayons de soleil. Dans le stand de Pikatchou Toyota T2 # 304, ça sent bon le petit café « grand-mère » et les croissants chauds. À voir la bonne humeur qui règne dans les stands, on constate que les pilotes ont oublié le contretemps de la veille. Finalement, comme au bon vieux temps, cette course revient à ses amours, sur six heures. À 9h30, toute la caravane se présente pour la mise en grille. Devant elle, une foule de spectateurs se précipitent aux abords de la piste pour savourer le balancier du pendule, tic, tac… Dans les habitacles, les concurrents écoutent le bruit de leur moteur qui se prolonge en eux comme une vibration d’angoisse et de joie, avant de pouvoir mettre le pied sur le champignon. Contrairement à hier, la piste est bien détrempée, la poussière n’est plus qu’un mauvais souvenir. 10h00.



Top départ, Vrooommm, vrooommm, tayo, tayo… les deux premiers partent comme des balles à l’assaut de l’Everest ! Malheureusement après quelques centaines de mètres, le Buggy Nissan # 111 d’Euvrard qui était mal chaussé pour aborder cette piste glissante à souhait, finit par laisser passer le SSV Polaris # 528 de Xavier de Soultrait. Sans en perdre une miette, le véhicule bondit sur sa proie en le déposant à la vitesse d’un TGV ! Il envoie du bois le garçon ! d’ailleurs, depuis hier, on sentait bien qu’il avait des fourmis dans les pieds. Renvoyé aux calendes grecques, le puissant buggy Nissan # 111 d’Arnaud Euvrard se retrouve derrière une dizaine de SSV enragés. La horde sauvage contrôle maintenant la course et devient maîtresse des horloges.



Si, dès la première heure de course, les SSV dominent l’épreuve, les 4×4 traditionnels font bonne figure. Moins rapides que les autres petites bêtes ! ils sont surtout présents à Santerre pour se faire plaisir. Certes tout le monde ne court pas dans la même catégorie, mais, peu importe le flacon, l’important, c’est d’avoir l’ivresse ! En fait, ce sont des petits gars courageux et ténébreux qui ne font pas partie des grosses écuries, ceux qui n’ont pas de gros moyens, mais qui ont du cœur au ventre. À l’image du Team de Pierre Wanlauw qui fait honneur à cette disciple avec son Désert Warrior Dakar # 4 « Je suis venu à Santerre pour me faire plaisir, pas pour me mettre la rate au court-bouillon ! et vlan ».

Maintenant, entre les buggys et les 4×4, la guerre est déclarée. C’est œil pour œil, dent pour dent. Finalement, ils ne lâchent rien, sauf les freins ! Malgré les critiques sulfureuses de l’état du terrain qui était soi-disant trop poussiéreux, trop dur, trop piégeur… Il ne faut pas oublier que c’est du Terrain et qu’il faut parfois s’adapter au changement climatique. Mais, quand l’odyssée mécanique se transforme en parcours magique au milieu d’une nature vierge, et hostile pour les pilotes, force est de constater que la compétition automobile Tout-Terrain reste d’une authenticité redoutable.



Après deux heures de course, les trois SSV FIA : Favre # 571, De Soultrait # 528 et Salvatore 516, tiennent la dragée aux autres concurrents. Toujours à la pointe de la technologie depuis plusieurs années, ces petits engins représentent la robustesse de Besançon et la finition suisse qui est régulièrement à la recherche de la solidité et de la vitesse de pointe. Mais attention, dans cette discipline du tout-terrain, une fraction de seconde d’inattention suffit pour perdre le contrôle de ce genre de véhicule plus léger, pour que votre adversaire de la catégorie plus lourde vous assène à la régulière, un coup fatal.

Dès lors, les spectateurs venus nombreux assistent à un combat de coqs dont certains allaient peut-être y laisser des plumes ? Bien entendu, les cadors de cette discipline s’illustraient, mais, il était possible qu’un débutant bien inspiré vienne contre carrer les ambitions des premiers de la classe ! À l’image du SSV Can Am # 513 de Luca Crosse, pour qui c’était le baptême du feu.


Côté 4×4, bien parti depuis le début de la course, le Toyota # 304 de d’Emmanuel Esquieu / Pierre Yves Debuisne / Franck Cuisinier rentre au stand avec la crémaillère de direction cassée. En deux ou trois mouvements, l’équipe de mécanos se jette sous le véhicule et change les pièces en un temps record. Même les filles du pilote Pierre Yves Debuisne mettent la main à la patte.

« Regarde un peu, ces nanas-là, elles sont terribles ! » C’est comme la valise RTL ! Ça ne rigole pas dans l’équipe du Team Adonf Médoc. Marie-Lou et Marie-Amélie ne craignent pas de mettre les mains dans le cambouis pour aider Sabil l’un des mécanos du Team. Pendant ce temps, le chef Cyril de la brigade des cuisines met les petits plats dans les grands pour remonter le moral des troupes ! Haut les cœurs. Après des petits ennuis de glissades, de braquages et de contre-braquages, le Toyota KDJ 120 # 303 de Beurrois / Doffin / Audas, se repositionne en milieu de plateau tout en restant deuxième de la catégorie T2. Dans les stands, c’est le manège enchanté. Les spectateurs voient défiler des allers et retour au rythme d’une valse à trois temps. Il est rentré par ici, il rentrera par-là ! Vers 15h00, alors en tête de la catégorie T2, le Mitsubishi Pajero # 336 de Luc Bertet, rentre au stand à la ficelle. C’est le coup de grâce, ko debout, l’équipage encaisse la loi de Murphy « il y avait une infime chance que cela arrive, et pourtant, c’est arrivé ».


Le malheur des uns fait le bonheur des autres, Roger Audas # 303 en profite pour accélérer et s’empare de la tête de cette catégorie 4×4, avant de passer la main à Lucas Beurois pour passer la ligne d’arrivée. C’est la lutte finale et un retour gagnant pour l’ami Roger Audas.


Comme les ventres affamés n’ont pas d’oreilles, les carabistouilles continuent sur la piste. Il reste 45 minutes de course. Devant, les trois aficionados se touchent à fleuret moucheté avant d’engager l’ultime bataille dans les cinq dernières minutes. « Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! ». Le drapeau à damiers vole au grè du vent et annonce la fin des hostilités. Classement général Podium : 1 # 510 Favre Benjamin / Favre Jedidia. MMP T3 FIA. 2 # 516 Salvatore Tony / Fournier Alexandre / Fournier Antoine. Can Am Maverick T3 FIA. 3 # 540 Crevecoeur Hervé / Levillain Sébastien / Crevecoeur Maxime. Polaris RZR FIA. L’équipage # 303 Beurois Lucas / Doffin Appoline / Audas Roger s’empare de la catégorie T2 sur un Toyota KDJ 120.

Bien entendu, il y aura une revanche sur le circuit d’Olivet à Orléans, les 27, 28 et 29 juin, pour la seconde épreuve du Championnat de France 2025. Auteur: Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos : Jacques Devismes (jacques.devisme@orange.fr)