24 Heures du Mans et Champigny-sur-Marne.

27 novembre 2025
Charles Deutsch et René Bonnet (ici au centre) ont enchaîné les victoires et les records du monde avec leurs voitures de course.

C’est l’histoire de deux mecs ! En 1932, deux personnages vont se rencontrer à Champigny-sur-Marne (94), pour partager leur passion du sport automobile. Il s’agit de Charles Deutsch polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, et René Bonnet, pilote et mécanicien motoriste.

Au printemps 1938, Deutsch décide de travailler sur une voiture fermée à l’aérodynamisme. Il dessine le coupé D.B2 très profilé qu’il inscrit aux 12 Heures de Paris, en septembre 1939. Mais, la déclaration de guerre le 3 septembre 1939 interrompt la carrière de cette voiture.

Après la guerre, il rencontre René Bonnet avec qui, il partage cette envie folle de faire de la compétition automobile. Après quelques d’échanges, la fusion d’un intellectuel et d’un mécanicien hors pair vont faire des éclats sur toutes les grandes épreuves automobiles, à travers la France puis, à l’international. C’est dans ce petit garage de Champigny installé Ave du Général-de-Gaulle qu’ils vont tous les deux mettre leur talent en commun pour fabriquer des voitures de course.

Les deux compères poursuivent le développement dans deux directions : La  »compétition » avec une barquette 2 litres, dérivée de la D.B6 de 1947, et la catégorie  » sport  » avec une barquette D.B7 1,5 litre perfectionné, capable d’atteindre 185 km/h. L’entreprise de Champigny-sur-Marne emploie alors une dizaine de salariés qui travaillent en étroite collaboration avec leurs deux patrons. L’atelier D.B est d’une surface de 500 m², puis il passera rapidement à 800 m², avec de nombreuses machines-outils. Une affaire de famille, puisque l’administratif est assuré par Mme Billie Bonnet.

Après quelques années de travail et de réflexions, les deux compères sortent leur première voiture de course dénommée (D.B) Deutsch & Bonnet ». On retrouve rapidement la D.B dès 1938 sur les plus grands circuits, entre autres, aux 12 Heures de Paris, à Montlhéry. Leurs huit premières voitures qui sortent du petit garage, sont des véhicules équipés d’une traction avant avec un moteur Citroën 1500 CC de 2 L.

C’est en 1945 qu’ils créent la société D.B. pour produire des voitures de course. S’ensuit un long parcours avec de plus en plus de succès. Entre le Rallye de Monte-Carlo, les 24 Heures du Mans, jusqu’aux 12 Heures de Sebring.

Toujours à la recherche des performances, en 1950, ils installent sur leur monoplace entièrement en aluminium le moteur Panhard, refroidi par air. Le petit garage du Val-de-Marne devient rapidement le centre de recherche du sport automobile Français. Les plus grands constructeurs viennent de partout pour voir le travail et leurs voitures de course. L’association de l’ingénieur et de l’ingénieux fera des éclats sur les circuits sur plus de vingt ans, avec mille victoires et 51 records du monde. La D.B s’impose dans différentes courses internationales, et tout particulièrement aux 24 Heures du Mans de la saison 1953 et 1954.

C’est là qu’ils croisent des cadors de la discipline qui passent tous leurs week-ends à croiser le fer : Maurice Trintignant, Charles de Cortanze, Nina Farina, Just-Emile Vernet, Jacques Poch, Ducan Hamilton, Pater-Max Muller, Pierre Veyron, José Frolian Gonzalez, Harry Schell, Charles Pozzi, David Clarke, Jacques Fairman, John Gordon Benett, Pierre et Roger Chancel, Hans Hermann, Gianni et Paolo Marzotto, Louis Rosier, Brggy Cunningham… Côté marques, les plus grandes étaient présentes : Gordini, Peugeot, Talbot, Allard, Ferrari, Porsche, Jaguar, Alfa Roméo, Fiat, Bristol, Cunningham, Austin, Healey, Renault, Lancia, Aston-Martin, Bristol, Borgnard.

Aux 24 Heures du Mans de 1953, l’équipage (FR) André Moynet et André Bonnet # 57 s’engage sur une D.B Panhard avec un moteur bicylindre à plat de 750 cc .

Sur la ligne de départ, tous les yeux sont rivés sur cette petite écurie du Val-de-Marne. C’est donc avec un petit budget, mais avec beaucoup d’ambitions qu’ils espèrent briller sur la plus grande épreuve automobile du monde. 24 Heures après, l’équipage Français termine à la 17ᵉ place au classement général et 1er de la classe 501 à 750 cc. Ils ont parcouru une distance de 3 192,010 km, sur 236 tours.

En 1954, René Bonnet et Charles Deutsch présentent leur nouvelle D.B HBR4 et HBR5, équipée d’un moteur Panhard, au Salon de l’Automobile. 300 véhicules seront vendus et fabriqués dans le petit garage de Champigny. En 1954, malgré leur petit budget, l’écurie D.B s’inscrit sur différentes épreuves (Mille Milles en Italie, Sebring, Tourist-Trophy en Irlande, Nürburgring en Allemagne…)

Le succès est toujours au rendez-vous. Sur les 24 Heures du Mans de 1954, René Bonnet engage sa D.B Panhard F2 # 57 avec un nouveau pilote, le sieur Éli Bayol. Encore une fois, elle avait fière allure cette voiture de course. La nouveauté de cette édition des 24 Heures du Mans, c’est la première retransmission en direct à la télévision. Avec deux caméras installées, les téléspectateurs allaient enfin pouvoir suivre en direct le passage des bolides à l’entrée du virage  »Terte Rouge » et l’autre, à la passerelle  »Dunlop ». Une prouesse pour l’époque, en noir et blanc !

Leur labeur portera ses fruits, car l’équipage D.B. #57 a terminé l’épreuve à la dixième place du classement général et en première position dans la catégorie des moteurs de 501 à 750 cm³. Ils ont parcouru 3 232,52 km, sur 239 tours. Vitesse retenue maximum 191 km/h. Ils auront parcouru 3 232,52 km, sur 239 tours. Vitesse retenue maximum 191 km/h. D’autres très beaux résultats viennent conforter la belle dynamique de l’écurie D.B. Elle devient la seule équipe française à courir sur les circuits du monde entier.

Mais après avoir construit 900 voitures et parcouru tous les circuits, Charles Deutsh et René Bonnet se séparent, en 1961. Comme Amédée Gordini qui avait arrêté la compétition en 1956, René Bonnet se plaint du manque de soutien des pouvoirs publics envers la course automobile, qui porte les couleurs de la France. Charles Deutsch restera avec Panhard par la fabrication de la CD. Ensuite, il crée la SRA (Sté d’études et de réalisations automobiles) où il alignera sur plusieurs années le dernier modèle aux 24 Heures du Mans, sous le nom de CD avec le moteur Panhard, puis Peugeot. Ensuite, son bureau d’études spécialisé dans l’aérodynamisme travaillera, avec Porsche et Ligier. En fin de carrière, le polytechnicien Charles Deutsch sera nommé directeur de course aux 24 Heures du Mans.

René Bonnet repart à Romorantin pour y créer une nouvelle marque portant son nom. Une voiture de course avec un moteur Renault pour le Mans, puis le cabriolet Missille et l’aérodjet René Bonnet. En 1964, Matra commercialise le Djet sous le nom de Matra-Bonnet, puis devient Matra Sport.

Pour honorer le travail accompli durant toutes ces années, l’association  »Amicale D.B » avait organisé en présence des deux familles une manifestation à Champigny-sur-Marne le 15 novembre dernier à une exposition didactique dans la salle Jean-Morlet. Pour l’occasion, plusieurs modèles de la marque D.B étaient en exposition pour le plus grand bonheur des passionnés.

Le maire de la commune, Monsieur Laurent Jeanne et le président de l’Amicale ont rendu un hommage appuyé devant les Campinois, venus nombreux pour assister à l’installation d’une plaque commémorative fixée sur le mur d’un immeuble de l’Ave du Général-de-Gaulle, ou était installé le garage  »Deutsch & Bonnet ».

Auteur. Gilles David. Crédits photos : Archives de l’Amicale D.B

Derniers articles

La Route des Légendes 2025

Mistral gagnant sur la Place Saint-Louis, à Versailles. Vendredi 26 septembre. La commune de Versailles avait perdu l’habitude de donner le départ du Paris-Dakar. Depuis ce matin, c’est une chose rétablie puisque les participants de la deuxième édition de la Route des…

Exposition Dakar Légend. Force 2

Avis à la population ! Oyez, Oyez, braves gens, troubadours, entrez dans la légende. Fort du succès de la première édition 2023 haute en couleur, il y aura comme un air d’antan à Villiers sur Orge, les 5 et 6 octobre prochain pour…

1950. Rallye Méditerranée – Le Cap

Tout le monde pensait que la première course en Rallye-Raid datait de 1975, or il n’en n’est rien. Ce n’est donc pas l’Abidjan Nice de Jean-Claude Bertrand, ni le Paris-Alger-Dakar de Thierry Sabine qui ont eu l’idée d’organiser un Rallye en Afrique.…

À voir aussi

30ème édition du Rallye Breslau

Alexander Kovatchev avait prévenu que cette 30e édition serait fantastique…

2e Dakar Légend. Pierre Lartigue présent le 5 et 6 octobre à Villiers Sur Orge.

C’est confirmé. Le quadruple Champion du Monde des Rallyes Tout-Terrain…

Championnat de France Tout-Terrain d’Endurance. 9 heures de course sans merci !

Les 29 et 30 juin dernier, s’est déroulé la deuxième…

Raid Maroc Duster Défi. Du 20 au 25 octobre.

Vous l’avez sans doute croisé sur les plus grandes épreuves…

Rallye Raid Paris-Moscou-Pékin 1992

Paris-Dakar. Ils ont bravé les barrages !

Le septième déjeuner annuel des anciens pilotes et copilotes du…

Méhari, quand tu nous tiens !

1e Raid Méhari 2 CV Of Morocco. Du 4 novembre…

Le Cap-Alger 1985. Une expédition, hors du commun.

C’est une aventure qui commence par hasard. Nicolas Hulot croise…

Raid Babyboomer’s 2023, du 16 mai au 25 mai.

Après la disparition tragique de Yann Duffillot en 2022, tout…

Carta Rallye 2025. Du 14 au 20 avril 2025

Une 9e édition qui a tenue toutes ses promesses. D’un…