Dimanche 20 juillet avait lieu la 18e édition de la Traversée de Paris. Un évènement incontournable pour des centaines de passionnés de belles mécaniques. Ils étaient 977 véhicules, représentés par une douzaine de nations, à prendre le départ sur le Parvis du Château de Vincennes, dès 7h30. Le Road Book de 16 pages sur les genoux, ils étaient prêts à s’élancer à bras raccourcis sur les 30 km d’un parcours dessiné par les organisateurs. Gros grain ou petit grain, qu’à cela ne tienne, top départ.



Si le Tour de France attire toujours plus de monde, la Traversée de Paris n’a pas à rougir de son succès auprès de Parisiens. Malgré la pluie qui accompagnait les premiers de cordée, les badauds se pressaient pour voir passer la caravane aux quatre coins de Paris. Comme sur le départ des Paris-Alger-Dakar, les curieux se positionnent aux feux rouges pour prendre le temps d’admirer tous ces véhicules d’époques habillés de leurs plus beaux habits de soirée ! Moteurs rutilants, carrosseries astiquées, rétroviseurs policher et jantes miroirs, c’est donc une immense caravane de véhicules d’exceptions qui faisaient le bonheur de Patrick Gomez, président de l’association ‘’Vincennes en Anciennes’’.



Pour la balade des gens heureux, le premier tronçon était le passage du bois de Vincennes, la rive gauche, puis la traversée du bois de Boulogne pour admirer les monuments les plus emblématiques de la capitale : manufacture des Gobelins, Notre-Dame, l’Institut de France, Monnaie de Paris, les Invalides, l’église russe de la Sainte-Trinité, la tour Eiffel et l’Arc de Triomphe.

Les Parisiens avaient la chance de voir passer la doyenne de la caravane. Une Ford R de 1907 venue de Suisse, suivie par une de Dion Bouton de 1913. Très remarqué, le mini-bus Latil JB de 1928 des voyages excursions Pullman, la Renault Monaquatre de 1933, et le bus Saviem de 1970 fraîchement restauré par la Fédération Française des Véhicules d’Époque. Sanns oublier les motos, dont la plus ancienne était une Saroléa 350, de 1934. Que du beau monde.


En fin de matinée, le vent et la pluie étaient balayés par un soleil d’été, laissant place à une route sèche qui permettait de rouler cheveux aux vents. Pendant que des milliers de Parisiens étaient déjà sur leur serviette de bain ou sur leur chaise longue en train de siroter une menthe à l’eau, d’autres redécouvrent la plus belle ville du monde, sans klaxon et sans brouhaha. Bouillonnante, la capitale de la lumière, qu’on appelait autrefois « Lutèce », qui signifie « chaudron » en gaulois. Ce dimanche 20 juillet, le chaudron ne produisait plus de potion magique, mais ouvrait ses bras à plus d’un siècle de mécanique roulante. Finalement, elle avait belle allure cette caravane longue de plusieurs kilomètres qui traversait les rues de Paris.


Comme au 14 juillet, des drapeaux bleu-blanc, rouge flottaient au gré du vent pour s’emparer de la capitale. À la lecture du Road Book, les participants découvraient des endroits méconnus par une grande partie des habitants. C’était donc un mélange d’histoire, de romantisme et de technologie qui se mélangeaient au fur et à mesure que les km défilaient en plein cœur de la ‘’Civitas Parisiorum’’. Avec leur cheval d’acier, comme dans les décors du film de Chaplin ‘’Les Temps modernes’’, toutes les belles mécaniques jouaient un rôle de caïd dont les moteurs dégagent un nombre impressionnant de décibels et de vibrations dans les rues de Paris.


Quatre heures plus tard, les premiers de cordée se présentaient au CP arrivé, en passant la porte de l’Observatoire de Meudon. Moteur bouillonnant, les belles anciennes pouvaient enfin souffler cette 18e édition, bien arrosée d’une pelouse verdoyante. En deux ou trois mouvements, le ciel devenait bleu azur, laissant place à un magnifique soleil qui éclairait de ses plus beaux rayons les stands pré-installés. Comme le tableau de Manet, les nappes sont étalées à même le sol pour un déjeuner sur l’herbe, chaleureux et convivial. À l’entrée, c’est un véritable manège enchanté ! des centaines de véhicules plus beaux les uns que les autres arrivent en masse pour retrouver familles et amis, déjà en place sur l’herbe verte.

Des années après le départ du Premier Paris-Alger-Dakar, les anciens ne baissent pas pavillon ! Depuis quatre ans, l’organisateur est ravi que des 4×4 du Paris-Alger-Dakar et autres Rallyes-Raids sont exposés sur la pelouse de l’Observatoire de Meudon. Un espace dédié à « Dakar-Légend » qui a été aménagé pour accueillir 16 véhicules de course (Renault, Citroën, Lada, Land Rover, Range Rover, Nissan Dessoude, Toyota, dont trois 4×4 qui ont participé au Paris-Alger-Dakar, en Afrique). Tous les regards étaient donc rivés sur la Renault 5 Oasis de Pierre Bouillé, Dakar 1978, la DS 23 de Bertrand Roncin, Dakar 1981, et le Toyota BJ71, Dakar 1981. Ces trois véhicules historiques étaient encadrés par 13 autres 4×4 de course qui ont participé à différentes épreuves internationales, ces 25 dernières années.



Parmi tous ces véhicules emblématiques des premiers Paris-Alger-Dakar, l’espace accueillait plusieurs équipages tout juste rentrés de Loasis Rallye. Sur la pelouse, personne ne pouvait ignorer l’espace Dakar-Légend. Plusieurs kakémonos aux couleurs de cette épreuve flottaient dans le ciel, des bâches rappelaient des figures historiques de cette épreuve ‘’René Metge, Pierre Lartigue, Claude Brasseur, Michèle Mouton, Cyril Neveu, Hubert Auriol, Henri Pescarolo… ‘’.



Avide de belles histoires, les visiteurs écoutent avec bienveillance les anecdotes de Pierre (pilote auto), de Gilles (copilote auto), de Paul (pilote camion) et de Bernard (pilote auto), qu’ils ont vécues pendant des années sur le sable chaud d’Afrique. La presse automobile en profite pour ouvrir ses écoutilles, et enregistre les bons moments, mais aussi les galères et les mésaventures de ces valeureux guerriers de l’apocalypse. Qui connaît mieux que quiconque le désert que les anciens concurrents de la plus dure et plus grande épreuve du monde ? Des endroits où l’on ne triche pas et où l’on ne ment pas, face à la dure réalité de la piste.



C’est aussi à la bonne franquette que les Dakariens se sont installés sous les trois tentes du Paris-Alger-Dakar, pour festoyer et partager des victuailles de nos belles régions françaises. Finalement, quarante-sept ans après la première édition, force est de constater qu’il flotte toujours autour de la reine des épreuves un parfum d’aventure envoûtant. Finalement, il ne manquait que le sable ocre du désert pour sentir cette odeur si particulière de l’Afrique.



La Traversée de Paris démontre, encore une fois, que le patrimoine roulant est une valeur sûre qui est entretenue grâce à tous les passionnés qui la font vivre. Merci à Eric Vallée pour avoir transporté la mythique DS 23 de Bertrand Roncin.


Oyez, oyez, braves gens, notez bien la date du 25 janvier 2026 pour la Traversée de Paris hivernale, ainsi que celle du 19 juillet 2026 pour la 19e édition estivale. Auteur Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos : Richard Roggero. Vincennes en Anciennes.