
Le mois de janvier 2025 est un mois 1 en numérologie. C’est un mois qui encourage de nouveaux départs. C’est aussi le moment de commencer un nouveau projet, ou d’élaborer de nouveaux programmes sportifs. Il est donc possible de se mettre en réflexions sur de nouvelles envies et de réaliser ses rêves sur les chapeaux de roues ! Comme sur le M’Hamid Express, puissance 15. Au programme, un parcours de 1185 km chronométrés. Sur cette quinzième édition, le bivouac central du M’Hamid Express était installé ‘’Chez le Pacha’’ à Ouled Driss, une petite à commune située au Sud-Est de la frontière algérienne.



Pour les forces en présence, le plateau de SSV était certainement le plus étoffé de ces dernières années pour une course de cinq jours. Au total, c’est 84 concurrents : 5 motos, 1 quad, 65 SSV et 13 4×4/Buggys qui étaient présents. Encore une fois, les équipages Français sont venus en force pour battre le fer avec les meilleures lames ! de cette discipline. Force est de constater qu’avec le temps, cette course est devenue un rendez-vous incontournable pour celles et ceux qui recherchent à la fois l’aventure, la gagne et la camaraderie. Il faut dire que Benoît Delmas et Fifi, son épouse, y sont pour quelque chose. Pour s’en convaincre, il suffisait de regarder le nombre de concurrents qui défilaient aux vérifications techniques et administratives. Pour les petits nouveaux, des moments comme ça, ils n’avaient pas l’occasion d’en vivre souvent. Alors, autant en profiter pour faire connaissance avec les vieux briscards qui ont pour habitude d’envoyer du bois ! Michel Salvatore, Michel Visy, Loïc Minaudier, Véronique et Yvan Pierre Diard, Richard Oguez, Anne Odru, Hugues Lacam, Delphine Delfino, Pascal Rollet, Jean-Pascal Besson, Jean Brucy, Kiliane Brucy, Jeremy Caszalot, Luca Corvaja, Cazenave, Rémy Chapot, Emmanuel et Dominique Ramos, Vincent Remblier… Voilà pour les favoris, du moins sur le papier.


Ce qui attire l’attention de tous, c’est qu’il y a plusieurs équipages de la même famille : des pères avec leur fille, des pères avec leur fils, des maris avec leur femmes : Luca Corvaja et Chiara Corvaja, Vincent Remblier et Tom Remblier, Ramos Emmanuel et Dominique Ramos, David Bord et Laura Bord, Pouget David et Pouget Bénédicte, Vacher Didier et Vacher Benoît, Casanovas Enrique et Casanovas Javier, Brucy Jeannot et Brucy Kiliane, Lafon Rudy et Lafon Jean-Jacques, Sage Franck et Sage Adeline, Le Saux Didier et Le Saux Mathieu, Plaza Félix et Plaza Belen, Dard Yvan et Dard Véronique, Benoit Patrice et Benoit Océane, Chapot Rémy et Chapot Alexandre, Basto Manuel et Basto Stéphanie.


Le solstice de l’hiver étant passé, la clarté du jour rallonge, et la lumière du soleil cherche à reprendre de la hauteur pour apporter de l’énergie à toute la caravane. C’est donc sous un soleil d’azur que cette journée est consacrée aux vérifications administratives et techniques, ce samedi 25 janvier. Dés 9h00, ça se bouscule devant la porte des vérifications administratives. Tous les concurrents avaient leurs documents à la main et attendaient patiemment pour commencer le parcours du combattant ! Présentation des licences 2025, carte grise du véhicule, assurance, récupération des Stella et autres matériels, afin d’obtenir le fameux ‘’Pass’’ qui permettait de prendre part à la course. En attendant ce passage obligé, c’est aussi le moment des retrouvailles. Bises et courbettes, sourire aux lèvres. Mais tout le monde savait que cette courtoisie de façade allait disparaître dès les premiers tours de roues. Au bivouac, c’est un peu la guerre des étoiles ! ’’L’empire contre-attaque’’ avec une importante caravane de SSV habillés de leurs plus beaux habits. Cette course allait donc sans doute être animée pour ces petits bolides aux allures de sauterelles, qui sont de plus en plus performantes et qui devraient logiquement imposer un rythme très élevé, dès les premiers kilomètres. Maintenant que tous les concurrents sont sticker avec leur # de course, les véhicules admis allaient pouvoir s’aligner sur le prologue, afin de déterminer l’ordre de départ de la première étape.



Vous reprendrez bien un peu de désert ! Dimanche 26 janvier. Prologue 16,500 km. Le tracé du prologue a été dessiné pour une petite mise en jambe. Au menu, pistes glissantes, ensuite une descente dans un oued asséché pour retrouver du HP (hors-piste), du fesh/fesh, puis des petites dunettes qui cachaient de l’herbe à chameau. La fin du tracé allait se passer sur une piste sinueuse et rapide. C’est donc un kilométrage court sans grandes difficultés, juste de quoi tester la tenue de route des véhicules et les instruments de bord. Sur ces premiers tours de roue, le plus important était de ne pas casser pour rester dans le peloton de tête.



Après la photo de famille, à 16h00 tapante, comme dans tous les rallyes-raids, c’est une moto qui ouvre le bal sur ce petit tronçon. La première est enclenchée 5,4,3, 2,1, Go ! Vrooomm, Vrooomm le # 01 Souleymanne Addahri prend le départ pour décrocher ‘’ La roue de la Fortune’’, à fond. En quelques secondes, la poussière voltige et engloutit la Husqvvarna 450, qui disparaît sous un voile ocre. Puis, vient le départ des autos et des SSV. Le premier à s’élancer est Haik Jacques # 101 SSV Polaris. Dans l’habitacle, il regarde son copilote Victor Salvator pour se rassurer tout en observant le compte à rebours. Le copilote à les yeux rivés sur les instruments de bord, prêt à annoncer les notes. Les mains accrochées au volant, les pouces bien serrés, le corps solidement calé dans le baquet, Jacques Haik est impatient de lâcher les chevaux. Lors d’une première spéciale en Rallye Raid, tout le monde a tendance à déclencher une certaine sécrétion de la pédale d’accélérateur, passant du conscient à l’inconscient ! C’est-à-dire un mélange d’alchimie entre le stress et la délivrance. Pour les profanes, il faut légèrement masquer son inquiétude, comme un acteur qui entre en scène, pour la première fois. C’est normal, un risque doit toujours se calculer et se prendre en toute connaissance de cause, car, dans cette discipline, tout peut passer en un quart de seconde, de l’euphorie au désespoir. Donc, attention de ne pas confondre sprint et endurance. Les premiers ennuis commencent pour le Toyota # 207 Morvan / Mahé. L’équipage rentre au bivouac à la ficelle, avec un gros problème de moteur. Il est 18 heures, la nuit tombe avec son cortège d’étoiles, dont on ignore le nombre, et qui éclairent d’une petite lueur de lumière le premier bivouac du M’Hamid Express 2025. # 1 Souleymane Addahri remporte le prologue en moto. En SSV, c’est le # 148 Monteltagaud / Escurat Polaris Pro R, en auto, le # 211 Basto / Basto Touareg V8.


Lundi 27 janvier. ES1 : Deux boucles de 140 km. Ils sont venus, ils sont tous là ! La première étape marocaine attendait non sans une certaine impatience les concurrents de cette 15e édition. Au menu, deux boucles de 140 km de pistes en tous genres. Des pistes rapides, des dunettes, oued, fesh/fesh, Erg Smar, du sinueux en dévers, un changement de cap qui ne faudra surtout pas louper, de la végétation et de nombreuses pistes PP III (pistes parallèles). Plus à l’ouest, les concurrents devaient légèrement lécher les dunes de Chegaga, avant le gros morceau prévu le lendemain. C’était donc un excellent condensé de ce qui attendait ces baroudeurs qui sont venus rechercher un peu d’adrénaline sur cette première spéciale. Autant dire qu’il fallait attacher sa ceinture. Force est de constater que les SSV sont des masses courtes sur quatre roues avec des mouvements de boule de billard, qui penche avec le roulis, puis plonge avec le tangage du va-et-vient, pour terminer sa course comme une flèche qui traverse son adversaire, d’un bout à l’autre. Sur la ligne de départ, on sentait bien la tension montée dans le corps de tous ces boulimiques du bac à sable. Sur cette première ES1, une chose est sûre, les meilleures de la classe allaient faire feu de tout bois pour essayer d’impressionner leurs adversaires. En attendant le coup de clairon, la sensation de nulle part était bien présente, un peu comme un navigateur qui ferait »Le Vendée des Globes », pour la première fois. Comme des vrais marins, à chaque départ, tous les pilotes savent qu’ils partent à la guerre ! A 8h20, c’est sous un soleil radieux que le premier motard Marocain # 01 Addahri se présente sur la ligne de départ, avec sa Husqvarna 450. Tous les yeux sont rivés sur lui et, en quelques secondes, il devient la vedette du jour. D’ailleurs, le photographe Olivier Milon se positionne pour immortaliser cet instant magique.



À 8h30, au coup de clairon, le motard disparaît dans un nuage de poussière sur un sol drapé par la sécheresse du sol. Une minute plus tard, c’est au tour du second. C’est donc une véritable chasse à l’homme qui s’engage sur le premier tronçon, long de 140 km. Une fois les motards livrés à eux même, 15 minutes plus tard, les SSV s’alignent à la queue leu leu pour se présenter devant Babette, qui se trouve au pied de l’arche. Prêt à intervenir à la fin de la première boucle, l’équipe de choc JRP dirigée par le Bordelais Philippe Jolivière, s’installe en attendant le retour des deux machines de l’écurie. L’équipage # 118 Polaris Pro R, mené d’une main de maître par Guillaume Cazenave / Thibault Bourrigaud et le # 148 Polaris Pro R, piloté par Benoît Monteltagaud / Cyntia Escurat qui, pour elle, c’est le premier rallye-raid. Pour les vieux briscards, à force de fréquenter ces endroits, à rouler, jour après jour sur ces pistes depuis des années, ces petits gars-là ont développé un sens inné qui fait d’eux des êtres du désert que l’on ne peut comprendre, que si l’on partage un peu de leur monde. Cette description correspond aux machines et aux pilotes et copilotes des 4×4 qui survivent tant bien que mal dans cette discipline.



Malheureusement, le Toyota HDJ 80 de l’équipage Morvan Hervé/ Mahé Frédéric n’a pas pu prendre le départ, comme nous l’avions évoqué hier. K.O au bord du ring, le Toy jette l’éponge à cause de son moteur cassé. Maintenant, dans quel véhicule le Mistigri allait faire ses griffes ? Nous savons tous qu’un chat noir n’aime pas la solitude. En effet, il n’y a pas de temps mort pour ces petites bêtes. Le Mistigri finit par s’installer en pleine spéciale à l’intérieur du SSV #127 de l’équipage Lacam / Delfino. Hier, Hugues Lacam avait déjà changé son pont avant. Mais, la malchance semble s’acharner sur l’équipage. À la fin de la première boucle, le ‘’ Pont Neuf ’’ cède une seconde fois. Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas. Hugues décide de revenir au bivouac pour mettre un nouveau pont. Une fois réparé, l’équipage revient sur la ligne de départ de la deuxième boucle, encore plus fort. Haut les cœurs ! Il n’est pas le seul à avoir des problèmes.


Le SSV de l’équipage # 121 Michel Visy / Loïc Minaudier arrache un ressort sur la première boucle. C’est ça la compétition en sport automobile, des histoires d’hommes et de femmes avec des moments qui marquent leur existence. À l’arrivée de la première boucle, c’est la moto KTM # 01 d’Addahri qui passe le premier la ligne, il est suivi de quelques mètres par la KTM # 03 de Legrenzi. Avant de se relancer sur la deuxième boucle, ils ont un stop obligatoire de 30 minutes, afin de faire le plein et de se restaurer. Stéphane Legrenzi « Je me suis fait plaisir, j’ai ouvert à fond du début à la fin de cette première boucle. » Quelques minutes plus tard dans l’horizon, les chronométreurs aperçoivent une énorme poussière qui se lève et se dirige vers eux. C’est le SSV #105 Can Am de l’équipage Bord David / Bord Laura, qui déboule comme une balle dans un jeu de quilles ! À quelques encablures, c’est le SSV Polaris # 120 de Caszalot / Pereira qui franchit la ligne d’arrivée de ce premier tronçon « J’ai trouvé le terrain beaucoup plus défoncé que l’année dernière. Il fallait surtout ne pas laisser de traces, sans quoi la sentence aurait été sans appel. La deuxième boucle allait favoriser les plus rapides, à l’image des trois SSV de l’écurie ‘’Univers Tout-Terrain’’ # 162 SSV Can Am x3, de Renault Launay / Baudouin Devorst. # 163 SSV Can Am X3 de Benoît Pépé / Michel Bulteau. # 164 SSV Can Am X3 d’Emmanuel Beernaert / Geoffroy Noël de Burlin. Voilà les premiers ennuis pour l’équipage # 150 SSV Can Am X3 Pascal Rollet / Stéphane Denecheau « Pour nous, c’est une journée maudite. Coupure électronique, moteur en sécurité et plus de frein. La complète ! Je ne sais pas si c’est à cause de tout ça que je n’ai pas vraiment aimé cette spéciale ? Pour le reste, le véhicule se comporte bien dans les dévers et dans les courbes. » Quant au SSV Polaris # 158 de l’équipage Brion / Moreira, il rentre au bivouac avec la boîte cassée. Au bivouac chez le Pacha, plusieurs véhicules rentrent au bercail avec quelques bobos, heureusement sans gravité. Boum, bada boum, la moto # 4 Kove Rallye Factory de Florian Frederico est attelée à un 4×4 avec une jante en moins. Pas bon, le SSV Can Am X3 # 136 Gauthier / Achille rentre aussi à la maison avec le train arraché !! + +. Malheureusement, le # 158 SSV Polaris de l’équipage Brion / Moreira jette l’éponge, moteur cassé. Première journée compliquée pour le Buggy Prédator # 214 de Florent Nicolas / Sarah Bonaffini, puisque l’équipage rentre au bivouac à 4 heures du matin. Moto : # 03 Legrenzi KTM. SSV : # # 118 Cazenave / Bourricaud Polaris Pro R. Auto : # 208 Deleporte / François. Buggy Chevrolet.


Mardi 28 janvier. ES2 : 200 km, dont 50 de dunes et de dunettes. Le marchand de sable est passé ! Sur la plage de sable abandonnée, ici, pas de coquillages ni de crustacés… On parle souvent du danger de la montagne ou de la mer, mais, qu’en est-il du désert ? Lors du briefing de la veille, Benoît Delmas avait prévenu que cette spéciale serait de toute beauté, mais qu’elle serait aussi très difficile. Ce qui allait surprendre les concurrents, c’est l’immensité du bac à sable qui, pour un petit grain de sable, tout pourrait bien se refermer sur eux. Malgré tout, cette journée allait être une vraie source d’inspiration et de ressourcement, tout comme les magnifiques paysages qui s’imposent. Compte tenu des chaleurs exceptionnelles de ce mois de janvier, les cinquante km de dunes n’étaient pas vraiment favorables aux 4×4. Sur cette étape, il fallait rester très attentif, avant d’arriver sur les grandes et magnifiques dunes de Chégaga. Les premiers tronçons étaient très piégeux, du trial, du HP, des grosses ornières avec des dangers !! et !!! A bon entendeur, salut ! Le point de départ était donné derrière le village de M’Hamid sur un plateau sablonneux. À la file indienne, très vite l’ambiance s’échauffe, et la ferveur monte au fur et à mesure du top départ. Dans l’habitacle, les pilotes et copilotes sont aussi tendus que leurs amortisseurs ! La première moto s’élance comme prévu à 8h30. 15 minutes plus tard. Le SSV # 118 Polaris Pro R de l’équipage Cazanave / Bourricaud se présente devant Babette, heureux d’avoir fait le meilleur temps de la veille. Cet équipage avait cravaché dur hier, et désirait ardemment remporter cette deuxième étape. Une minute plus tard, le SSV Polaris # 120 de l’équipage Caszalot / Pereira ne l’entend pas de la même oreille. Remonté comme un coucou ! Le couteau entre les dents, il se met en mode chasse à courre. Il y avait déjà des bisbilles entre le premier et le deuxième, c’est sûr que l’un des deux équipages allait porter l’estocade en plein milieu des dunes, pour une bagarre à la régulière. Pendant ce temps, la horde des Can Am X3 observe la bagarre fratricide qui se joue entre les deux Polaris Pro R. Comme l’aventure n’attend pas, les autres SSV partent comme des flèches qui cherchent à transpercer la ligne de mire ! Si, pour le commun des mortels, il a souvent l’impression que l’aventure se passe en bas de chez lui, d’autres, la recherche dans le bac à sable.


Coup de théâtre. Les chevaux de bois sont cassés ! Après 8 km de pistes, le SSV de l’équipage # 127 Hugues Lacam / Delphine Delfino qui avait connu plusieurs péripéties ces derniers jours, rentre à la maison avec un troisième pont cassé. Force est de constater que si certains jouent aux échecs, d’autres les collectionnent. Cela n’enlève pas le talent de pilotage et de celui de la navigatrice, mais ce n’était pas leur jour. D’ailleurs, plusieurs concurrents se font embarquer dans un mauvais cap, qui cache une part invisible entre le défi et son mystère. En effet, en haut d’une crête, le SSV # 166 de l’équipage Boulanger / Loriot fait une casquette/pirouette et se retrouve sur le côté. En bon samaritain, Luca Corvaja # 152 se précipite pour leur venir en aide. En une fraction de seconde, sa fille Chiara sort la sangle pour remettre le véhicule sur ses quatre pattes. Plus de peur que de mal, juste un peu de froissement de tôle. Dans la catégorie 4×4 / Buggy, les véhicules se comportent bien, puisqu’ils pointaient au milieu du classement général. Moto : # 03 Legrenzi KTM. SSV : 120 Caszalot Polaris pro R. Auto : # 201 Dar / Dard Toyota HDJ 80.



Mercredi 29 janvier. ES3 : La Chevauchée désertique. 365,63 km. Debout les gars, réveillez-vous, il va falloir en mettre un coup ! Il va falloir en mettre un coup sur la plus longue étape du Rallye. Dès 6h30, le bivouac se réveille sous la voûte étoilée. Pendant que les étoiles brillent encore dans le ciel, telles des Marmottes mal réveillées, les mécanos enfilent leur combinaison et leur lampe frontale pour faire une toute dernière révision. Dans l’écurie ‘’Mautret Sport Compétition’’, toute l’équipe est prête à rentrer dans l’arène des gladiateurs pour affronter la dure réalité de la brousse poussiéreuse. Dès le petit jour, Micos et ses cinq mécanos étaient déjà sur le pont. Branle-bas de combat pour les équipages du Team : # 142 SSV Can Am X3 Herbin / Tavernier # 152 SSV Can Am X3 Corvaja / Corvaja. # 161 Can Am X 3 Henon / Durame. # 160 Petit Prost / Boine. # 204 Toyota HDJ 80 Benoit / Benoit. C’est ce qu’on appelle ‘’Opération Léontine’’. On sentait bien qu’aujourd’hui, ça allait envoyer du bois !


Le départ est donné derrière la commune de M’Hamid face au soleil levant. Au-delà de la performance de la veille, la première moto se présente à 8h20 pour ouvrir les festivités. Tout le monde est à son poste. Babette regarde les minutes s’écouler sur son chrono, pendant que les autres bénévoles essayent de placer tant bien que mal, les concurrents en file indienne pour l’ordre de départ. À force de fréquenter ces endroits et de rouler, jour après jour, sur les pistes du M’Hamid Express, les pilotes chevronnés ont développé un sens inné qui fait d’eux des êtres du désert que l’on ne peut comprendre que si l’on partage leur monde. Après deux jours de course, les Polaris Pro R tiennent la dragée haute au Can Am. Mais attention Can Am et Yamaha devraient faire monter les enchères, sous peu. Ce matin, l’équipage Lacam / Delfino était bien au départ. Sans nul doute que, si leur SSV fonctionne à nouveau, il fallait compter sur eux pour une extraordinaire remontada ! Bip, Bip… Une fois les motos lancées, le SSV Polaris Pro R # 120 Caszalot / Pereira se positionne au point zéro pour partir sur les chapeaux de roues. Au coup de canon, le SSV s’arrache du sable fin et disparaît sous un nuage de poussière. Une minute plus tard, c’est le SSV Can Am X3 # 128 Gabari / Labriny qui avait les yeux rivés vers l’horizon, en attendant le feu vert de Babette.



Derrière, on retrouve le Polaris # 118 Cazenave / Bourricaud. Autrement dit, le Can Am était pris en étau entre les deux Polaris Pro R. La pression monte de jour en jour et l’on voyait bien qu’entre les cinq leaders, ça allait être la réponse du berger à la bergère ! Sur cette étape, les concurrents avaient droit à un Road-Book papier, avec quelques caps. Une excellente initiative pour les jeunes copilotes qui ne connaissaient que, jusqu’à maintenant, le principe de la tablette. Sur cette longue étape, il y avait des pistes étroites et très rocailleuses, où il n’était guère aisé de doubler sans prendre de risques. Dès lors, il fallait en appeler au bon sens de chacun pour que cette journée se dispute dans un contexte sportif et loyal. Il arrive pourtant que des excès en tous genres soient commis par des inconscients qui perdent tous sens de courtoisie et de sang-froid, au point de péter les plombs. C’est d’ailleurs ce que nous avons constaté à l’arrivée du prologue.


Tout le monde doit savoir que, dans le désert, on ne triche pas, on ne ment pas, et personne n’est à l’abri d’une erreur. D’ailleurs, presque tout le monde a eu son lot de surprises ‘’ Panne mécanique ou électrique, pipe d’admission, barre de transmission, cardan, triangle, crevaison…’’ la liste est trop longue pour pouvoir tout évoquer. Aux alentours de 15h45, le SSV Can Am X3 # 104 Van Lancker / Lesne rentrent au bivouac avec le train arrière arraché, donc, sur trois roues. Afin d’équilibrer le véhicule, le copilote est debout sur trois pneus posés sur la marche pied. Cette situation nous rappelle le prologue du Paris-Alger-Dakar 1987, à Cergy Pontoise lorsque Ari Vatanen avait arraché la roue avant de sa 205 Turbo 16. Cette année-là, il se retrouve 274e au classement général, mais remporte le Rallye au lac Rose avec son copilote Bernard Giroux. Sur cette spéciale, on constate que les dix premiers étaient à quelque chose près, dans le même rythme. Mais au-delà du classement général, tous ces boucaniers adoptaient une discipline sans faille. Le long du lac Iriki, Jean-Pascal Besson était chronométré à 160 km/h. Vroooommm, vrooommm…, ça décoiffe ! A l’arrivée, le décor était toujours le même, le sable ocre du grand parking couvre l’hôtel ‘’Chez le Pacha’’. Certes, ils ne sont pas beaux à voir, couverts de poussière et de sable, les traits tirés, mais personne ne se plaint. Oubliant la poussière de l’étape, la fatigue d’une journée de pistes, ou l’indispensable révision du véhicule, chacun vint oublier les problèmes du jour, en regardant la lune qui entame sa courbe descendante derrière un sable rougi par la chaleur de la journée. Moto : # 03 Legrenzi KTM. SSV # 120 Caszalot Polaris Pro R. Auto : # 210 Dard / Dard Toyota HDJ 80.



Jeudi 30 janvier. ES4 : On a roulé dans les dunes. 24O km, dont 50 de dunes et de dunettes. Ce n’est pas la mer à boire, mais tout de même ! Hier avant le départ, nous savions que la ES3 allait laisser des traces compte tenu du parcours, qui ne laissait que très peu de chance à l’improvisation. La course commençait à faire des victimes. Non-partants # 118, # 122, # 127, # 208, # 102 et # 148. L’équipage # 127 Lacam / Delfino continue d’enchaîner les ennuis. Après avoir cassé trois ponts, cette fois, c’est le moteur qui rend l’âme. Du coup, Hugues Lacam baisse pavillon. Parfois, les rêves passent au cauchemar en une fraction de seconde. C’est d’ailleurs là que les tactiques les plus élaborées se fracassent contre les réalités primaires. Tous les vieux briscards savent que, dans cette discipline, il n’y a pas de hasard. En effet, le hasard ne peut être que la cause ignorée, de celui qui ne veut pas voir que le diable se cache toujours dans les détails. Lors du briefing de la veille, Benoit Delmas avait prévenu que cette spéciale ne serait pas de tout repos. La première partie était parsemée de pièges en tous genres : Saignées profondes, Oued en MVS (mauvais), marches, fesh/fesh, du sinueux en dévers, et ce, jusqu’aux dunes. La deuxième partie n’était pas simple non plus. Beaucoup de danger !! et de danger !!! avec des parties trialisantes dans des oueds et d’énormes pierres. Au point S4098 les concurrents ne devaient surtout pas sortir des traces pour ne pas se retrouver en Algérie « surtout, restez bien sur la trace. » La troisième partie était consacrée aux grandes dunes, pour ensuite rejoindre la ligne d’arrivée du côté de Tagounite. Il est 8 heures du côté de Tagounite, le soleil est déjà bien élevé à l’horizon puisqu’il inonde une lumière de carte postale. Le désert s’apprête à revêtir son manteau de printemps, les enfants partent à l’école, pendant que les moutons en liberté errèrent sur les chemins de traverse ensablés. Le décor était planté.



8h30, fidèle au poste, Babette donne le départ de la première moto. Pus, c’est le départ des Autos & SSV. Le premier à se présenter est le SSV Polaris # 120 Caszalot / Perreira. Actuel leader, il sait que, derrière lui, c’est une meute enragée qui ne lui fera pas de cadeaux. Il sait pertinemment aussi, que ses adversaires les plus redoutables sur la piste aujourd’hui, seront les SSV Can Am X 3. Que des cadors et des spécialistes du sable, qui ne lâcheront rien. Décidé comme jamais, Jérémy Caszalot a bien l’intention de clouer ses adversaires au pilori sur cette avant-dernière étape « Je vais les dynamiter tous ces grands champions, les disperser aux quatre coins de Chegaga ! » Certes, ce n’est pas la mer à boire, mais tout de même. Mais à force de jouer les marins dans cette mer de sable, tout le monde risquait d’y laisser des plumes ! Effectivement, à mi-course, dans les dunes de Chegaga, c’est du « court après que j’attrape » entre le Polaris # 120 et le # 105 SSV Can Am de Bord / Bord. Mille sabords de tonnerre de Brest ! Les habitacles s’entrechoquaient brutalement sur ces pistes caillouteuses, à souhait. Qui sème le vent récolte la tempête, n’est qu’une histoire de gros grains de sable. La tempête annoncée arrive en fin de matinée. En une fraction de seconde, le vent se lève dans les dunes de Chegaga avec ce ballet du Sirocco. Les premières bourrasques et les tourbillons soulèvent le sable et diminuent la visibilité pour tous les concurrents. Pour les motards, c’est encore plus difficile de rouler lorsque le vent vient vous frapper de plein fouet. Elle est là, la vraie performance de ces héros des temps modernes. Tellement les bourrasques sont fortes, les motards se retrouvent avec des ailes et le vent dans le dos.


D’ailleurs, dans ces conditions atmosphériques ventilées, si les chiens aboient, la caravane doit vite passer son chemin. Trente minutes plus tard, toute la caravane se trouve en plein milieu des dunes. Tous les véhicules ressemblent plus à des chaloupes, plutôt qu’à des autos. Cette tempête qui s’annonçait être violente, nécessitait de hisser l’artimon pour s’extirper de cette mauvaise passe, car des vents violents se levaient dans le ciel jaunit par le sable « Ohé du bateau. Petit temps, grand foc, gros temps, petit foc ».Finalement, cette étape soi-disant compliquée était surtout très technique. L’équipage # 120 Gaszalot / Pereira continue à faire le spectacle sur la première partie du parcours. Il est suivi de près par le SSV # 105 Can Am de Bord / Bord. Mais celui-ci s’arrête un instant pour raison mécanique. Du coup, c’est le # SSV 123 Polaris de Baltazar / Galvez qui le prend en chasse, avec l’aide du # 128 Can Am Gabari / Labriny. Et là, sur la piste, ça ventile fort ! Quoi qu’il en soit, et malgré cette passe d’armes, il faut savoir que « Ce n’est qu’à la fin du bal qu’on paye les musiciens ! » Lorsqu’on observe de près ces nouvelles machines au profil aiguisées, aujourd’hui, pour rouler en SSV, avant la course, il faut être businessman. Pendant la course, il faut avoir un gros cœur et, après la course, il faut être bon mécanicien. Si vous avez ces trois qualités, vous pouvez alors investir dans une machine très compétitive. Malheureusement, à cause de ces nouveaux engins, les 4×4 sont relayés au rang de ‘’ camionnettes ! ’’ Il faut bien vivre avec son temps. Les véhicules 4×4, 2 RM et buggys d’époque vont pouvoir concourir dans la nouvelle catégorie (Open FFSA). Par conséquent, si vous êtes en possession d’un passeport technique d’époque d’un véhicule, vous pourrez courir en Championnat de France Tout-Terrain et d’endurance. Le principal, c’est que tout le monde puisse vivre sa passion. Moto : # 03 Legrenzi KTM. SSV # 123 Baltazar / Galvez Polaris Pro R. Auto : # 201 Dard / Dard Toyota HDJ 80.



Vendredi 31 janvier 2025. ES5 : Bon baiser de M’Hamid. 100km. Silence, on tourne, lumière, caméras et portables ! C’est la der. Au programme, un tronçon de 100 km pas très compliqué pour que les concurrents apprécient le dernier parcours qui a été concocté par Benoît Delmas. Des belles pistes, plusieurs oueds à traverser avec quelques dangers !! et !!! La caravane allait ensuite se diriger vers des petites dunettes pour admirer une dernière fois ces magnifiques paysages. Hier, la bagarre avait fait rage entre les Can Am et les Polaris. Finalement, après avoir croisé le fer sur 240 km, c’est l’équipage # 123 Baltazard / Galvez qui remporte cette avant-dernière étape avec leur Polaris Pro R. En deuxième position, on retrouve le # 142 Herbain / Tavernier avec leur Can Am X 3. La troisième marche du jour est attribuée à l’équipage #120 Caszalot. Pereira sur Polaris Pro R. En auto, comme à l’accoutumée, Yvan et Véronique Dard # 201 Toyota HDJ 80 s’emparent de la catégorie. À moto, # 03 Stéphane Legrenzi remporte l’étape sur sa KTM 450. Au classement général, le SSV # 120 Polaris de Caszalot conforte son avance sur les SSV Can Am X3 # 128 de Gabari / Labriny. Nous y voilà. Dès les premières lueurs du jour, dans les stands, tout le monde s’affaire autour des véhicules pour une dernière révision. À l’image du Team ‘’ Mautret Sport Compétition (MSC)’’ que dirige Sylvain et Jules Mautret.



Rien ne doit être laissé au hasard pour que cette ultime spéciale se termine dans de bonnes conditions. Idem chez Univers Tout-Terrain de Jérémy Alter. Les trois SSV Can Am X3 # 162, 163 et 164 sont inspectés sous la moindre couture ! En effet, sur ces 100 derniers km de course, il y aura de tout : du sable poudreux dense de poussière blanchâtre, des petites dunettes, de l’herbe à chameaux avec ses petits arbustes d’épines pointues qui ont tendance à crever les pneus. En principe, les pilotes n’aiment pas ces endroits, et, si on y ajoute la tôle ondulée, ces petites bosses qui se multiplient sur plusieurs dizaines de kilomètres, le long d’un sol dur et rigide, où tout peut virer au cauchemar, en quelques secondes. Pour cette ultime étape, c’est un départ en ligne deux par deux, avec deux minutes d’intervalle entre chaque ligne. Au point zéro, la pression monte du côté de Reggabi. Les heures passées cette semaine dans l’habitacle commencent à peser sur les avant-bras et les paupières, chez tous les concurrents. Le SSV Polaris # 120 a des fourmis sur la pédale d’accélérateur ! C’est humain, lorsque vous êtes premier au classement général avant l’ultime étape. Jérémy Caszalot est remonté comme un coucou ! il sait qu’il y aura certainement des bisbilles entre les trois premiers, mais, l’un des trois devrait porter l’estocade définitive. Du coup, la pression monte au fur et à mesure que le compte à rebours défile. Qui des trois clouera ses adversaires au pilori ? En tout cas, pour le spectacle et les spectateurs, il était certain que cette dernière donnerait lieu à une passe d’armes entre les favoris. « La chasse à l’homme est ouverte, il fallait donc rester vigilant dans le rétro ! » Dans une autre discipline qui est le vélo, bien avant que les radios n’existent, lorsque le manager d’un Team voulait que son poulain passe la supérieure, il mettait des chaussettes à la fenêtre de sa voiture. Le coureur comprenait aussitôt qu’il fallait changer de braquet pour enrhumer son adversaire, et le dépasser à toute vitesse. Côte à côte sur la ligne de départ, le Polaris # 120 et le Can Am X 3 # 142 se regardent en chien de faïence pour partir sur une chevauchée fantastique, le couteau entre les dents ! Top départ, Go ! Vrooommm… les deux SSV glissent sur la piste sablonneuse à la vitesse d’un Cobra, prêts à bondir sur n’importe quel obstacle. Cette dernière allait certainement être très disputée, puisque l’un des deux aurait le bonheur de lever le « Graal » à M’Hamid, à moins qu’un trouble-fête vienne s’intercaler dans les derniers kilomètres de course ? Puis, deux par deux, toute la caravane part sur les chapeaux de roues en direction du podium doré et chamarré à point. C’est la récompense finale pour ces flibustiers qui se sont battus pendant cinq jours de course.


Sur le M’Hamid 2025, la remise en question a toujours été permanente, car, un rallye n’est jamais terminé, tant qu’on n’a pas passé la ligne d’arrivée. Un sirop à goût amer qu’un équipage n’est pas près d’oublier. C’est ce qu’a connu le SSV # 116 Bessou / Giron. En effet, après trois kilomètres de pistes, le véhicule est arrivé trop vite dans l’oued, et patatrac, train avant droit arraché. Tous les espoirs de terminer l’épreuve se sont donc envolés en une fraction de seconde. Une arrivée en fanfare, à M’Hamid. Moto : # 04 Frederico Kove Rallye. SSV : # 138 Rousseau / Cierzniewski Can Am R QBE. Auto : # 208 Deleporte / François Buggy Chevrolet V8.


Classement général : À Moto, sans surprise non plus, c’est le # 03 Stéphane Legrenzi qui remporte cette édition avec sa KTM EXC 450. En SSV la catégorie tombe dans l’escarcelle du Polaris Pro R # 120 de l’équipage Caszalot / Perreira. En auto, c’est un vieux loup de mer qui a de l’expérience. Depuis le début, l’équipage Yvan et Véronique Dard était motivé, déterminé et toujours au taquet. Le Toyota HDJ 80 # 201 est donc monté sur la plus haute marche du Podium.



Clap de fin. Finalement, il n’y a pas de perdants, puisque le pari de Benoît Delmas et Fifi transforme tous les rescapés en vainqueur. Dans l’après-midi, Chez le Pacha, le bivouac retrouve son aspect originel, puisque toutes les marques de combats et de fatigues sont effacées. C’est donc la fin des hostilités, le sable ocre est redevenu immobile, mais tout le monde sait que cela ne durera pas, seul le décor restera à sa place en attendant une nouvelle épreuve qui viendra pour affronter cet environnement surprenant et majestueux. Alors, il ne faut pas chercher loin les raisons qui poussent les concurrents à tout mettre en œuvre pour revenir sur la prochaine édition. Satisfait, on le serait à moins du résultat final !

Assistance rapide : Remerciements à GPS GLOBE et tout particulièrement à Fabrice Gonzalez, technico-commercial qui a été présent sur tout le Rallye pour installer et faire le suivi du système Globexplorus. Une application GPS pour Androïd, dont plus de 50 % des véhicules en étaient équipés . D’ailleurs, tous les équipages équipés de cette nouvelle formule ont terminé dans le peloton de tête. Bravo et merci à tous les bénévoles d’avoir participé à la réussite de cet évènement, car, sans eux, rien ne serait possible ! Haut les cœurs. Auteur : Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit Photos : Olivier Milon Art Book Racing.