Du 9 au 17 avril. La première de lever de rideau de cette quatrième édition du Fenix Rally 2024, a eu lieu à Djerba, par un petit prologue de 40 kms. Le soleil était au rendez-vous. Au programme, pistes rapides et sable le long des falaises au bord de la Méditerranée. À la file indienne pour le top départ, très vite, l’ambiance s’échauffe, et la ferveur monte au fur et à mesure que le chrono décompte. Les copilotes reçoivent leur Road book électronique, une tablette et leur logiciel de navigation IRIS qui a été développé par l’équipe d’Alexandre Kovatchev.
Parmi les 10 nationalités, plusieurs équipages Français aguerris à cette discipline étaient présents sur la ligne de départ. Le motard Sébastien Tocaben # 1 sur KTM, Dominique Robin # 64 KTM, Jérôme Pélichet et Pascal Larroque # 215 Buggy Optimus MD, Michel Salvatore et Peter Serra # 427 SSV, Michel Visy et Paul Durame # 406 SSV, Delphine Delfino et Gilles Girousse # 208 HDJ 80, Jérôme Pla # 23 Quad, Marc Bonnafoux et Michel Polato # 415 SSV, Hugues Lacam et Max Delfino # 428 SSV, Hervé et Maxime Guillaume # 429… Christian Pastori # 26 fait le meilleur temps avec sa moto Husqvarna. Dans la catégorie ATV, c’est le Français Jérôme pla # 23 sur son Quad Polaris. En SSV, c’est l’équipage Britanique # 430 Parpottas/Todorova. Sans surprise, dans la catégorie auto, Jérôme Pélichet et Pascal Larroque # 215 sur leur Optimus MD. Le trio Italien Calabria/Calubini/Fortuna MAN # 506 remporte la catégorie camion.
Ce classement général était donc l’ordre de départ pour la première ES1 du lendemain. Le menu était copieux ! 540 kms, dont 390 kms chronométrés, c’est ce qui attendait les concurrents. Cette première étape associait des portions rapides entre les champs d’oliviers, des pistes étroites et sinueuses qui allaient mettre à mal les copilotes, surtout, dans les portions en pierres et rocheuses. Des parties sablonneuses, le long de la source d’eau chaude de Ksar-Ghilane, avec ses petites dunettes, pour enfin atteindre 540 kms plus loin, le bivouac installé à Douz.
Le lendemain, pour des raisons de grosses turbulences climatiques, l’organisation avait décidé de modifier la ES2. Ainsi, cette étape débute par le tracé de l’étape 3. Au programme, 190 kms en plein cœur du désert ou logiquement, la navigation devait faire la différence. Des dunes à tous les étages ! plus hautes les unes que les autres. Cerise sur le gâteau, au bivouac du soir, aucune assistance. Autrement dit, chaque équipage allait devoir se débrouiller seul pour remettre en état leur véhicule. En fin limier, Jérôme Pélichet # 315 place son Optimus MD à l’avant-poste, obligeant ses adversaires à prendre des risques dans cette mer de sable ocre. Ce loup de mer qui a de la bouteille est capable d’engloutir ses adversaires en trois coups de godilles ! Dans cette immensité, tous les moussaillons du diable ! ressentaient cette sensation de nulle part, un peu comme un navigateur qui ferait le tour du monde à bord de son voilier. Derrière, le Land Rover # 210 du Suisse Alexander Oberlechner tire un peu la langue, mais s’accroche tout de même aux baskets du Français. Dans la catégorie SSV, le # 428 d’Hugues Lacam et Max Delfino s’emparent du meilleur temps avec leur Can Am. Sous la voûte étoilée, tous les équipages prennent la place de leurs mécanos. Au bivouac perdu de nulle part, c’est le système D qui domine, avec les moyens du bord, les équipages partent à la recherche d’une pièce défectueuse auprès des copains.
Force est de constater que dans ce genre d’étape, l’entraide est permanente, et sans arrière-pensée. Coup de théâtre pour l’équipage français Gilles Girousse/Delphine Delfino # 208, engagé dans la catégorie Limited Car. Leur Toyota était pourtant dans son élément sur ces pistes glissantes, il y avait donc une infime chance que cela arrive, et pourtant, c’est arrivé, puisque le moteur du Toyota rendait l’âme ! Pas d’inquiétude pour la suite, car, nous les retrouverons ensemble sur Loasis Rallye, en mai. Delphine << Il y a des jours, quand çà veut pas, çà veut pas >>. Idem pour Hugues Lacam et max Delfino. Les casses répétitives des cardans de leur SSV, les obligent à jeter l’éponge. Devenue piéton, Delphine Delfino change de monture, et remplace au pied levé un copilote de l’équipe XTrem sur SSV Polaris, qui ne se sentait pas bien. Ni une ni deux, la copilote remet son casque et repart à l’attaque sans se poser de question. Ensemble, ils remportent l’étape 5, à quelques encablures de l’Optimus # 215, de Pélichet.
L’étape 3 est entièrement annulée. Les pluies diluviennes et les vents forts remportent les suffrages ! De ce fait, tous les concurrents rejoignent une nouvelle fois le camp de Douz pour y être à l’abri. Au-dessus de leur tête, le Sahara grogne et le ciel s’assombrit de minutes en minutes, laissant place aux ténèbres et aux forces de la nature. Après la pluie, le beau temps revient pour que le parfum d’aventure retrouve son odeur si particulière du désert. Au menu du jour, c’est 310 kms qui attendaient les concurrents. C’est un magnifique tracé qui allait remonter le moral de la caravane, puisque les véhicules devaient affronter toutes sortes de paysages. Des pistes rapides, du gravier glissant, des pierres, pointues, des dunes et des dunettes à perte de vue. Finalement une étape ou les meilleures lames aiguisées allaient mettre le feu aux poudres ! Au petit matin, le motard Français Sébastien Tocaben KTM partait avec la ferme intention d’imposer un rythme soutenu, afin, de distancer son adversaire le plus proche. En l’occurrence, le motard Christian Pastori sur sa Husqvarnia. Idem pour le Quad Polaris du Français # 23 Jérôme Pla. Ça, c’est dit.
Côté auto, il était difficile d’aller chercher le MD Optimus de Pélichet, car son jeu de prédilection était bien le sable fin. D’ailleurs, sur la ligne de départ, le sourire révélateur de l’équipage ne laissait envisager que très peu de chance à leurs adversaires. Comme sur les Paris-Dakar, la vieille au bivouac, on pouvait entendre quelques réflexions << Auront-ils assez d’essence dans le moteur pour tenir la cadence jusqu’à l’arrivée ? >>. Aussitôt dit, aussitôt fait. l’Optimus MD # 215 s’impose avec une heure d’avance sur le deuxième. Dans la catégorie SSV # 430, Alexander Parpottas a été le plus rapide. Sans surprise, le MAN # 506 signe une nouvelle victoire d’étape. Quant au motard Sébastien Tocaben # 1, cette spéciale était faite, pour lui. Une chose est sûre, à l’arrivée, les concurrents étaient tellement épuisés par la piste et la chaleur, que la moindre goutte d’eau était, pour eux, une bénédiction !
L’avant-dernière étape remonte en direction de la station balnéaire de Djerba. Un départ à l’Est de Ksar-Ghilane entre coupé de pistes rapides, des oueds asséchés et du sable fin. Au total, c’est 296 kms, en deux secteurs de 202 chronométrés. Au classement général, plus rien ne bouge. Du coup, l’ultime étape de 136 kms chronométrées n’était plus qu’une formalité. Sur la ligne de départ, les visages étaient marqués, mais la quasi-totalité des concurrents devaient être présents à Djerba, pour fêter dignement une semaine de course instance et de fortes émotions. En attendant le feu vert du directeur de course, tous les rescapés écoutaient le bruit de leur moteur qui se prolongeaient en eux. Une rumeur d’angoisse et de joie, à la fois, que tous aficionados connaissent : angoisse de la panne sur ces derniers tronçons et joie d’une éventuelle victoire ? Effectivement, les heures passées dans l’habitacle commençaient à peser sur les avants bras et les paupières. Les traits tirés, c’est sous un ciel bleu immaculé au-dessus des acteurs de cette quatrième édition que le chrono allait se déclencher. Après leur victoire en 2021, l’équipage # 215 Pélichet/Larroque sur Optimus avait cravaché dur et par conséquent, les deux compères désiraient ardemment remporter leur deuxième trophée. Top départ, c’est dans un tourbillon de poussière ocre que l’Optimus s’évapore dans cet horizon lointain. Derrière eux, le Land Defender Rover # 210 de l’équipage Oberlechner/Brunner, y croyait encore. En effet, parfois, les rêves peuvent virer au cauchemar. C’est d’ailleurs là que les tactiques les plus élaborées se fracassent contre les réalités primaires du désert. Donc, prudence.
Finalement, rien ne viendra troubler l’ordre établi, puisque l’équipage français # 215 Pélichet/Larroque sur MD Optimus s’approprie la victoire finale de la catégorie auto. En SSV, c’est le Polaris # 430 Parpottas/Todorova qui s’impose. Pas de surprise à moto. Le Français # 1 Sébastien Tocaben touche les étoiles en passant sur la ligne d’arrivée. Dans la catégorie ATV, c’est le français Jérôme Pla # 23 Quad Polaris qui monte sur la plus haute marche du podium. Côté camion, le MAN # 506 du trio Italien Calabria/Calubini/Fortuna lève la coupe de leur catégorie. Une quatrième victoire aussi pour Alexander Kovatchev, directeur de course, qui fait que cette épreuve représente la beauté du sport mécanique. Auteur : Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos : Fenix Rally 2024.