Cette huitième édition était sous le signe de la côte de bœuf ! Comme le mercredi tout est permis, les anciens pilotes et copilotes du Paris-Dakar se sont réunis pour leur déjeuner annuel. Cette année, c’est chez Beltoise/Clamens à Villeneuve-le-Roi que les 43 convives avaient rendez-vous. L’occasion de retrouver l’ami Michel Beltoise et sa famille. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cet endroit atypique qui ressemble plus à un musée des mille et une nuits, qu’à un traiteur. Une sorte de bric-à-brac qui regorge d’objets en tous genres. Des centaines de choses sont accrochées au plafond ou posées au sol, s’entassent depuis des années, et qui continuent à surprendre les plus aguerris, en matière de brocante. D’ailleurs, le monde du cinéma, de la télévision et du spectacle vient s’approvisionner en décor.


En fait, c’est une caverne d’Ali Baba au service des plus grands décorateurs et metteurs en scène du monde qui recherchent l’objet rare. À première vue, c’est très compliqué de citer tous les objets, tellement ils sont nombreux pour la beauté des yeux. Dès midi, les premiers de la classe s’approchent du CP 1, pour faire tamponner leur carton. Encerclés d’objets de collection, les Dakariens sillonnent les allées du musée pour arriver au plus vite à l’abreuvoir. Là, on n’est plus dans les unités d’estimation ou d’approximation ! l’heure de l’apéro, c’est du sérieux. C’est comme la valise RTL, on ne rigole pas avec ça.

Sur le grand buffet, rien n’est laissé au hasard, tout est réglé comme du papier à musique. Les victuailles et le vin ont été choisis avec une précision. Chez Beltoise, personne ne se lance dans le grand bain au pif ! Force est de constater que le traiteur a le compas dans l’œil pour régaler les convives. Vers 13 h00, toute la caravane avait tamponné son carton, elle pouvait donc passer au briefing. Parmi les personnalités du monde de l’automobile et de la moto, on pouvait apercevoir Henri Pescarolo, André Dessoude, Yves Morize, Étienne Smulevici, Philippe Vassard, Martine Renier, Florence Deronce, Carlos Gomes, Bertrand Roncin, Jean-Paul Bosonnet, Yves Tartarin, Bernard Andrieux, Daniel Guarato, Dominique Silvani, Roger Audas, Claude Enee, Daniel Royer, Michel Chartrez, Alex Bera… que du lourd prêt à s’élancer dès le premier coup de canon !



Et hop, le premier canon est avalé à toute berzingue pour une première salve. Messieurs les Français, tirez les premiers ! Certes, ce n’est pas la mer à boire, mais tout de même ! C’est donc dans la joie et la bonne humeur que les Dakariens se font des accolades et trinquent à chaque coup de canon. Et ils sont nombreux, du coup, ça tire dans tous les sens !



Puis, vient le temps de s’installer au bivouac spécialement décoré aux couleurs du »Paris-Dakar » Sur les murs, on retrouve des bâches et des posters avec différentes photos de l’épreuve. Autrement dit, un petit air d’Afrique qui met du baume au cœur à tous ces anciens valeureux guerriers de l’apocalypse. Comme prévu, Yves Morize rend hommage à Gérard Bourgoin. »Il était un homme généreux qui avait la même passion que nous. Je me souviens lorsqu’il avait engagé les deux Buggys »Duc de Bourgogne », sur le Paris-Dakar, le soir au bivouac, Gérard venait toujours avec des jambons de montagne, plein les poches ! »



Philippe Vassard présente sa deuxième édition de »La Route des Légendes 2025 » qui aura lieu du 20 au 22 septembre, avec un départ de Versailles. Après Fenouil, c’est Martine de Cortanze qui sera la marraine de cette deuxième édition. Comme Philippe Vassard, Yves Tartarin est passé de l’autre côté de la barrière. Lui aussi organise un Rallye. Le 100% RAS (Rallye Aventure Solidaire) qui se déroulera au Maroc du 26 septembre au 4 octobre.

Après la littérature, motivés et déterminés, ils sont tous au taquet pour lâcher la »Grand Voile ». Il faut dire qu’ils ont la gâchette facile, ils dégainent leurs couverts en quelques secondes. L’heure, c’est l’heure, tout le monde finit par se mettre à table à la bonne franquette autour des tables recouvertes de nappes à petits carreaux rouges, comme si nous étions sous une toile d’un cirque forain. Sans chichi, fourchette dans la main droite, couteau dans la main gauche, les convives se jettent à bras raccourcis sur l’imposant buffet d’entrée, puis, sur la palanquée de côte de bœuf avec ses petites pommes de terre rissolées, la petite lichette de fromages à volonté, la flopée de desserts, et, pour finir, un petit bézef de café. À l’abordage ! Le tout arrosé d’une giclée de blanc, de rouge et de rosé. À vue de nez, il y avait de quoi rassasier l’équipage d’une goélette de vieux loups de mer qui ont de la bouteille ! D’ailleurs, c’est bien connu, c’est toujours sur un bateau qu’on casse sa pipe ou sa bouteille d’eau. Le problème, c’est qu’il n’y avait pas d’eau. Au diable vauvert, sans tambour ni trompette, buvons et tirons des canons !



Une fois les entrées englouties vient la photo de famille. Jean-Claude Enee immortalise cet instant avec son instrument de précision, afin de capter la lumière, qui parfois dans une période de surconsommation ! lui permet d’en voir de toutes les couleurs ! De retour dans la salle à manger, un brouhaha indéfinissable résonnait entre bruit de fourchettes et mâchoires aiguisées. Henri Pescarolo et André Dessoude racontent des anecdotes croustillantes qu’eux seuls peuvent décrire. Malgré les rigolades, tout le monde avait une pensée particulière pour les copains disparus qui, pour certains, venaient à ce déjeuner annuel. Du coup, René Metge, Hubert Auriol, Thierry Sabine, Georges Groine, Jean-Pierre Ducroux, et Jean-Michel Sinet s’invitaient dans les conversations.

D’anecdote en anecdote, ils se racontent des histoires de vieux briscards qui ont passé énormément de temps à chalouper dans la mer de sable. Finalement, chacun pouvait revivre à sa manière ces belles années, que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. La traversée, du Maroc, de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Burkina Faso, de la Libye, et du Sénégal. Au CP arrivé, rompu, mais heureux de ces retrouvailles, toute la caravane repartait aux quatre coins de la France en promettant de garder le secret de ces belles anecdotes, qui resteront gravées à jamais dans leurs souvenirs. Auteur : Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos : Jean-Claude Enee.