Le 4 octobre, ils étaient 271 véhicules au grand stade de Marrakech, pour les vérifications administratives et techniques, avant de s’élancer sur les pistes marocaines. Au total, 2 488 kms, dont 1 512 de chronométrés. 126 FIA, 136 FIM et 9 Open. Parmi les nouveautés, Dacia Sandrider et Ford Raptor, qui seront face à face à Mini X-Raid, de retour sur le devant de la scène. David Castera, directeur du Rallye du Maroc « Avec autant d’autos que de motos cette année, c’est un plateau extraordinaire qui va se présenter à Marrakech. Cela me fait plaisir quand les concurrents sont au rendez-vous, cela signifie que ce qu’on leur propose correspond à leurs attentes. Au-delà des chiffres en hausse chaque année, c’est une reconnaissance de tout le travail que nous avons réalisé depuis six ans, une fierté. Je crois avoir mis beaucoup de cœur, de temps et d’investissement. Notre engagement n’est pas terminé puisque des fortes pluies se sont abattues récemment sur le Maroc. Mais nous allons faire comme nous le faisons d’habitude : trouver des solutions. Chaque fois que ce fut compliqué, nous avons su relever la tête. Face au Covid, on s’est confiné en bivouac et suite au séisme l’an dernier, on a déplacé la course. Cette année, les inondations de ces derniers jours vont inévitablement impacter la course, mais les équipes qui sont déjà sur le terrain vont passer quinze jours pour corriger et ajuster, pour que l’épreuve puisse se dérouler au mieux. »
Cette ultime épreuve du Championnat de Monde FIA, désignera les futurs champions, de cette discipline. Notons que dans la catégorie moto, il y avait plus d’une centaine d’amateurs pour relever le défi, face à une armada de professionnels, aiguisés comme des lames de rasoir ! 28 nations sont présentes. Le Rallye du Maroc sera pour Ford et Dacia pour un coup d’essai avant le Dakar 2025. Ford-MSports aligne son nouveau Raptor officiel pour un test grandeur nature, avec comme pilote phare, Carlos Sainz, quadruple vainqueur du Dakar, qui sera associé à Matthew Wilson pour trouver la meilleure trace. Quant à Nasser Al Attiyah et Sébastien Lob, ils feront leur début sur la toute nouvelle Dacia Sandrider. Ces deux grands pilotes devront sortir le grand jeu pour freiner les ardeurs de la Mini X-Raid de Guerlin Chicherit / Alex Winock, mais aussi, de Guillaume de Mévius/Mathieu Baumel sur leur Mini. Il faudra aussi compter sur Yazeed Al Rajhi et son Toyota Hilux DKR de l’écurie Overdrive Racing. Dans la catégorie SSV, la bagarre devrait faire rage entre l’équipage Américain Hunter Miller / Andrew Short (Can-Am Factury), Christian Lavieille (BRP, et de Erik Van Loon de South Racing). Les Taurus T3 devraient sans doute jouer les trouble fêtes.
À moto, parmi les 132 motards engagés, figurent 12 pilotes en RallyGP, dont l’actuel leader du championnat du monde, Ross Branch (Héro MotoSports). Voilà pour les favoris, du moins sur le papier. Sept Mastodontes prendront aussi le départ de cette 25e édition, dont deux Renault Ybrides. Le décor est planté ! Top départ. Au programme, un prologue de 25 kms. À quelques heures du coup d’envoi, c’est l’effervescence qui règne à Marrakech. Édouard Boulanger, co-pilote de Nasser Al Attiyah << Le fait même que Dacia Sandrider soit la ligne de départ, c’est aussi quelque part son handicap, car les petits problèmes inhérents à cette toute nouvelle voiture ne sont pas encore visibles. >>
Nasser Al Attiyah << Dacia est une nouvelle écurie, mais l’équipe Prodrive et ses pilotes ont beaucoup d’expériences. En ce qui me concerne, je suis présent au Maroc depuis trois mis pour tester ce véhicule. Comme je suis en tête du Championnat, l’objectif sera de terminer. >> Dans la catégorie W2RC, Nicolas Cavigliasso sur Taurus Factory que nous avions quittés à la Baja Morocco en septembre, dernier aura fort à faire avec le Can-Am-Factury de Rokas Baciuska.
7 octobre. Prologue ES1 : Liaison 48 kms et 25 kms de spéciale. C’est un prologue très technique associé à des pistes très roulantes, mais, glissantes. Sébastien Loeb << C’est toujours excitant de découvrir un nouveau véhicule. On essaye de faire les choses au mieux. Malgré tout, je suis confiant dans mon équipe. On est là, pour se préparer pour le Dakar 2025. >> Guerlin Chicherit Mini X-Raid << Je suis très content de reprendre le flambeau de la Mini X-Raid. Je sens que c’est le bon moment pour reprendre les reines avec une voiture qui est à 80% de ses possibilités. Il nous reste trois mois avant le Dakar pour finaliser les 20% manquant. >> Dans la catégorie W2RC, Nicolas Cavigliasso sur Taurus Factory que nous avions quitté à la Baja Morocco en septembre dernier, aura fort à faire avec le Can-Am-Factury de Rokas Baciuska. Compte tenu de ce magnifique plateau, ces cinq jours de course allaient être très disputés, dans chaque catégorie. En autos, c’est l’équipage Nasser Al Attiyah / Edouard Boulanger qui reporte cette première manche avec leur Dacia, devant l’Overdrive Racing de Yazzed Al Rajhi. En moto, c’est Ross Branch qui s’empare du meilleur temps (Hero MotoSports). En Rally2, Bradley Cox tire son épingle du jeu avec sa KTM. Les dés sont jetés ! Coup de théâtre. L’équipage # 214 Mathieu Serradori / Loïc Minaudier casse le pont arrière de leur Century CR7, à 40 kms de l’arrivée.
8 octobre. ES2. Zagora – Zagora 499 kms, dont 227 de spéciale. Le bivouac est installé à Zagora, ville mythique et emblématique qui est le rond-point, pour choisir la direction de M’Hamid ou d’Erfoud. Le bivouac s’installe pour trois belles et douces nuits, à Zagora. Maintenant, on rentre dans la gueule du loup pour trois spéciales sans merci ! Les deux premiers secteurs chronométrés se déroulent du côté de M’Hamid, qui d’ailleurs, n’a pas été préservé par les fortes pluies de ces derniers jours. Si les oueds ont été neutralisés, le passage des 20 kms de dunes de Chegaga, n’a pas été modifié. Le seul inconvénient était que les pistes habituellement ensablées, étaient envahies de grosses pierres, modifiant ainsi, le profil du terrain. Ce matin, quatre marques étaient prêtes à en découdre sur cette spéciale. Dacia, Mini X-Raid Ford Raptor et Toyota Overdrive. Sur ce nouveau tracé, le rôle du navigo allait devenir essentiel pour les dépassements. C’est donc un ballet parfaitement exécuté qui se jouera entre le pilote, le copilote et leur drôle de machine. Finalement, il reste de la place pour ces héros modernes à la recherche de cette quête parsemée de danger, où les chevaux de bois peuvent se casser, en une fraction de seconde.
À l’issue de cette ES2, au classemnt général, Nasser Al Attiyah et Édouard Boulanger imposent leur suprématie, devant le Toyota Hilux Overdrive de Yazeed Al Rajhi, et la Mini de Guillaume de Mévius. Chez les SSV, le Taurus de Chaleco reste intouchable. En RallyGP, Tosha Schhareina remporte sa deuxième victoire de la semaine. Yazeed Al Rajhi. « Ce n’était pas notre jour. Nous nous sommes perdus après une cinquantaine de kilomètres. Nous avons parcouru 1,7 km dans la mauvaise direction, ce qui nous a fait perdre quatre minutes. Ensuite, nous sommes entrés dans les dunes et avons pris le mauvais cap, ce qui nous a fait perdre beaucoup de temps. Au total, nous avons perdu 12 minutes dans cette étape, ce qui est beaucoup trop. ». Cette fois, la bagarre est lancée.
9 octobre ES3. Zagora – Bouârfa – Mengoub – Bouârfa. 687 kms, dont 360 de spéciale. Cette étape est particulièrement belle. Heureusement, les pluies n’ont pas trop impacté le tracé. Les concurrents devaient se diriger sur des vallées, un peu inédites pour le Rallye, pour rejoindre le sable ocre de Merzouga. Une finale classique qui ramènera la caravane au nord, à Menzoug – Bouârfa. Dès le départ, on sent bien l’envie de Sébastien Loeb de faire un bon score, aujourd’hui. Considéré comme la plus longue étape de la semaine, la caravane entrait dans l’Erg Oriental, bien connu des spécialistes de la discipline. Les pilotes et copilotes féminines sont à l’honneur. Elles sont 20 venues de 11 nationalités différentes pour relever le défi. Tiphanie Isnard qui a été membre de l’équipe Peugeot Sport, et qui est épaulée par Virginie Soulaire, sont présentes sur cette épreuve avec des grandes ambitions, avec leur DACIA. Guillaume de Mévius Mini X-Raid « Gagner une étape est toujours agréable, mais pour demain, il vaut mieux être deuxième et je me suis rapproché de Nasser au général. Je m’habitue à la voiture et en ce qui concerne le résultat final, je pense que je suis en bonne position. Nous avons un bon rythme et nous ne prenons pas de risques. Je ne vais pas faire de folies pour être premier, ce n’est pas l’objectif, mais c’est sûr que je serai là, si Nasser à un problème, pour le déposer. » C’est la réponse du berger à la bergère !
C’est encore une journée sans faute pour la Dacia de Nasser et Édouard. Le véhicule déroule sa supériorité dans les dunes, malgré le talonnage de Sébastien Loeb, et en plus, il a des fourmis sur la pédale de l’accélérateur ! Lorsque le soleil était au zénith, le pilotage devenait plus dangereux, surtout lorsque les véhicules atteignaient les crêtes, des hautes dunes. Le mot du jour » Lever le pied en haut des dunes, si vous ne voulez pas vous retrouver à Tataouine ‘‘. Ce sont toujours les dunes les plus hautes qui font le moins de bruit. Le motard Daniel Sanders (Red Bull KTM) déjoue tous les pièges de la journée, et encaisse la victoire. Comme ressenti ce matin au départ, Sébastien Loeb s’impose sans trop forcer avec sa Dacia, devant la Mini X-Raid de Guillaume de Mévius, et le Ford de Carlos Sainz. Les SSV ne sont pas en reste. Les deux Can-Am Maverick de Hunter et de Chaleco, devancent Alexandre Pinto.
En camion, Martin Macik MM Technologie, remporte sa quatrième victoire. La messe est presque dite, dans cette catégorie. Daniel Sanders (Red Bull KTM Factory Racing) : « Nous savions que la course serait longue aujourd’hui et que le départ serait donné tôt. Nous sommes partis sur des pistes rapides et j’ai rattrapé les deux premiers au moment de la première neutralisation. Mais Tosha ne s’est pas arrêté et a continué l’étape pendant qu’Adrien et moi, nous attendions. J’espère qu’il y aura un réajustement au classement. »
10 octobre. Mengoub – Bouârfa. Deux bloucles de 157,5 kms. Cette nouvelle étape est très peu utilisée par les autres organisateurs. L’environnement ressemble à l’Arabie Saoudite, parce qu’elle est très rapide, avec beaucoup de pistes parallèles. Le rythme devrait être relevé à souhait. De plus, la nav sera encore une fois le juge de paix sera la bonne lecture du terrain. Les copilotes devront rester attentifs aux nombreux changements de cap. En revanche, aujourd’hui, pas de sable qui risque de glisser sur les pare-brise. Donc, il faut ouvrir en grand ! pour clouer au pilori son adversaire. Bien malin pouvait dire ce matin, sur la ligne de départ, qui des grands conquistadors allaient s’imposer ? Sur cette épreuve internationale, tous les pilotes savent qu’une fraction de seconde d’inattention suffit pour perdre le contrôle du véhicule, et que votre adversaire vous assène d’un coup fatal. Et, ils sont nombreux à ne pas faire de quartier. Le plus rapide de la journée est, Carlos Sainz. Son Ford Raptor officiel glisse sur les pistes à la vitesse d’un cobra. Derrière lui, la poussière voltige jusqu’au ciel, empêchant ainsi, ses adversaires de se rapprocher. Il ne faut pas l’énerver » El Matador ». Quand, il est dans ces conditions, il impressionne par sa maîtrise, et son coup de volant sur ces sols particulièrement rapides. Il remporte la médaille du travail, du jour ! La deuxième marche du jour est attribuée à Yazeed Al Rajhi Toyota Overdrive. Quant à Guerlin Chiccherit, il montre sur la troisième marche. En SSV, »Chaleco » Lopez Can-Am Factory remporte cette belle étape.
Carlos Sainz. Ford Raptor « Notre première victoire avec Ford. Pour nous, cela représente beaucoup. C’est toujours compliqué de rouler avec une nouvelle voiture. Une chose est sûre, je suis super content pour toute l’équipe. Nous avons tellement travaillé pendant les essais. C’est finalement une récompense de gagner à nouveau avec cette marque. Merci à tout le monde, aux mécaniciens, aux ingénieurs et à nos partenaires. Ils ont fait du super boulot. »
11 octobre. Merzouga – Bouârfa / Mengoub – Bouârfa. 376 kms, dont 273 de spéciale. La der. Cette dernière étape est différente de celle d’hier. Les pistes deviennet plus techniques et plus ensablées. Espérons que cet ultime tracé, ne froisse pas trop de tôle ! sur cette échappée au long cours. Le deuxième et le troisième au classement général se disent : Nasser aura-t-il assez d’essence dans le moteur pour aller jusqu’au ? En attendant, tout le monde se regarde en chiens de faïence, espérant que son adversaire rencontre des problèmes sur la piste. C’est humain, compte tenu de l’enjeu. Pour l’instant, seul contre tous, la Dacia de Al Attiyah et de Boulanger n’ont pas l’intention de se laisser intimider par des petites phrases. Bouchez-vous les oreilles, les cloches vont bientôt sonner ! Ça, c’est dit.
Un doublé mérité pour Dacia, puisque Sébastien Loeb s’empare de la seconde place. Derrière, Guillaume de Mévius montre sur la troisième marche du podium, avec sa Mini X-Raid JCW. Chez les motards, c’est encore Daniel Sanders qui remporte la course avec sa KTM 450. En auto, le Toyota Overdrive Racing se contente de la quatrième place. Dans la catégorie SSV W2RC, l’équipage # 307 Goczal / Haro sur Taurus T3, rempote cette 25e édition. Chez les gros cubs ! le Tchèque # 600 Martin Macik a imposé sa puissance avec son Ivéco, sur les six étapes, avec au final, une heure d’avance sur le second. La messe est dite.
Ils ont dit à l’arrivée : Nasser Al Attiyah. # 200 Dacia « C’est bien de gagner le Rallye du Maroc sept fois et aussi le championnat du monde une troisième fois. Bien sûr, je suis très heureux de gagner pour la marque Dacia, pour la première fois. L’année n’a pas été facile pour nous après notre retrait du Dakar. Une chose est sûre, je suis aussi content pour Sébastien Loeb et Edouard Boulanger. Maintenant, avec la nouvelle voiture, nous attendons avec impatience le Dakar 2025. »
Sébastien Loeb # 219. Dacia Sandrider « Dans l’ensemble, c’est un bon rallye. Nous sommes premier et deuxième avec Dacia, ce qui montre que la voiture est vraiment compétitive et fiable. Nous avons cassé un triangle et un bras de direction durant la course. Il est important de faire un rallye comme celui-ci pour voir les points faibles, et ce qui se casse, afin de s’améliorer pour le Dakar. C’est sûr qu’il y a quelques détails à régler, mais dans l’ensemble, nous sommes très satisfaits de la voiture. La bataille est très serrée entre les différentes voitures, donc je pense que ce sera intéressant pour le Dakar. »
Guillaume de Mévius. # 206 X-Raid Mini JCW. « Pour notre première course avec X-raid, nous pouvons être satisfaits. Nous avons perdu du temps aujourd’hui et la deuxième place, mais nous sommes toujours sur le podium, donc nous sommes très contents. Pour le Dakar, nous aurons le moteur à essence et quelques autres améliorations. D’après ce que nous avons vu cette semaine, nous devrions être prêts à nous battre, dès janvier 2025. »
Carlos Sainz # 203 Ford M-Sport « D’une manière générale, nous avons remplis notre contrat avec une voiture entièrement nouvelle, avec une nouvelle équipe. Je pense que nous avons trouvé la bonne vitesse pour aller plus loin. C’est très émouvant de gagner une étape avec cette toute nouvelle voiture. Le Dakar va être intéressant parce que les firmes Ford, Dacia, Mini et Toyota se tiennent dans un mouchoir de poche. » # 18 Bradley Cox (KTM 450) Champion du Monde Rally2. # 46 Ross Branch (Hero 450) Champion du Monde RallyGP. # 200 Nasser Al-Attiyah Champion du Monde des Rallyes Tout-Terrain.
La prochaine édition se déroulera du 10 au 17 octobre 2025. Par conséquent, rendez-vous dans un an, comme le souhaite David Castera. Auteur : Gilles David & Rallye du Maroc (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos : DPPI, Charly Lopez, Rallye du Maroc.
