Si en 1979, le Paris-Dakar était un fait de société, aujourd’hui, c’est devenu une référence mondiale pour tous aficionados du sport automobile qui pratiquent la conduite extrême. C’est donc dans l’esprit de cette épreuve mythique que LOASIS Rallye est né. René Metge << Quand on est amoureux de l’Afrique, on voudrait partir seul, une boussole autour du cou, avec unique règlement de rejoindre un point donné par le chemin qu’on estime le meilleur. >> Cet esprit d’Antan qui plane dans le désert, c’est ce qui fait le mérite et l’originalité des épreuves en Rallye-Raid. C’est-à-dire, permettre à des gens ordinaires de faire des choses assez extraordinaires.
Nous savons tous que le patrimoine automobile français est exceptionnel, donc, c’est sans doute par nostalgie de ces belles aventures d’Antan ont le vent en pourpre. Ces dernières années, nous voyons fleurir plusieurs épreuves Tout-Terrain, qui intègrent une nouvelle catégorie dites ‘’ Historique ou Classic ’’. C’est le cas de LOASIS Rallye aux couleurs de KONI et de JAQ’AUTO que ces belles voitures ont revétues leurs plus beaux habits du dimanche. En reprenant les mêmes codes et les mêmes sponsors des années 80 et 90, l’épreuve s’est adaptée à tous les nostalgiques qui sont à la recherche de camaraderie et de solidarité, tant en gardant cet esprit de compétition. D’ailleurs, des anciens pilotes du Paris-Dakar ne s’y trompent pas, à l’image d’Alain Coquelle, Marc Joineau et José Lourseau qui avaient fait le déplacement, comme au bon vieux temps. Si le Paris-Dakar n’existe plus, la boisson ‘’ OASIS ’’ est toujours bien présente dans les esprits. En effet, ce fameux doux nectar a été le premier sponsor de la première édition du Paris-Alger-Dakar, en 1979. D’ailleurs, ce qui frappe l’esprit sur la ligne de départ de LOASIS Rallye, c’est la bonne ambiance qui règne chez les 72 concurrents engagés sur l’édition 2024.
Fin connaisseur du pays, Benoit Delmas avait à cœur de faire découvrir aux concurrents des nouvelles pistes, pour cette deuxième édition. Associé au communiquant et pilote Gilles Girousse, les deux compères ont trouvé la bonne formule pour rassembler un maximum de boulimiques du bac à sable. De ce fait, le désert marocain ouvrait donc ses bras aux concurrents venus chercher une petite dose d’émotions, et ce parfum d’aventures qui fait rêver tant de personnnes.
Au programme de cette édition, pistes ensablées, herbe à chamaux, oueds asséchés et tôle ondulée attendaient de pied ferme les équipages. Parmi les pilotes engagés, il y a Christophe Girard, un concurrent aguerri dans tous les domaines de la pratique du Tout-Terrain. Gérant de la société Modulauto, le pilote & préparateur consacre la plupart de son temps à assurer une assistance course pour ses clients au quatre coins du monde. Mais c’est bien connu, chassez le naturel, il revient toujours au galop ! Quoi qu’on en pense, un cheval de course ne prend jamais sa retraite, sauf, si on lui impose. Mais, à force de regarder ses clients prendre le départ à travers le monde, l’appel du désert a été plus fort que la raison. Engagé sur LOASIS sous le # 136 Christophe Girard fait habituellement preuve d’une motivation de circonstance dans tous les domaines. Sur LOASIS, il est associé à Philippe Bouvier pour mener à bien la navigation, car le pilote est conscient que le pilotage est toujours lié au talent du copilote. Rassuré de son duo, le Toyota # 136 HDJ 100 s’élance à bras raccourci sur le prologue de quatorze kms, afin d’identifier l’ordre de départ de la ES1.
ES1. 180 kms. Deux boucles de 90 kms chacune. Remonté comme un coucou ! Christophe Girard parti en seconde position attaque d’entrée, comme un mort de faim ! Son HDJ 100 affronte avec quelques difficultés les premiers cordons de dunes et de dunettes. Le pilote sait que dans le sable, la ligne droite n’est pas toujours le moyen le plus rapide pour relier un point à un autre. En effet, les zones de sable plus sombres sont toujours plus porteuses, car, elles permettent de prendre plus d’élan jusqu’à la suivante. Il faut dire que ce Toyota en a déjà vu de toutes les couleurs ! Il était donc inutile de prendre des risques inutiles, dès la première spéciale.
ES2. 210 kms. Cette seconde place au classement permet à l’équipage de tester la puissance du premier de la classe ! Autrement dit, rester au contact sans prendre de risque avant de porter l’estocade. Une stratégie déjà utilisée au Dakar et en F1. Mais voilà, le sable a eu raison de leurs ambitions. Sans doute trop gonflé, le Toyota se laisse prendre au piège dans les passages farineux. Ça fait partie des multiples péripéties qui peuvent se produire, au gré des étapes, et c’est aussi ce qui explique cette solidarité qui lie les pilotes et les copiloles. Vroooooom, Vroooooom… Qu’à cela ne tienne, après de prompts efforts, l’équipage finira tout de même en tête au classement général.
Un autre véhicule est très remarqué. C’est le Protruck # 214 de l’équipage Sylvain Mautret / Sébastien Blanchet. Cette voiture de course était sur LOASIS pour faire des essais de suspensions et de pneumatiques. Venu de nulle part, le Protruck glisse et godille un peu comme un navigateur qui ferait le Vendée Globe, sur une mer de sable. Dans les dunes, pour le plus grand plaisir des photographes, le puissant Chevrolet fait des mouvements de boule de billard sur les langues de sable ocre. Il faut dire que ce véhicule a une véritable histoire, car il appartenait auparavant au quadruple Champion du Monde, Pierre Lartigue.
Le Protruck sera exposé les 5 et 6 octobre à Villiers Sur Orge, lors de la deuxième édition du Dakar Légend. Évènement au profit de » Octobre Rose » pour aider la recherche médicale du cancer du sein. Parrain de cette exposition, Pierre Lartigue sera présent les deux jours.
ES3. 270 kms. Première étape marathon. Les concurrents se dirigeaient au pied du Djebel Saghro, afin de bivouaquer à l’ancienne, au bivouac de Tazzarine sous les tentes berbères dans la soirée, pour ensuite, observer la lune qui entame sa courbe descendante derrière un sable rougit par la chaleur de la journée. À l’aube, le départ est donné en ligne. Au top, la poussière blanchâtre et stagnante voltigeait entre les épineux, soulevant des nuages de poussières, au sens propre. Ensuite, c’est le passage de nombreux oueds ou d’énormes cailloux qui s’étaient installés en contrebas. Après avoir passé tous ces obstacles, les plus rapides allaient enfin appuyer sur le champignon. Plus loin, entre la croisée des chemins de chèvres, les pistes devenaient roulantes et glissantes, ce qui permettait au Toyota # 136 de s’exprimer librement. Sur ce terrain propice, fin limier, Alain Coquelle, Bowler # 322 se lance dans la bagarre, pour déclarer la guerre aux meilleures lames équipées d’amortisseurs KONI.
À l’issue de cette première étape marathon, Christophe Girard perd tout de même sa place de leader, pour une petite minute. La suite promettait donc une bagarre sans merci qui allait réveiller une Marmotte endormie ! Après l’effort de la journée, le réconfort. C’est un repos bien mérité au bivouac de Tazzarine, digne des mille et une nuits que les valeureux équipages allaient pouvoir profiter de la voûte étoilée. ES4. 250 kms. La seconde étape marathon se déroulait en direction de Merzouga sur 250 kms. Le Toyota HDJ 100 # 136 retrouvait son jardin de prédilection, à savoir des pistes cabossées drapées de sable fin et des enfilades dangereuses, ou même à faible vitesse, les concurrents pouvaient souffrir des difficultés du terrain. Autrement dit, un excellent condensé des pistes africaines, que seul Benoit Delmas a dans sa botte secrète. L’équipage termine avec une avance de 13 minutes sur son poursuivant, malgré un cardan défectueux, que l’équipe d’assistance Modulauto changera en un temps record.
ES5. Les heures passées dans l’habitacle commencent à peser sur les avants bras de tous les rescapés. Si le tracé de cette ultime spéciale ne révélait aucune difficulté, les nombreux changements de Caps s’annonçaient délicats pour les autos. Au coup de canon, tous les concurrents avaient la ferme intention de clouer au pilori le premier de la classe ! Malgré le Fair-play des équipages # 134 Nissan Patrol GR de Moine Jean-Christophe / Jadot Lionel, l’équipage # 133 Gourragné Pierre et Lucas sur Nissan Terrano, ainsi que le # 107 Peugeot P4 de Laurent Aub / Romain Porchère. Ces trois-là, n’avaient pas l’intention de baisser pavillon. À bon entendeur, salut. Mais en Rallye Raid, un vrai combattant ne compte pas seulement sur ses propres forces, il se sert aussi de l’énergie de ses adversaires. IForce est de constater qu’il y a des bisbilles entre les premiers de la classe ! C’est le moins qu’on puisse dire.
Force était donc de constater que dans cette ultime ligne droite, la chasse à l’homme est ouverte. Déjà, la veille, les annonces allaient bon train dans cette échappée au long cours contre le Toy # 136. Les # 134, # 133 et # 107 disaient haut et fort << Il a beau envoyer du bois, le garçon ! on va lui faire passer un mauvais quart d’heure, dans les passages d’herbe à chameaux >>. On assistait donc à un bras de fer verbal qui risquait de se terminer en froissement de tôle ! entre les quatre premiers. Du coup, la violence du combat était visible. << Ah, non, c’est un peu court, jeune homme ! >> Tous les poursuivants attendaient la bonne occasion pour dépasser le Toyota survitaminé qui glissait à la vitesse d’un Cobra en direction du Podium. Pas de quartier, bordez l’artimon, ça va souffler ! Mais attention, <<Ce n’est qu’à la fin du bal, qu’on paye les musiciens >>. Comme aimait le dire René Metge.
Seulement, Christophe Girard est un vieux briscard, rodé à la pression. Il a pour habitude de tenir à distance une meute assoiffée de vitesse, tout en maitrisant l’abordage de ces flibustiers assoiffés de podium, pour mettre les voiles ! << Il ne faut pas les manger les champignons, il faut juste appuyer dessus ! >>. À l’issue, de cette folle semaine, l’équipage # 136 Girard/Bouvier passe la ligne d’arrivée avec 10 minutes, d’avance et empoche dans son escarcelle, la catégorie tant disputée. Force est de constater que la bagarre a fait des dégâts dans cette dernière ligne droite, puisqu’à l’arrivée, les concurrents étaient tellement sales et épuisés par la piste, que la moindre gorgée d’OASIS était une bénédiction ! Clap de fin. Finalement, Le pari de Benoit Delmas et de Gilles Girousse transforme tous les rescapés en vainqueur. Conclusion, compte tenu du succès grandissant de ces deux organisateurs, LOASIS Rallye est sans doute en route pour plusieurs années. Christophe Girard << On était venu pour faire une belle performance, on repart avec le Graal. J’en profite pour faire l’éloge des membres de l’organisation pour leur professionnalisme, sans faille. >>
Classement général : Classic avant 2003. 1 # 136 Girard/Bouvier. HDJ 100. 2 # 134 Moine/Jadot. Nissan Patrol. 3 # 133 Gourragné Pierre et Lucas. Nissan Terrano
Classic avant 1990. 1 # 107 Aub/Porchère. 2 # 114 Rivollet/Novel. Toyota HDJ 61.3 # 102 Roche/Gauthier. Range Rover
Rallye Raid. 1 # 212 Chapot/Max Delfino. BMC 2 RM. 2 # 207 Mogno/Tapia. SSV Can Am. 3 # 222 Alain Coquelle / Louis Coquelle. Bowler
Moto : 1 # 1 Tocaben Sébastien KTM 450
Le mot de l’organisateur, Gilles Girousse << Satisfait, on le serait à moins du résultat final. Ce qui frappait l’esprit de tous sur LOASIS, c’est la bonne ambiance qui règnait chez les concurrents. À l’année prochaine pour de nouvelles aventures >>
Auteur : Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos : Olivier Milon Art Book Racing & Loasis Rallye.