Le Hellas Rally est une épreuve de sport mécanique internationale où plusieurs dizaines de nationalités étaient présentes. Cette course se déroule en Grèce centrale, dans les régions les plus reculées, entre montagnes, vallées et forêts verdoyantes. Équipés d’un Road Book traditionnel et d’un GPS les copilotes allaient se lancer dans une navigation délicate. Au programme de ces sept jours de course : des hautes altitudes, de la poussière voltigeante, des chemins boueux et glissants, des traversées de rivières limpides, néanmoins dangereuses. Pour corser le tout, les concurrents allaient affronter deux étapes marathon qui les emmènera au Lac Plastira.
Nombreux étaient les Français à avoir répondu à l’appel de l’organisateur. Trente-sept motards et trente SSV, soit un total de 67 Français, pour défendre les couleurs. Parmi eux, on retrouve dans la catégorie »illimitée » des cadors de la discipline : Lacam, Frétin, Gaétan, Martinez, Rollet, Denecheau, Castan, Pélichet, Delphine, Crosse, Delphine Delfino, Rouvière, Max Delfino, Passarelli, Oguey, Lormand, Halter…
À moto, les meilleurs cavaliers de la planète étaient présents : Jacopo, Joly, Puocci, Iglesias, Eristi, Mulec, Tobias… pour relever le défi. La première rencontre était consacrée aux vérifications administratives et techniques, sur trois jours. Dans les stands, il régnait une bonne ambiance chaleureuse et conviviale à la fois. Comme sur toutes les autres épreuves, pour les pilotes, c’est l’occasion d’échanger et de parler des performances de leur engin, et de leur envie de faire un bon résultat.
Après les courtoises qui caractérise cette discipline, les festivités commencaient le 27 mai par la ES1. Une étape longue de 250 kms. Le départ du premier concurrent est donné à 10h00 tapante. C’est un tracé ou la navigation allait être délicate par les nombreux changements de cap, d’importants lacés, et de nombreux cols à travers les montagnes du Parnasse, d’Iti et de Gkiona. Les paysages Grecs sont d’une toute beauté. Celles et ceux qui étaient encore il y a quelques sur les pistes du Maroc, allaient apprécier se changement de décor. Fini la poussière ocre qui drapait le sol des pistes. Ici, tout est en glisse. Dès les premiers virages en lacets, les SSV se régalent dans ces grandes enfilades sur ce terrain parfaitement adapté, aux pilotes rapides et chevronnés.
Cette première étape est remportée en SSV par l’équipage Français # 907 Kevin Rouvière/ Delphine Delfino (Can Am Maverick X3) avec un temps de 3h57:01.23. Soit avec une minute d’avance devant l’équipage # 900 Hugues Lacam/Max Delfino ( Can Am X3). À moto, dans la catégorie phare Multicylindre, c’est Jacopo Cerutti sur l’Aprilla Racing Team qui s’empare de la première place avec un temps de 4h03:39.72. En Quad, coup de chapeau à Gaétan Martinez qui réalise le meilleur chrono 4h12:38.32. Fini les courtoisies des trois premiers jours de retrouvailles, cette fois, on est rentré dans l’arène des gladiateurs !
ES2. 290 kms, dont 130 kms de spéciale. C’est sous un beau soleil que cette étape s’apprête à prendre le départ d’Itea. Une station balnéaire réputée dans le pays. À 9h30, le premier motard Tobias Ebster s’élance sur sa KTM, à tombeau ouvert ! Au menu, des pistes le long des montagnes rocheuses, ou la poussière drapait le sol desséché. C’est donc un tracé très technique style WRC qui allait enchanter les plus rapides de cette discipline. Ça tombe bien, car les équipages français aiment particulièrement la bataille pour s’emparer du détroit de Magellan ! PLus c’est dur, plus ils aiment. Une étape rapide où le concours de grimaces a commencé, genre opération Léontine ! À l’arrivée, le # 900 l’équipage Hugues Lacam et Delphine Delfino récidive en empochant le meilleur temps avec leur SSV Can Am. 2h12:11.25. Dans la catégorie Quads, c’est aussi un Français qui signe le meilleur temps # 700 Anthony Baille Yamaha. 2h33:25.63. Catégorie motos, Jacopo Cerutti remet le couvert avec son Aprilla Tuareg 660. 2h27:26.24. Au bivouac, la nuit permettait de faire le point de santé de sa machine, avant d’entamer la prochaine spéciale qui était marquée par la première étape marathon.
ES3. 280 kms. Étape Marathon. Direction Karpenissi, sans aucune assistance. Autrement dit, les concurrents devront ménager leur monture jusqu’à l’arrivée. Dès l’aube, la trac envahie la caravane. Le départ est donné à 7h15 d’Itea pour le concurrent Italien, Leonardo Tonelli. Lui qui ouvrait la piste devait rester vigilant dans le rétro, car derrière lui, à l’affut, il y avait Jacopo Cerutti. Un teignueux qui aime ferrailler. Une bagarre Italienne qui s’annonçait féroce sur cette étape. Léonardo Tonelli << Hier, l’étape était plus dans mon style de pilotage avec beaucoup de navigation. Aujourd’hui, sera un autre jour. >> Ce qui étonnait la caravane, c’est que le départ était donné au niveau de la mer. 20 kms plus loin, les concurrents atteignaient les 2000 m d’altitude. Le parcours longeait des flancs de montagnes entre chemins de chèvres et enfilades glissantes. Rien de méchant, mais la moindre erreur pouvait envoyer les véhicules en contrebas pour deux ou trois galipettes !
Malheureusement, c’est ce qui est arrivé au motard Tobias Ebster. Il chute dès les premiers kms. L’essoreuse a fait son travail et la sentence est sans appel. Une fracture du bras et une moto bien abîmée. Du coup, le pilote empoche, en prime, la décevante expérience du Coitus interruptus ! Entre temps, les orages faisaient rages, ce qui ajoutait une épreuve supplémentaire à la difficulté de la journée. Les SSV sans pare-brise ne sont pas à la noce ! l’eau dégouline dans l’habitacle et sur le Road-Book. Bien comptant de passer la ligne d’arrivée, le motard Slovène Toni Mulec réalise le meilleur temps avec 5h15:36.01. En Quad, Anthony Baille enfonce encore le cloud en 5h30:33.10. Dans la catégorie SSV, c’est un passage de relais entre Hugues Lacam et le duo Français # 910 Castan/Paget sur Can Am Maverick X3 RR. 5h25:58.12. Force est de constater que la plupart des équipages ont fait de la mécanique, toute la nuit. Au bivouac, C’est le système D, contre vents et marées, chacun cherche désespérément une pièce défectueuse, chez les copains.
ES4/ Deuxième étape marathon. 230 kms. Hier, l’étape a fait des dégâts, puisqu’il manquait 20 équipages sur la ligne de départ. La caravane ressemble encore une fois à une artillerie navale qui vient de réveiller, en sursaut, une marmotte ! Ce matin, les paupières et les visages des concurrents étaient tirés. Qu’à cela ne tienne, quand faut y aller, faut y aller ! dans cette boue collante qui s’accroche aux pneumatiques et aux bavettes. Le top départ est donné de Karpenissi dès 8h00. Les concurrents reprennent les pistes à l’envers, pour revenir au bivouac d’Itea. Le premier se jette à bride abattue sur cette patinoire réservée aux meilleures lames. Mais, qui sème le vent, récolte la tempête. En fait, ce n’est qu’une histoire de gros grains sur cette spéciale. Ce terrain oblige les équipages à lâcher de la bride et de mettre en place la politique de l’endurance Tout-Terrain. Au passage du chrono, le SSV # 900 de Hugues Lacam/Max Delfino fait un temps de 4h24:19.20. Il devance de sept minutes le SSV # 907, de Kevin Rouvière/Delphine Delfino. Décidément, chez les Delfino, c’est une affaire de famille. Lequel des deux Delfino lâchera prise le premier ? Encore une fois, Anthony Baille signe son empreinte sur son Quad Yamaha, en 4h44:48.51. À moto, Jacopo Cerutti survole ses concurrents avec son Aprilla, avec un temps de 4h36:56.06.
ES5. 300 kms. Les rescapés prenaient la direction de la pittoresque ville Nafpaktos. Le programme de la journée était chargé et rude pour les hommes et les machines, même pour les plus aguerris. Voilà pourquoi, cette ultime étape, risquait d’avoir un rôle de juge de paix ? Au menu, montagnes escarpées, crevasses, pierres non taillées, chemins rocheux en pif/paf, avec de nombreux freinages en courbes, dans une forêt boisée.
Un parcours qui allait favoriser les SSV plus court en empattement. Ces enjons ne sont pas venus sur le Hellas pour faire de la dentelle ! Bien au contraire, toujours prêts à sortir du bois ! Ces petites bêtes rapides comme l’éclair restent farouchement hargneuses dans tous les domaines. Seule la victoire les intéresse. L’inconvénient pour ces véhicules, c’ est la poussière qui voltige sur le sol, au point d’effacer la piste principale. La navigation était tout aussi difficile, des Y en sortie de virages, plus ou moins visibles. La bonne lecture du Road Book devenait l’arme essentielle pour passer la ligne d’arrivée sans encombre. Par conséquent, c’est un ballet bien organisé par le copi, mais exécuté par le pilote. Car l’un ne va pas sans l’autre.
ES6. 60 kms. Pour certains une formalité, pour d’autres, une anxiété. Sur la ligne de départ, ce matin, tous les concurrents écoutaient le bruit de leur moteur qui se prolonge en eux comme une rumeur d’angoisse et de joie, à la fois : angoisse de la panne et joie d’une éventuelle victoire. Le premier à passer la ligne d’arrivée est le motard Slovène # 20 Toni Mulec sur sa Husqvarna 450. 5h04:02.52. En Quad, le Français Gaëtan Martinez a été le plus efficace 5h25:03.65. Quant à la catégorie SSV, elle tombe dans l’escarcelle de l’équipage Français # 909 Pascal Rollet/Stéphane Denecheau.
Hellas ! c’est déjà fini. Finalement, cette course ne laissait que très peu de temps pour faire du tourisme ! Classement final 2024 : Dans la catégorie moto, # 20 Toni Mulec Husqvarna 450, monte sur la plus haute marche du podium. La deuxième marche est attribuée, au Français # 19 Loïc Minaudier Yamaha 450. En troisième position, c’est le motard Italien # 375 GasGas 450 Léonardo Tonelli. En Quad, c’est le Français # 700 Anthony Baille qui s’approprie le Graal, devant l’autre Français # 709 Gaëtan Martinez. Le Grec # 708 Antanas Karampelas, monte sur la troisième marche. En SSV, l’équipage Français # 900 Hugues Lacam/ Delphine Delfino. Can Am X3, lève la coupe des vainqueurs, devant le Français Manu Paget. L’équipage Anglais # 923 Severn/Gospodarcyk. Polaris Pro R, monte sur la troisième marche.
Auteur Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit Photos : Anton Anestiev d’Actiongraphers. Merci à Meletis Stamatis, Gkolias Matthaios, Michel Paris et Icarus-Sports.