
Cette année encore, ils étaient 66 concurrents à s’être donné rendez-vous sur les terres marocaines pour la 6e édition de la Baja Morocco 2025. Une épreuve qui s’est déroulée sur 1 300 km de pistes en tous genres, au sud du Maroc. Ce mercredi 1er octobre ressemble à des retrouvailles pour un grand nombre de pilotes et de copilotes.


Fidèle à sa réputation, Chris Armelin a concocté un nouveau tracé avec Sébastien Delaunay pour satisfaire les spécialistes de cette discipline, mais aussi, les profanes venus au Maroc pour trouver un petit air d’adrénalines. Le camp s’est installé à l’hôtel Nomad Palace bien connu des organisateurs de Rallyes-Raids. C’est donc au pied des dunes de Merzouga que les vérifications administratives et techniques se sont déroulées, sous l’oeil bienveillant de Gisèle et de son équipe.


Parmi les prétendants au podium, on retrouve quelques équipages renommés qui ont déjà pas mal de bouteille, en Rallye-Raid. Autos/SSV : # 300 Mathieu Sérradori / Loïc Minaudier (Century CR7), # 302 Rick Van den Brink (Century CR7), # 301 Simon Vitse / Max Delfino (MD Optimus Evo 5), # 308 Jérôme Gambier / Marion Andrieu (MD Optimus), # 221 Klaassen Puck / Augusto Sanz (Gecko), # 308 Jérôme Lambillotte / François Beguin MD Optimus).



# 303 Maria Gameiro / Rosa Romero (Mini JCW Rallye), # 304 Nicolas Delencre / Jonathan Lurquin (Ultimate), # 205 Stéphane et Caroline Zosso (SSV ZZK Racing), # 227 Delphine Crosse / Wade Syndely (Can Am), # 214 Jean Brucy / Jérémy Poncet (Can Am), # 309 Akiria Miura / Jean-Michel Polato (Land Cruiser), # 218 Pascal Rollet / Anthony Pes (Can Am), # 200 Hugues Lacam / Delphine Delfino (Maverick ), # 202 Mickaël Metge / Enio Bozzano (Can Am), # 215 Pierre Lafay / Stéphane Denecheau (Maverick), # 234 Benjamin Favre / Thibaud Darroux (Can Am), # 222 Xavier Lormand / Lormand Diego (Can Am)… A moto, # 100 Charlie Herbst (Gasgas), # 101 Benjamin Melot (KTM), # 102 Noa Sainct (KTM)…


Ils débarquent tous avec leur belle machine en fin d’été dans le Sud marocain, lorsque le désert s’apprête à revêtir son manteau d’automne, et que la lumière inonde encore l’horizon. C’est donc dans un décor de carte postale que la caravane 2025 s’élancera demain à bride abattue sur les pistes de sable ocre et glissantes. Parmi les engagés, notons que six équipages 100% féminins étaient présents sur cette épreuve. # 303 Maria et Rosa (Mini X-Raid) « Il nous fallait choisir une course et la Baja était la meilleure pour nous préparer ».



ES1. 238 km. En avant Guingamp ! Trois spéciales chrono. Sur la ligne de départ, tous les concurrents écoutaient le bruit de leur moteur qui se prolongeait en eux comme une rumeur d’angoisse et de joie, à la fois. C’est humain, et ça ressemble à tous les départs d’une course automobile. Le ciel bleu immaculé s’installe au-dessus des acteurs de cette 5e édition, quelques instants avant le top départ. Sous l’arche, Chris Armelin scrute son chrono tic, tac, tic, tac…



La première moto # 100 de Charlie Herbst soulève de rage une poussière furieuse et fine, qui aveugle les commissaires et les photographes. En quelques secondes le motard disparaît des yeux des mécaniciens qui poussent un ouf de soulagement.


Puis, c’est aux autos de se présenter devant le juge de paix ! Impressionnant de volume et de caractère, le CR 7 # 300 de Mathieu Serradori impose sa puissance sur la ligne de départ. Le pilote et le copilote sont concentrés, les yeux fixés sur les gestes du commissaire de course qui décompte les secondes : 5,4,3,2,1… Cette fois, c’est une gerbe de sable qui se soulève à l’arrière du véhicule, et qui disparaît en une fraction de seconde de la vue des spectateurs. Derrière, à la file indienne, l’ambiance s’échauffe et la ferveur monte au fur et à mesure que les minutes s’écoulent. Les yeux rivés sur leur chrono et leur tablette, les copilotes deviennent une espèce de coucou qui vit dans une horloge ! En quelques minutes, le bruit des moteurs disparaît complètement.


Les favoris se sont imposés sans trop forcer. Dans la catégorie autos/SSV le # 301 Simon Vitse et le # 300 Mathieu Serradori se sont régulièrement surveillés dans le rétroviseur, tout au long de cette chasse à courre ! Au fil des kilomètres, on sentait bien qu’il y avait déjà des bisbilles entre les deux leaders. Malheureusement pour Simon Vitse, une méchante saignée a freiner son élan, laissant ainsi, Mathieu Serradori prendre la poudre d’escampette ! À l’arrivée, pas de surprise, le Century CR 7 de Mathieu Serradori s’impose devant l’équipage # 303 Ultimate de Nicolas Delencre / Jonathan Lurquin. La poudre a déjà parlé ! En SSV, la pilote Klaassen Puck a dominé sa catégorie, laissant Mickaël Metge à 4 mn. À moto, là non plus, pas de surprise sur cette mise en jambe. # 101 Benjamin Melot (KTM) et # 100 Charlie Herbst (Gasgas), ont fait la trace et le spectacle.


Néanmoins, ils sont restés très attentifs sans prendre le moindre risque sur cette première étape. C’est le jeune motard # 102 Noa Sainct qui s’approprie la troisième place avec sa KTM.

Nous avions quitté Delphine et Pascal Rollet aux 24 Heures Tout-Terrain de France 2025. Sur la Baja, # 227 Delphine Crosse est avec Syndely Wade (Can Am). Pascal Rollet # 218 (Can Am), roule avec Anthony Pes. Le jeune couple Rollet est habitué et rodé à la compétition automobile. Spécialiste de la presse auto/moto/camion, on est toujours heureux de les retrouver sur les pistes ou sur les circuits, tout comme la famille Favre. Forts de leurs derniers résultats sur circuit et en Rallye-Raid, ils vont sans doute faire monter les enchères ?
ES 2. Étape marathon qui est étalée sur trois spéciales : 116, 59 et 83 km. Au programme, pistes rapides et sinueuses avec un passage de dunes pour le dessert ! Un parcours qui allait ravir les SSV et autres véhicules rapides. Ce matin, # 301 Simon Vitse et Max Delphino (MD Optimus) avait la ferme intention de remonter le plus rapidement possible sur le CR 7 # 300 de l’équipage Sarradori / Minaudier.


Mais voilà, la Mini JC Rallye # 303 de Gameiro avait aussi, bien l’intention de jouer les trouble-fêtes pour s’intercaler entre les deux cadors. Derrière, ça ne chôme pas. # 308 Jérôme Gambier pousse sa machine ultra puissante pour rester au contact du peloton de tête.


Quant à l’équipage # 309 Akira Miura / Jean-Michel Polato, ils sont venus sur la Baja Morocco pour tester leur Land Cruiser 300 GR, afin de préparer le Dakar 2026. Selon eux, cette épreuve est un bon test pour le véhicule et pour les mécanos, à quelques mois du départ de la plus grande et difficile épreuve du monde. Leur Toyota Land Cruiser aime particulièrement le sable et les hautes dunes, car, pour lui, plus c’est difficile, plus c’est intéressant.



Dans cette deuxième étape, on est rentré dans la gueule du loup ! Ça ferraillait dur dans les habitacles et sur la piste. Les francs-tireurs se sont régalés, c’était œil pour œil, dent pour dent ! Remonté comme un coucou depuis ce matin, l’Optimus # 301 de Simon Vitse / Max Delphoni s’impose devant le CR 7 de Mathieu Serradori, d’une poignée de secondes. Quant à l’Ultimat de Nicolas Delencre, il n’a rien lâché puisqu’il reste en observation, au cas où ! En SSV, le pilote Carneiro devance l’Argentin Kevin Benavides, Mickaël Metge et la Néerlandaise Puck Klaassen. Un combat de coqs, dont certains pourraient y perdre des plumes ! Chez les motards, Benjamin Melot et Charlie Herbst jouent à cache, cache dans le désert, sans que l’un des deux cède un bout de terrain.


ES 3. 206 km. Au programme, dunettes, cols, pistes techniques et navigation redoutable . L’heure, c’est l’heure. Aujourd’hui, on sentait bien que les SSV voulaient en découdre avec les grosses cylindrées. Sur la ligne de départ, la pilote # 221 Puck Klaassen serrait de toutes ses forces le volant pour montrer à ses adversaires qu’elle était déterminée à garder la corde. Elle sait aussi que la navigation sera le point fort, ou le point faible de la journée.

Chez les autos, c’est le même regard qui attire les spectateurs. Vitse, Serradori et Delencre ? qui sera le plus rapide dans ces lacets de poudreuse ? Au coup de clairon, l’Optimus # 301 de Simon Vitse / Max Delphino part comme un boulet de canon ! Mais, aura-t-il assez d’énergie pour tenir à distance les CR 7 et l’Ultimat ? Ces trois-là avalent les km à la vitesse d’un TGV, déjouant tous les pièges et les petits cailloux que le ‘’Petit Prince’’ avait laissés au sol pour aider les copilotes à trouver leur chemin. Ce qui a sans doute profité à Mathieu Serradori, puisqu’il s’approprie le meilleur temps, avec 2’46’’ d’avance devant le pilote Belge, Nicolas Delencre. Le classement général reste inchangé. # 300 Serradori & Loïc Minaudier confortent leur place de leader.


A moto, Charlie Herbst profite d’une excellente navigation pour passer le premier la ligne d’arrivée. C’est l’histoire d’un mec ! L’ex-motard Édouard Leconte avait eu un accident dans son dernier Dakar, où il avait abandonné en raison de multiples fractures. Pensant que sa carrière arrivait à terme, il quitte le deux roues pour un quatre roues. À »Cœur Vaillant », rien n’est impossible ! quelques mois plus tard, on le retrouve sur un SSV sur le Carta Rallye 2025, et aujourd’hui sans complexe sur la Baja Morocco, au volant d’un SSV Polaris RZR Pro.



ES 4. 250 km. Au menu : Grand plateau avec herbes à chameaux, pistes /// et dunes d’Ouzina. Selon Sébastien Delaunay, c’est la plus belle. Une étape qui allait mettre en valeur la KTM # 102 de Noa Sainct, fils du célèbre pilote Richard Sainct. Aussitôt dit, aussitôt fait, Noa remporte cette ES 4 devant Melot et Herbst. En autos, la bagarre fait toujours rage entre les CR 7 et les MD Optimus. Là, on joue dans la cour des grands. Les yeux rivés sur leurs rétros, tout ce petit monde se surveille comme le lait sur le feu ! L’équipage # 302 Rick Van den Brinck vient jouer les trouble-fêtes en se plaçant en troisième position de la journée. Pour l’instant, le classement général est légèrement chamboulé, puisque l’équipage féminin # 303 Gameiro / Romero Mini X-raid profite de la casse de la boîte de vitesse de l’Ultimat de Nicolas Delencre, pour monter sur la deuxième marche du podium. Le MD Opitmus # 305 de Philippe Lambillotte se positionne maintenant à la troisième place du classement général. En SSV, le duel Claassen / Metge anime cette catégorie. Qui lâchera prise le premier ? Finalement, après de prompts efforts, c’est Kevin Benavides # 247 qui met tout le monde d’accord, en profitant des erreurs de navigations de ses adversaires.



ES 5. 210 km. La der ! Celle de tous les dangers. Nous voilà dans l’arène des gladiateurs pour affronter la dernière étape. Les vieux loups de mer comme Hugues Lacam savent que, dans les dunes, la ligne droite n’est pas toujours le moyen le plus rapide de lier un point à un autre. Ils savent ausi que les zones de sable plus sombres sont toujours plus porteuses, car elles permettent de prendre plus d’élan jusqu’à la suivante. Moteur, on tourne ! Si certains concurrents sont relaxes, d’autres sont un peu stressés, car, ils savent que le manège peut s’enrayer dans un grain de sable et peut s’arrêter à tout instant. Malheureusement, c’est la dure réalité du sport mécanique. Au-delà de la performance de la veille, il y avait aujourd’hui, des problèmes épineux à résoudre, surtout dans les derniers tronçons de dunes, où les reliefs sont gommés et piégeurs.


Clin d’œil sur le # 205 SSV, de Stéphane et Caroline Zosso. Un couple Suisse aux multiples facettes. Stéphane, est le patron de l’écurie ZZK Racing. Il envoie du bois, le garçon ! Dynamique, Stéphane Zosso est préparateur et pilote à la fois. On le croise souvent avec son épouse sur les plus grandes épreuves internationales. Souriante dans la vie, Caroline est une navigatrice aguerrie et reconnue pour son sérieux et sa rigueur. Dans l’habitacle, c’est la cheffe d’orchestre. Caro manipule d’une main de fer tous les instruments de bord. Casque sur la tête, elle devient la boussole de son mari. Sur cette Baja, l’équipage Suisse termine à la 11e place, au classement général « Cette année encore, ce fut une magnifique course. Le tracé été particulièrement varié, il y avait tout, du rapide, des dunes, des oueds, des cols, de l’herbe à chameaux, de la tôle ondulée… Bref, c’est pour toutes ces raisons que nous restions fidèles à cette épreuve. Bravo à l’organisation, et sans doute à l’année prochaine.»



Finalement, tout le monde est heureux d’en avoir fini, le bivouac à l’hôtel Nomad Palace retrouve son aspect originel, et toutes marques de violences de fatigues sont effacées. C’est la fin des hostilités, l’hélicoptère vole au dessus du sable ocre et de la ligne d’arrivée, en attendant que d’autres épreuves viennent s’affronter dans ce décor majestueux.


Classement général final : Moto : 1 # 101 Benjamin Melot (KTM). 2 # 100 Charlie Herbst (Gasgas). 3 # 102 Noa Sainct (KTM). Auto : 1 # 300 Mathieu. Serradori / Loïc Minaudier (Century CR 7). 2 # 202 Mickaël Metge / Enio Bozzano (Can Am). 3 # 221 Klaassen Puck / Augusto Sanz (Can Am). 4 # 215 Pierre Lafay / Stéphane Denecheau (Maverick). 5 # 208 Rui Carneiro / Floene Ola (SSV).
Auteur : Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos. Anton Anestiev. ActionGraphers.