Après les jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, d’autres épreuves internationales reprennent leur rythme de croisière, aux quatre coins du globe. Cette quatrième édition de la Baja Morocco s’est déroulé autour de Merzouga. Ils sont 53 engagés, venus de différents horizons. Comme à l’accoutumée, Chris Armelin a confié à Sébastien Delaunay de concocter un tracé inédit, mais qui a dû être revisité ces derniers jours, après les fortes pluies qui ont touché la région. Sébastien est un pisteur de haut vol, son expérience, sa précision et son sens de la réalité du terrain, étaient l’une des clefs de la réussite de cette édition, 2024. Sébastien Delaunay « Avec l’aide de Pauline Ibanez et Amaury, nous avons été obligés de revoir tout le parcours, pour qu’il soit à nouveau praticable. De toute façon, il n’était pas question de faire courir le moindre risque aux concurrents. »
Si les jeux 2024 avaient leur mascotte, la Baja 2024, a aussi la sienne. C’est un BB chiot que Gisèle et Chris ont trouvé au milieu de la route, du côté de Ouarzazate. Sur lui, aucun papier, pas de clefs, pas d’adresse, et pas de portable. Autrment dit, abandonné à lui-même. Chris prend donc la décision de le faire monter dans le 4×4 pour éviter qu’il se fasse écraser. Une fois dans la voiture, cette petite boule de poils a été choucoutée et baptisée pour l’occasion ‘’ Baja ’’.
Merzouga est stratégiquement située dans une enclave entourée d’une mer de sable. Par conséquent, l’épreuve était sous le signe de la couleur ocre. C’est donc à cet endroit que l’organisation a posé ses valises, et plus précisément, à l’hôtel Nomad Palace, situé aux pieds des dunes. La lever de rideau était les vérifications d’usage, dès le samedi 23 septembre. À la queue leu leu, tous les équipages prennent leur mal en patience pour obtenir leur # de course, et le fameux ‘’Pass’’, tant attendu. Dans les paddocks, il règnait à la fois une ambiance de retrouvailles, de chaleurs humaines et d’observations, entre les écuries. Mais, nous savions que cette courtoisie n’allait certainement pas durer, car le lendemain, elle était vite abandonnée, au profit d’une course, sans merci !
Un parfum qui sent bon l’aventure ! Les ingrédients étaient simples, sport, convivialité et entraide. Fidèle à sa réputation, Chris Armelin applique toujours la même recette : étapes pas trop longues, peu de liaison, une bonne cuisine et un couchage de qualité. # 205 Jean-Olivier Albaret « Je suis heureux de retrouver mon terrain de jeu favori, et tout particulièrement cet endroit magique, du Maroc. Notre Team est présent avec trois SSV, et notre ambition sera de monter sur le Podium, ou en tout cas, de terminer l’épreuve à d’honorables places. »
Dominique Housieaux « Je suis contant de retrouver les copains. Cette année, je cours sur un Buggy Century CR6, qui a déjà fait ses preuves. En mélangeant toutes les catégories, cette nouvelle version me plait considérablement. L’objectif avec Loïc Minaudier, c’est de doubler celui qui est devant, mais surtout, se faire plaisir toute la semaine. » Équipage Vitse / Lefebvre. MD Optimus # 300. « Malheureusement pour nous, nous ne prendrons pas le départ de cette quatrième édition. Moteur cassé. Je suis un peu frustré de ne pas pouvoir rouler, mais malgré tout, content d’être là, car j’aime beaucoup cette organisation. Nous serons donc du côté de l’autre côté de la barrière pour vivre de l’intérieur, cette nouvelle édition. »
Dimanche 23 septembre. La Baja Morocco démarre sur les chapeaux de roue, dès 8h30 pour la première moto. Les voilà dans l’arène des gladiateurs pour affronter la dure réalité de la piste. Lors du Briefing de la veille, Sébastien Delaunay avait décrit la première journée. Une spéciale de 56 kms et deux de 102 kms. Cette mise en jambe allait faire découvrir aux concurrents des pistes ensablées, des dunettes et des vallées sablonneuses. Il avait aussi précisé qu’entre le km 76,88 km et le km 80, il y avait plusieurs dangers III. Idem entre le km 83 et 86. Une première ou les plus rapides allaient s’illustrer, à moins que des débutants bien inspirés viennent contrecarrer les ambitions des spécialistes du Tout-Terrain. # 203 SSV Can Am. Delphine Delfino « Je suis impatiente de partir sur la piste, pour que la pression retombe » # 302 MD Optimus. Jérôme Cambier « Quand je pense qu’avant, je faisais des Raids en 4L, me voilà maintenant dans l’une des meilleures écuries de France. J’ai aussi la chance d’avoir à mes côtés Jonathan Luquin. Une épée en navigation. » # 303 Century CR6. Loïc Minaudier « J’aime autant être dans une voiture de course que sur une moto. D’ailleurs, en 1993, j’ai été sacré Champion de France de ‘’ La Montée de l’Impossible’’ Aujourd’hui, je copilote Dominique Housieaux sur la Baja. Ensuite, je pars sur le Rallye du Maroc et le Dakar avec Mathieu Serradori. »
C’est sous un soleil bleu d’azur, que le motard # 100 Xavier Flick KTM 450, a l’honneur de s’élancer le premier sous le drapeau, de cette quatrième édition. Soulevant une poussière ocre qui drape le sol, la moto disparaît en quelques secondes. C’est un réel plaisir de retrouver ces valeureux guerriers, car, ils sont les véritables héros de cette discipline. C‘est bien connu, un motard ne compte pas seulement sur ses propres forces, il se sert aussi de l’énergie de son adversaire. C’est la raison pour laquelle, nous devrions assister à une belle bagarre dans cette catégorie. Trente minutes plus tard, la première auto s’élance, à 9h00, sous l’œil aguerri des deux chronométreurs. En une fraction de seconde, le véhicule est englouti par le sable fin. Cette fois, tout le monde entre dans l’arène des Gladiateurs, pour cinq jours de course.
Dans la première partie du parcours de 56 kms, la KTM 450 # 100 de Xavier Flick, maintient la pole position. En auto, le MD Optimus # 302 Cambier / Lurquin ouvre le bal ! En SSV, le # 204 Cavigliasso/Pertegarini survole, du moins pour l’instant, sa catégorie, se rapprochant ainsi, de l’équipage Ourednicek/Bartak # 301 Toyota Overdrive Hilux T1. Sur la deuxième et troisième partie de la journée, les concurrents avaient deux boucles de 102 kms. Dans la première boucle, le motard # 100 Xavier Flick, et le Buggy de Cambier / Lurquin MD Optimus # 302, mènent la danse. Non loin, l’équipage # 304 Delespeaux / Verdaguer, sur Dunbee, rencontre des problèmes mécaniques sur la piste. L’organisation fait partir rapidement un camion pour le tirer à la ficelle, jusqu’au goudron.
Les dix motards engagés, n’avaient pas trop le temps d’admirer le paysage. être motard, c’est faire cavalier seul debout sur son cheval, et ô combien solitaire, et fascinant, à la fois. Si le parcours ne révélait aucune grande difficulté majeure pour les motos, la succession de changement de caps obligeaient les pilotes à rester, malgré tout, très vigilants. Dans la deuxième partie, l’équipage Argentin # 204, Cavigliasso/Pertegarini, SSV Taurus, s’empare de la pole position, à la barbe des Buggys de pointe. Dans le même temps, une petite erreur de nav fait perdre à Xavier Flick, KTM 450, sa place de leader. Du coup, la traque est ouverte ! À quelques dizaines de kms de l’arrivée, on assiste à un chassé-croisé entre tous les premiers de la classe ! Après une étape remplie de rebondissements, Xavier Flick # 100 KTM 450, remporte malgré tout cette première journée. En Auto, c’est l’équipage Argentin SSV # 204 Cavigliasso / Pertegarini, SSV Taurus, qui signe le meilleur temps.
Ils ont dit : # 204 Nicolas Cavigliasso SSV T3. Taurus. Un pilote Argentin qui a été 2e en Quad sur le Dakar 2018, et premier en 2019. « Je suis content d’avoir remporté cette première étape avec mon copilote Valentina Petergarini, avec qui, j’ai une très bonne entente. Nous avons trouvé cette spéciale aussi belle que sur le Dakar. Des pistes variées avec beaucoup de changements de rythmes. Franchement bravo à celui qui a fait le tracé. Si nous sommes sur la Baja, c’est pour nous entraîner avant le Rallye du Maroc, et pour le prochain Dakar. Un véritable entraînement pour tester les hommes, mais aussi la mécanique. Actuellement, nous sommes 2e au Championnat du Monde de la catégorie SSV T3. » # 100 Xavier Flick. KTM 450. Ancien pilote moto en Championnat de France Cross, puis d’Endurance. « Grâce à mon père qui a participé à sept Dakar, il m’a rapidement familiarisé avec le Tout-Terrain. C’est un réel plaisir de revenir sur cette épreuve que j’avais remporté l’année dernière. Je suis inscrit pour le prochain Dakar dans une nouvelle écurie. Mais, pour l’instant, je ne peux en dire plus. Bien entendu, mon ambition est de récidiver, sur cette quatrième édition. En plus, j’ai avec moi ma compagne Marie-Sophie. Ça aide. »
Mardi 24. Cette deuxième étape s’annonce tout aussi passionnante que la première. On a bien compris que la bagarre était engagée entre les différentes catégories. Comme hier, le départ de la première moto est fixé à 8h30, et à 9h00 pour les autos. Aucune liaison, puisque ce départ est donné au pied de l’hôtel. Au programme, trois spéciales. Une première de 115 kms, avec une liaison de 6 kms. La seconde de 66 kms et la troisième de 78 kms, avec une arrivée au pied de l’hôtel Nomad Palace. La ES1 était marquée au km 42,08 par un Oued ensablé, qu’il fallait descendre par une grande marche. Puis, au km 56, les équipages se dirigeaient vers un autre Oued en HP, sur plusieurs kms. Sébastien Delaunay avait prévenu au briefing « Faites très attention, car, vous serez entouré de sable mouvant. » Une fois sorti de ce piège, les concurrents trouvaient une piste roulante qui régalaient les plus rapides. Cette poussière qui drapait le sol depuis deux jours, au point d’effacer la piste principale, était l’ennemi de tous. Stagnante entre les épineux, elle brouille les pistes déjà peu visibles. Sur la ES2, plusieurs passages de dunettes, et d’herbe à chameaux, avant que les concurrents s’élancent sur la ES3, de 78 kms, dont 33 de magnifiques dunes, aux couleurs ocre. Dans les dunes, la ligne droite n’était pas forcément le moyen le plus rapide pour relier un point à un autre. Les plus aguerris savaient que les zones de sable plus sombres sont toujours plus porteuses, car, elles permettent de prendre plus d’élan jusqu’à la suivante. Voilà pour le plat du jour. Finalement, c’est un parfait condensé de ce que l’on peut trouver dans cette région.
Dès les trois premiers kms, quelques motards partent trop sur la gauche. Déjà quelques minutes de perdues. Mais, un quart d’heure plus tard, ils reviennent sur leurs pas à la queue leu-leu. En revanche, les autos, ont tout de suite trouvé la bonne piste qui se dirigeait sur un beau plateau. Dans cette première partie de 66 kms, les concurrents changeaient de rythme en permanence, tant tôt, un peu plus lent, tant tôt, tout en sprint. Un petit fait de début de course, 20 mn après le départ, l’équipage # 302 Optimus Cambier / Lurquin, stop leur véhicule. Un petit problème mécanique qui leur fait perdre quelques minutes. En revanche, le motard # 104 Amnay Hjji casse son moteur, au km 45. Il est rapidement pris en charge par l’organisation, afin qu’il puisse repartir avec un nouveau moteur, dès le lendemain. Pendant ce temps, les autres motards filent à toute vitesse sur ces pistes sinueuses à souhait. Bernard Éric # 105 et Damien Derocq glissent à la vitesse d’un Cobra. Ces cavaliers seuls sont souvent solidaires entre eux. La plupart du temps, ils adoptent une discipline sans faille toujours associée par deux, mettant tout en commun pour affronter la difficulté. Si certains motards scrutent désespérément un passage plus rapide néanmoins plus dangereux, d’autres concurrents n’échappent pas aux problèmes.
C’est très exactement ce qui est arrivé à l’équipage # 203 SSV, Lacam / Delfino. Tout s’est passé dans le troisième tronçon, en un millième de seconde. Ce n’était pas une valse à trois temps, mais une valse à six temps ! Pirouette, cacahouète. Heureusement, plus de peur que de mal, l’équipage sort indemne, mais pas le pare-brise.
Coup dur aussi pour le Toyota Overdrive Hilux # 301. À 14h00, il est arrêté sur la piste, à cause d’un problème de direction assistée. À cette heure précise, le vent souffle de plus en plus sur Merzouga. Au même moment, l’hélico a aussi un problème mécanique. Il est 14h18, la décision est sans appel. Chris Armelin et le directeur de course décident de neutraliser la course. Tout est donc mis en œuvre pour prévenir les concurrents, afin qu’ils retrouvent rapidement le goudron. Effectivement, rien n’est plus difficile que de rouler tout droit dans une tempête de sable. De ce fait, les dunes et leur relief sont gommés, en un grand coup de vent. Du coup, on ne s’aperçoit même pas qu’on dérive. De ce fait, le Rallye n’est plus capable de sécuriser les concurrents, sans son hélico.
# 209 Eric Galgani. SSV Can Am X3. « Pour l’instant tout se passe bien. Dans cette première partie, il y avait pas mal de pièges à éviter. Eric Bersey, mon copilote fait un sans-faute. C’est important, surtout lorsque qu’il y a beaucoup de changements de caps, et des grosses saignées dangereuses. Cette année, j’ai la chance d’avoir dans mon équipe, mon fils de 15 ans. Il est d’ailleurs, très volontaire. La relève est donc assurée. En fait, c’est une affaire de famille, puisque mon épouse et mes quatre enfants me soutiennent depuis longtemps, dans toutes mes aventures. J’ai trouvé sage la décision d’arrêter la course, compte tenu de cette tempête qui était annoncée. Enfin, j’espère que nous n’allons pas commettre la même erreur de l’année dernière. Pour la petite histoire, nous avions fait un tonneau à un km de l’arrivée. Quoi qu’il arrive, j’espère être aussi présent sur le prochain Carta Rallye 2025. » À moto, Xavier Flick # 100 remporte sa catégorie. En auto & SSV, c’est l’équipage # 204 SSV Taurus. Caviglisso/Pertegarini qui remporte l’étape.
Mercredi 25. L’hélico étant réparé, le départ du jour a pu être donné à 9h00, pour la première moto. C’est encore sous un ciel bleu azur que les concurrents s’élancaient sur cette troisième étape. Au menu, trois spéciales. Une de 62 kms + 25 kms de liaison. Une seconde de 102 kms et une troisième de 58 kms, avec une arrivée à l’hôtel Nomad Palace. Force est de constater que la course a déjà fait des victimes, puisqu’il y a cinq non-partants : # 301, # 217, # 232, # 301, # 225. Le Toyota # 301 Overdrivve Hilux Gazoo n’a malheureusement pas réussi à réparer sa direction. C’est avec une certaine amertume que l’équipage, d’ailleurs, bien sympathique, jette l’éponge, pour aujourd’hui. La première partie se déroule dans les dunes d’Ouzina, puis, les concurrents rouleront dans un grand cayon, avec pas mal de grosses pierres, puis retour dans les dunes. Sur la deuxième, au km 102, les copilotes devront s’arranger pour que leur véhicule serre à gauche le long du chott. Les consignes du directeur de course étaient claires. Ensuite, 25 kms de liaison pour prendre le départ de la ES3, de 58 kms. Les pistes amènaient les concurrents dans une cité historique, avec un finish très roulant, jusqu’à l’hôtel.
# 207 Christophe Cresp. SSV. « Hier, nous avons cassé notre transmission. Ce matin, on se sent mieux et confiant. Mon copilote Arnold Brucy est au top. La nav est à la fois précise et redoutable. En tout cas, c’est un vrai plaisir pour nous deux de découvrir des nouvelles pistes. Les conditions du terrain sont parfaites pour faire évoluer le véhiculer. Ma présence sur cette épreuve est importante, car je suis dans les meilleures conditions pour préparer le Dakar 2025, que je vais faire avec Jean Brucy. » Delphine Delfino # SSV 203, se laisse embarquer par un Y, à gauche. Du coup, plusieurs équipages suivent Delphine, sans se rendre compte de l’erreur de nav. Preuve que si ces spécialistes du désert se sont laissé prendre au piège, la nav n’était pas évidente sur cette spéciale. Comme quoi, même les plus expérimentés peuvent faire des erreurs. En fait, une piste se déchiffre comme une partition musicale. Il ne faut jamais perdre les notes, ni les courbes, même si parfois, elles s’effacent devant une bourrasque de sable.
L’équipage SSV # 207 Christophe Cresp / Arnold Brucy a un petit accident, mais sans gravité. Il faut dire cet ancien judoka envoie du bois ! Mais cette fois, il attaque un peu trop fort la deuxième hautes dunes d’Ouzina, et son véhicule bascule au sommet. La sanction a été sans appel. Le SSV fait un rouler-bouler sur plus de cent mètres de dénivelé. Alerté, au PC course, Sébastien Delaunay met tout en œuvre pour que l’hélico et les médecins se rendent sur les lieux, le plus vite possible. Le pilote Christophe Cresp est peu un secoué en sortant du véhicule, quant à Arnold Brucy, il n’a rien. Plus de peur que de mal. Tout le monde est rassuré.Pendant ce temps, le Bowler # 306 qui n’a sans doute pas écouté les consignes de Sébastien Dalaunay, lors du briefing ‘’ IMP, serrez à gauche le long du chott ’’, pour éviter les sables mouvants. Des consignes déterminantes.
D’ailleurs, même Chris Armelin est tombé dans le panneau. Finalement, c’est la loi de Murphy « Tout ce qui peut mal tourner, va mal tourner ! » Pendant ce temps, les motos font le spectacle, les meilleurs pilotes slaloms entre les herbes à chameaux, les épineux et les courbes en devers, au milieu d’un tourbillon de poussière. Outre les beaux paysages, ce type de spéciale est à la portée de tous, mais, elle renfermait beaucoup d’imprévus, avec des changements de terrain qui pouvaient surprendre les meilleures lames. En Rallye Raid, les dépassements sont des manœuvres dangereuses, il était donc inutile de résister et de prendre des risques. Les hautes dunes d’Ouzina sont très piégeuses. # 303 Dominique Housieaux / Loïc Minaudier. Century CR6. « Incroyable étape. J’ai trouvé la première partie très cassante et très usante. Je reconnais que je n’étais pas vraiment dans mon assiette, ce matin. Un sol défoncé par les pluies avec des saignées partout. La Deuxième partie, j’ai finalement retrouvé tous mes moyens, lorsque la piste est redevenue sinueuse et rapide. Pour me faciliter le travail, Loïc a fait une nav exceptionnelle, avec une incroyable précision. Ça aide, lorsque vous avez avec vous le copilote de Mathieu Serradori. Je me suis même posé la question, s’il n’avait été reconnaître la piste dans la nuit, pendant que je dormais ! C’est vrai que nous avons la chance d’avoir un véhicule d’une grande solidité, avec un confort parfait et une suspension remarquable. Cela me permet d’aborder les obstacles en toute confiance. J’ajoute que notre assistance est au top. J’ai vraiment beaucoup de chance d’être aussi bien entouré. » Pour la troisième fois, Xavier Flick # 100 remporte cette étape avec sa KTM 450. En auto, c’est l’équipage # 210 Guerreiro / Bonzanno sur SSV qui remporte l’étape de la journée.
Jeudi 26. Au petit matin, les traits étaient tirés. La fatigue de la spéciale d’hier était encore très visible sur les visages des concurrents. Mais pas le temps de souffler, l’étape d’aujourd’hui se présentait en trois parties. Une première ES1 de 30 kms au cap d’Ouest en Est dans les dunes de Merzouga. La deuxième partie est une boucle deux fois 82 kms, avec un mélange de pistes en tous genres, et des belles dunes. En revanche, la ES3 se déroulerait de nuit, sur un parcours de 42 kms sur des pistes plus ou moins visibles. C’est là que toute la nav va prendre toutes ses lettres de noblesse. Les baroudeurs avaient la possibilité de se distinguer dans cette spéciale de nuit, qui reste toujours un moment délicat. Si la nuit, tous les chats sont gris ! cette courte spéciale allait être le théâtre d’un changement au classement général. Alors qu’il était 5e au classement général, l’équipage # 303 Housieaux / Minaudier sur Century CR6 ne prenait pas le départ. Cette absence allait laisser des traces, puisque derrière eux, il y avait une horde sauvage ! de SSV survitaminés et assoiffés, qui allaient se jeter à bras raccourci pour boire dans le ‘’ Grall’’, si convoité. À la suite de leur accident de la veille, l’équipage # 207 SSV Cresp / Brucy, ne prennait pas non plus le départ. Leur SSV est bardé de pansements. Coup dur aussi pour le motard # 106, Pierre-Alexandre Bolf. Son moteur casse en allant à la station Africa. S’en est terminé pour lui. Le départ du jour est donné à 8h00 pour les motos, et 9h00 pour les autos. Encore une fois, le soleil brille de tous ces éclats. Le menu de la journée est copieux. Du sable, du sable et encore du sable sur ce premier tronçon. C’est ça le désert, on croit qu’on est armé pour tout affronter. On débarque avec son matériel tout neuf et sa motivation, mais alors que tout paraît presque facile, le sort de l’ensablement calme les ardeurs de certains pilotes. Les dunes, c’est comme la mer, si tu ne la crains pas, il y a danger. Les vieux loups de mer # 201 Philippe Pinchedez et Max Delfino connaissent bien cette sitation.
À l’arrivée de la première spéciale, située à quelques encablures de l’hôtel, les chronométreurs scrutent les premiers bruits de moteurs à l’horizon. Le premier passe la ligne d’arrivée comme une balle. Puis, il rejoint le bivouac pour une pause de 40 mn, avant de repartir sur la deuxième spéciale de 82 kms, qui est à réaliser deux fois. Sur ces deux boucles, il y a un mélange de pistes et de dunes, histoire de ne pas perdre la main ! Après la première boucle, les concurrents font un autre point d’assistance de 45 mn obligatoires, avant de repartir sur la deuxième boucle, de 82 kms. À l’arrivée, les premiers équipages disent tous la même chose « Cette spéciale était particulièrement rapide. » Apparemment, tout le monde était d’accord pour dire qu’ils ont ouvert en grand ! Aujourd’hui. Dans les stands, ça usine. Les mécanos s’affairent à vérifier le moindre serrage, les pneus, les freins… Car, qui dit vitesse, dit obligatoirement, nav sans faille. L’autre difficulté de la journée, a été la chaleur dans les habitacles. Plus les jours passaient, plus la température augmentait, le sable ocre du début de la semaine commençait à devenir rougeâtre, à certains endroits.
Plus les jours passent, plus la conduite devient de plus en plus difficile, du fait de cette influence des lieux sur les machines, ou le sable devient moins porteur. Au PC course, c’est beaucoup plus calme qu’hier. Enlisement dans le chott, des cabrioles dans les dunes, moteur cassé… La liste est trop longue pour tout énumérer. Ce fut effectivement une journée sans repos pour Sylvain Couteau et son 4×4, vert. Ils ont passé leur journée dans le désert à secourir un grand nombre de concurrents, dispersé aux quatre points cardinaux. Idem pour Romain Quiot, Amaury et Antoine Vitse. Ces quatre soldats ne craignent pas de partir à la guerre, au moindre coup de clairon, venant du PC course, pour récupérer les brebis égarées. Quant au camion de ravitaillement, Louis et Maurice assumaient parfaitement la mission qui leur avait été confié. Dans l’arrière-boutique, Fanny ne comptait pas ses heures supp ! pour que tous les membres de l’organisation puissent être ravitaillés, en eau et en repas. Vous la croyez à un endroit, et hop, elle est déjà en train de courir à un autre. Elle mérite la médaille du travail, nous révèle Romain Quiot. Finalement, ce qui frappe l’esprit des journalistes spécialisées, c’est la bonne ambiance qui règne entre tous les membres de l’organisation.
Lorsque les premiers rentrent au bivouac, tous ont le sentiment d’avoir gravi les plus hautes montagnes de sable. Sans doute que quelque chose d’extraordinaire, s’est passé dans l’esprit de ces compétiteurs, avec le sentiment du travail accompli. Ils ne sont pas beaux à voir, couverts de poussière, avec du sable plein les chaussures. La nuit est tombée. Le départ de cette spéciale de nuit est donné à 20h00, pour la première auto. Par mesure de sécurité, il n’y a pas de moto. C’est un tracé de 42 kms qui attendaient les valeureux combattants. Finalement, tout le monde est rentré à la maison, et sans encombre, même si certains ont un peu jardiner. Pour cette petite spéciale, le directeur de course avait tout prévu, puisqu’il avait mis suffisamment de membres de l’organisation, pour sécuriser le tracé. Plus tard, la caravane prenait des allures de camp retranché. Les mécanos mettent leur lampe frontale sur la tête pour que le véhicule soit prêt pour la dernière étape du lendemain, pendant que le pilote et copilote se glissent dans leur drap, pour une nuit douce, néanmoins très éclairante par les groupes électrogènes. De toute façon, le marchand de sable, ne fait pas fortune dans le désert, alors autant aller dormir.
Manager Bowler Motors. Dave Marsh « Nous avons engagé quatre Bowler pour nos derniers essais en conditions réelles. Les premiers essais étaient sur des terrains complétements différents, avec des températures plutôt froides, comme en Islande, en Laponie ou sur le Rallye Artic Rally. Tous les clients sont propriétaires de leur véhicule. Nous sommes donc ici pour tester notre préparation dans le désert, car nous avons de plus en plus de demandes de nos clients. Bowler Motors apporte toute la préparation des véhicules, la logistique, le transport des véhicules et des pièces détachées, les réparations, le couchage et le Catering. Nous avons la chance d’être soutenu par la marque Rover, qui souhaite faire évoluer le Bowler, en Tout-Terrain. Une fois tout le programme terminé, nous pourrons sans doute aller plus loin dans notre réflexion. Une chose est sûre, nous allons revenir l’année prochaine sur cette épreuve. »
Vendredi 27. En avant Guinguant, c’est la der ! Après une douce nuit, au PC course, le sourire révélateur du directeur de course à quelques heures du départ de la fin du rallye, contraste avec la tension de ces cinq derniers jours. Le départ est donné à 8h30 pour la première moto et à 9h00, pour la première auto. Fort de sa place de leader, Xavier Flick allait faire feu de tout bois, pour conserver sa place de premier de la classe ! Le soleil était encore au rendez-vous. À la file indienne, très vite l’ambiance s’échauffe, et la ferveur monte au fur et à mesure que le top départ approche. Dans les habitacles, les pilotes et copilotes sont aussi tendus que leurs amortisseurs ! Ils savent que tout peut arriver, tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie. En ce dernier jour de course, rien ne sera laissé au hasard par les mécanos, parce que, le hasard ne peut être que la cause ignorée d’un effet connu. Côté pilote, la santé de Dominique Housiaux # 303 Century CR6, va beaucoup mieux, c’est la raison pour laquelle on retrouve l’équipage sur la ligne de départ.
Force est de constater que les cinq SSV de tête ne vont pas se laisser absorber par le Century CR6, à quelques heures de l’arrivée, qui pourtant, crie aux loups ! Pas de quartier ! pour résister aux attaques du Buggy Century. Effectivement, les SSV ne sont pas venus sur la Baja, pour faire du tourisme ! Alors, cette dernière pouvait donner lieu à une passe d’armes, entre les six premiers ?
C’est la lutte finale… ! Le motard # 108 Charles-Edouard Cairel se jette à bride abattue sur les pistes ensablées. Mais après quelques kms, il commet une erreur d’appréciation, en nav. À l’endroit, où il devait faire un 180° le long d’un mur de sable, il va tout droit pendant plusieurs kms. En regardant les images Satellite au PC course, la décision du directeur de course est rapidement prise. Il faut lui envoyer un signal, pour qu’il opère rapidement, un demi-tour. Une fois le message envoyé, le pilote a vite réalisé qu’il devait revenir sur pas. Grâce à cette nouvelle technologie, si le PC Course est attentif, plus personne ne peut se perdre durant des heures, voire, des jours, comme au bon vieux temps ! C’est là que la part invisible se cache entre le défi, le mystère, et les nouvelles technologies, qui sont parfaitement adaptées pour les courses de l’extrême. Même punition pour le SSV # 227, La Verge / Dickerscheid. Cet équipage quitte la trace et fonce tout droit sur des hautes dunes. Mais que va-t-il faire dans le bac à sable ? Des châteaux, des pâtés ? Finalement, d’autres concurrents commettent aussi quelques erreurs de nav sur le parcours, le # 303, le # 301 et le # 107. Côté motos, Xavier Flick lève le pied dans la ES1. Du coup, le motard # 104 Hajji Amnay, s’empare du meilleur temps. À la fin de la ES2, tous les concurrents regagnent le bivouac pour un point d’assistance obligatoire, d’une heure. Les mécanos sont à l’œuvre, parce qu’à l’issue de cette course est proche. Personne n’a droit à l’erreur. Pour l’ultime ES3, Sébastien Delaunay avait dit au briefing ‘’ ouvrez grand les yeux, car, l’environnement est magnifique, sur cette dernière ». Entre les deux SSV leaders, c’est la réponse du berger, à la bergère. En fait, c’est ça le Rallye-Raid, des histoires d’hommes et de femmes avec des moments qui marquent leur existence. La délivrance. La piscine attend avec impatience tous ces ‘’Indiana Jones’’ rompus par des centaines de kms. Si ce matin, les visages étaient marqués sur la ligne de départ, la totalité des concurrents passaient la ligne d’arrivée, afin de fêter dignement une semaine de course instance, et de fortes émotions.
En poste, les photographes mitraillent cette dernière ligne droite, afin d’immortaliser l’instant. Nicolas, le pilote d’hélico fait des allers-retours au-dessus de la ligne d’arrivée. Quant à l’organisateur, il transforme tous les rescapés en vainqueur.
Clap de fin. Compte tenu du succès grandissant, cette course internationale est encore en route pour plusieurs années.
Durant toute la course, le PC a été le cœur central de toutes les grandes décisions, que ce soit en matière de sécurité, du corps médical, des bénévoles et des dépanneurs. Mais, Chris Armelin et Gisèle Pierreux étaient les véritables chefs d’orchestre de cette belle aventure.
Quant à la petite mascotte du Rallye »Baja » elle prend la direction de l’Espagne, la Belgique, puis de l’Angleterre, pour y vivre des jours heureux.
Auteur : Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos : ActionGraphers. Retrouvez tous les classements sur le le site de la Baja Morocco 2024. Rendez-vous les 5 et 6 octobre à Villiers Sur Orge, pour la 2e édition du Dakar Légend, en présence de Pierre Lartigue et de sa ZX rouge Championne du Monde des Rallyes Tout-Terrain, en 1995.