Mistral gagnant sur la Place Saint-Louis, à Versailles. Vendredi 26 septembre. La commune de Versailles avait perdu l’habitude de donner le départ du Paris-Dakar. Depuis ce matin, c’est une chose rétablie puisque les participants de la deuxième édition de la Route des Légendes réveille un Château endormi depuis le dernier départ du Paris-Alger-Dakar à Versailles, le 1er janvier 1988. Les badauds présents Place Saint-Louis n’en croyaient pas leurs yeux. Tout le monde pensait que la mythique compétition repartait à l’assaut de l’Afrique de l’Ouest. D’ailleurs, la présence d’une centaine de véhicules d’époques et de répliques interrogeait les visiteurs « Nous n’étions pas au courant que le Paris-Dakar repartait ». Mistral gagnant ! Le fait même que les curieux se posent la question, cet évènement se transforme en une réussite pour les organisateurs.
Comme dans toutes les épreuves auto/moto/camion, les vérifications administratives sont un moment incontournable pour vérifier les papiers et l’assurance des 110 participants, avant de recevoir les sticks et toutes les infos liées à ces trois jours de balade entre potes.
Par conséquent, une grange partie de la matinée a été consacrée à l’installation de la plaque de Rallye, et au collage des autocollants qui abordent fièrement les logos de l’ensemble des partenaires. Et ils sont nombreux : AMV, Equip’Raid, Hedicom, Honda, Vondutch, Motul, Bihr, Yamaha, Dafy, Facom, Château de Lastours, Fab Sport et Kenny.
Certes, tous les participants ne rentreront pas avec du sable plein les chaussures, en revanche, ils reviendront avec des souvenirs plein la tête. Trois jours de parfum, d’aventures qui ressemblent à un bal à trois temps ! Puisque l’aventure n’attend pas, la première moto se présentait à 14h00 sur la ligne de départ Place Saint-Louis pour rejoindre le terrain de Cross à Sougy-Orléans. Silence, on tourne, lumière, caméras et portables enregistrent le départ des premiers de la classe ! Même si le temps est plus clément qu’un premier janvier, les anciens Dakariens revivent des moments uniques que les moins de 40 ans, n’ont pas connus. C’est donc dans une ambiance festive et joyeuse que la bonne centaine de participants partaient sous le crépitement des flashs et des applaudissements pour rejoindre le terrain de Sougy par la RN 20. Ça pétaradait comme au bon vieux sur la route. Les badauds n’en revenaient pas de voir passer autant d’autos et de motos dans les rues de Versailles, puis sur la 20.
À Sougy, la première Yamaha Ténéré moto s’élance à 14h00 devant beaucoup de passionnés venus assister à cette extraordinaire épopée d’antan. Direction le circuit Tout-Terrain de Sougy pour un petit tour de manège bien gras, d’environ 1 km. De quoi immaculé les belles carrosseries décorées de leurs plus beaux autocollants. Sur place, le président Jean-Claude Painchault et le pilote du Paris-Dakar, l’ami Roger Audas présentent l’association et les lieux à la presse spécialisée.
Comme sur le prologue de la plus grande et difficile course du monde, la centaine de participants, motos et autos font la queue leu-leu devant le commissaire du circuit. Top départ, c’est parti sur un sol gras et boueux que certains s’en donnent à cœur joie. Le passage le plus compliqué aura été le passage des hautes dunes au Cap moyen 90 ! Bien souillé, mais sans grain de sable dans les poches, tout le monde a repris la RN 20, pour se diriger à la Guinguette de Belle Isle, à Châteauroux, pour la première soirée, entre potes. Un endroit cossu qui a attiré sur le parking une foule immense qui s’impatientait de voir arriver les plus belles mécaniques du Paris-Alger-Dakar.
Le jour le plus long ! Samedi 27 septembre. Châteauroux, Circuit Tout-Terrain de Compreignac, Nespouls, Frayssinet, Montauban, Domaine TT Clos Mignon, Villeneuve-les-lès Bouloc, Grisolles. Soirée Dakardantan-Dakarhier à Castelnau-d’Estrétefonds. Pour Philippe Vassard, la recette de la Route des Légendes est simple. En réunissant des anciens pilotes et copilotes des grandes épreuves internationales en Rallye-Raid, et une nouvelle génération qui aime entendre les anecdotes des anciens concurrents qui ont côtoyé Thierry Sabine, René Metge, Fenouil, Gilbert Sabine, Hubert Auriol…, qui, avec le temps, sont devenus des références et une légende des temps modernes. Si cette route N20 incite les participants à s’engager dans des expéditions de type Raid ou Rallye-Raid dans un avenir proche, alors, Philippe Vassard et Thierry Roger auront atteint leur objectif. D’ailleurs, c’était un peu la devise de Thierry Sabine « Faire vibrer ceux qui partent, et faire rêver ceux qui restent. »
Contrairement à ce que l’on peut croire, le sport automobile ne manque pas de talents, la preuve, mais de nouveaux partenaires. Après cette belle soirée qui a réuni tous les participants à la Guinguette de Belle Isle à Châteauroux, dès 7h00 ce matin, les paupières étaient lourdes pour quelques équipages.
Sur le parking de la Guinguette, telles des Marmottes mal réveillées, chacun remontait dans son véhicule ou sur sa moto pour prendre la direction du Terrain de Moto Cross à Compreignac, qui se trouvait à 108 km.
Parmi les nombreux participants, il y avait la Porsche Foltène # 221 de Jean-Pierre Jabouille, conduite par le duo Calvel/Martorava « Pour rouler en Porsche 911, avant le départ, il faut être businessman, pendant la Route des Légendes, il faut être superman, et après l’épreuve, il faut être Gentleman. »
Le lever de rideau commence par la pratique du terrain de Compreignac sur un sol gras et boueux, mais rien de difficile pour ces braves participants de l’édition 2025. Rapidement, ils enchaînent le parcours sur des magnifiques routes pour 115 km, où les attendent des centaines de spectateurs sur la place de la mairie de Nespouls. À côté du CP, des anciens du Paris-Dakar et autres épreuves internationales sont venus de toute la région pour les encourager. À peine le temps de saluer tout monde, la caravane repart sur les plus belles routes de la région pour faire tamponner le carton de pointage par l’équipe de bénévoles du garage Campana, à Frayssinet.
À l’image du Tour de France, l’accueil de la population de Frayssinet était particulièrement chaleureux. Barbecue rougit par la braise, sur les tables on trouvait une ribambelle de cochonnaille et autres produits du terroir qui étaient étalés sous les yeux ébahis des participants de ‘’La Route des Légendes’’. Parents, grands-parents et petits enfants ne voulaient surtout pas laisser passer le peloton sans pouvoir leur offrir un ravitaillement et des encouragements. Mais voilà, tout a une « faim » ! La caravane 2025 repart avec beaucoup de regret la commune de Frayssinet pour rejoindre la Place Lalaque à Montauban. Les vrombissements des moteurs résonnaient sur les petites routes de campagne, le tout accompagné du crépitement des pots d’échappement.
Comme au CP de Frayssinait, à Montauban, c’est une foule immense qui attendait depuis des heures, le premier de la classe ! Certains aficinados portaient un polo, un blouson, un tee-shirt, voire une combinaison d’époque aux couleurs du Paris-Alger-Dakar ou du Paris-le Cap. C’est dans ces moments-là que l’on prend encore conscience de l’engouement de cette mythique épreuve Africaine. Pendant ce temps, sur la route, les yeux rivés sur leur chrono, les copilotes deviennent une espèce de coucou qui vit au son du tic/tac d’une horloge ! car le temps passe vite et le menu de la journée était très copieux.
Par petit groupe, les engagés arrivent enfin à Montauban pour le plus grand bonheur des spectateurs. Il était l’heure de se restaurer et de soufflet un peu. L’accueil avec la population a été un moment magique. C’est aussi à Montauban que les deux camions rejoignent la Route des Légendes. Une fois restauré, tout le monde remonte sur leurs chevaux pour reprendre la direction du terrain du Clos Mignon, en plein milieu du vignoble »Château de Fronton ». Au PC arrivé, le speaker se chauffe la voie, auprès des hauts parleurs qui résonnent sur plusieurs km « Chérubin appelle poussin bleu ! tenez-vous prêts, ils arrivent. ». Vrooomm, vrooomm, vrommm, le hurlement des camions qui se rapprochent du terrain, fait vibrer les centaines de spectateurs heureux de découvrir l’édition 2025.
C’est donc sous un soleil radieux et sous des applaudissements, que les 4×4, les motos et les camions entrent sur le terrain. C’est aussi un moment d’accolades et de retrouvailles pour les familles de certains participants. Pour que tout soit une réussite, les commissaires de l’association Macadam Passion envoient les autos rutilantes de leurs plus beaux habits de soirée sur la piste. Le sourire révélateur d’Olivier Muzart, propriétaire du terrain, n’en revient pas de voir autant de passionnés, chez lui. En rang d’oignons, comme à l’accoutumée, ce sont les motos qui partent en premier pour deux tours de manège ! Klaxon et phares allumés, les deux camions s’élancent à bras raccourcis sur la piste de 2,100 km. Après le tour de reconnaissance, c’est un nuage de poussière qui s’élève dans le ciel et qui drape le sol, déjà bien poussiéreux.
Comme disait Johnny Hallyday à René Metge dans l’habitacle sur le Paris-Dakar, en 2002 « Qu’est-ce que çachecou ! René »
Après un menu du jour aussi copieux, la caravane avait bien mérité de festoyer à Grisolles pour la soirée Dakardantan /Dakarhier. Au diable vauvert, lâchez les bulles et les cotillons ! Dans cette foule, on remarque la seule motarde engagée. Il s’agit de Natalie Doyen qui, depuis le départ résiste contre vents et marées avec sa Yamaha Ténéré # 2. Ne rien lâcher, car les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail. De ce fait, pour les nanas qui aiment les grosses cylindrées, il faut avoir une maîtrise de tous les instants pour concilier deux axes incontournables : l’équilibre et la vitesse horizontale.
On dirait le Sud ! Dimanche 28. Une journée un peu plus calme. Le départ est donné à 9h15, de Toulouse Fenoulliet, pour prendre la direction de Pexiora, puis Château de Lastours, avec une arrivée à Sète, au Théâtre de la Mer. Si hier matin on croisait des marmottes mal réveillées, au petit dej, cette fois, on a droit aux petites girafes éveillées.
Cette dernière étape qui était annoncée relativement plus courte pour que tout le monde rentre au bercail à l’heure, pour la soirée des festivités à Sète. Pendant ce temps, à Pexiora, toute la commune s’active pour recevoir sans tambour ni trompette la Route des Légendes. Branle le bas de combat, Gérard Rebours installe la sono, la grande salle des fêtes pour prépare le cassoulet de Castelnaudary pour les participants. Après avoir traversé cette belle région par les routes de campagne, les premières motos arrivent à bon port dans cette petite ville de Pexoria.
Pas le temps de souffler, Jeff et José Lourseau enchaînent les ITW, en évoquant la marque et le modèle de chaque auto, moto et camion, au public venu nombreux pour pratiquement toucher ces véhicules d’exceptions. De toute façon, le gendarme de St Tropez veillait au grain. Avant le déjeuner, les ‘’légendes’’ ont droit à un petit tour de piste long de 2,5 km, histoire d’être en forme avant de se mettre à table. À la queue leu-leu, ils s’élancent sur cette petite piste aménagée pour l’occasion. Nous savons tous que la meilleure façon de rouler, c’est de mettre le pied sur le champignon, du coup, les équipages en profitent pour faire hoqueter leurs cylindres qui se désarticulent comme des marionnettes, tout en faisant tournoyer le volant, au rythme d’un mouvement du Pendule (droite, gauche, gauche, droite). D’ailleurs, certains équipages sautent comme des cabris sur les petites bosses, pour tester leurs amortisseurs.
Il est midi. Les présentations faites, place à la spécialité du pays. Les klaxons et les pots d’échappement laissent place aux cliquetis des fourchettes. De toute façon, comment ne pas passer à cet endroit sans déguster le fameux Cassoulet, que le monde entier nous envie !
Pas le temps de flâner et de faire la sieste ! Philippe Vassard rappelle ses ouailles avant qu’ils s’endorment : « Debout les gars ! Réveillez-vous ! Il va falloir en mettre un coup ! » C’est comme la valise RTL, il ne rigole pas le Philippe. Finalement, il règne sur cette évènement une atmosphère de premier opéra, qui est dirigé par un grand et généreux chef d’orchestre.
La différence avec les années, 80, c’est qu’aujourd’hui, chaque badaud possède un portable pour immortaliser ces instants magiques. Rompu à la cuisse de canard et aux haricots, tout le monde repart en début d’après-midi en direction de Château de Lastours, pour s’essayer sur une belle piste longue de 7 km. Ici, on n’est pas à Trou-les-Bains ! Mais dans une belle et grande propriété.
Le Paris-Dakar a utilisé à plusieurs reprises cette piste pour son prologue, mais aussi, par la plus grande majorité des usines qui venaient à Château de Lastours pour préparer les véhicules, avant une épreuve internationale. Le tracé de la piste est un mélange de petits graviers, de terre et de sable fin. Mais attention : le mot « aventure » est juste un nom romantique pour dire « problèmes ». Un mot d’ordre qui a été répété à tous les concurrents qui ont bien voulu s’essayer.
L’exemple parfait du parfait Corsair, c’est le Toy HDJ 80 # 220 c’est d’Yvan Diard. Toujours au taquet, motivé et déterminé. Il en voie du bois le garçon, et en plus, il a la gâchette facile. Un pilote qui dégaine le grand jeu pour disparaître de la vue des spectateurs en une fraction de seconde.
Tout comme le motard Serge Bacou, un vieux loup de mer qui a de la bouteille. Mais avec modération ! Mille sabords, de mille sabords. À Château de Lastourd, sur la crête, chacun pouvait admirer la beauté du paysage, ainsi que la salle de sport qui été baptisé par Franck Allard, en présence d’anciens pilotes et copilotes du Paris-Dakar, il y a un an » Salle »Hubert Auriol ». Actuellement sur la propriété, un grand hôtel est en construction pour acceuillir une centaine de sportifs et autres visiteurs.
Après ce roulage intensif sur le train de la propriété, tout le monde est reparti sur Sète, pour fêter ces superbes trois jours au Théâtre de la Mer. Un grand parking face à la Méditerranée. Une chose est sûre, l’ambiance festive ressemblait aux arrivées du Paris-Dakar.
Pendant que certains se prêtent au jeu des photographes et des dédicaces, Gilles Girousse qui avait engagé plusieurs véhicules joue les bons samaritains. Sur son camion plateau déjà bien chargé, il récupère une moto qui était tombée en panne après avoir croisé le chemin du chat noir. Alors que nous l’avions quitté au printemps dernier sur les pistes du marocaines, finalement, on constate qu’il est partout, le mistigri ! En tout cas, des années après, grâce à Gillou, force est de constater que l’esprit »Sabine » a gardé ses lettres de noblesse « Fais de ta vie un rêve et un rêve, une réalité », et le Gillou, il en a plein la tête des rêves.
Acte trois. Lorsque la nuit commençait à tomber sur Sète, la caravane quitte le parking et se rend à la soirée des récompences et des remerciements, autour d’un repas bien mérité. Rendons à César ce qui est à César. Autrement dit, il convient d’attribuer à chacun ce qui lui revient de droit, que ce soit en termes de mérite, de reconnaissance, de responsabilité et de partenariats.
Par conséquent, rendons hommage à toute l’équipe de Philippe Vassard, à Thierry Roger et à toute leur équipe de bénévoles, journalistes, photographes, CP, propriétaires des terrains, des membres de plusieurs associations, et à tous les partenaires de cette deuxième édition pour leurs contributions réelles à la réussite 2025.
Pour clôturer cette édition, Philippe Vassard a rendu hommage à notre regretté ami Pierre Kress, en présence de son épouse et de sa fille. À l’année prochaine, même jour, même heure pour l’édition 2026.
Auteur : Gilles David. Crédits photos : Cédrit Bret, Alexis Blondel, Michel Maindru, FabSport, Tom, Veve et Xavier.
Prochain rendez-vous : Coupes Auto Légende sur l’Autodrome de Linas-Montlhéry dans le cadre d’Octobre Rose. Une exposition est organisée les 11 et 12 octobre par »Dakar-Légend et CAM 91 » avec des véhicules anciens, mais aussi, avec des 4×4 et motos du Paris-Alger-Dakar et autres épreuves en Rallye-Raid. Deux parades sont prévues, une le samedi et une autre, le dimanche. Renseignement : Christian Sauriac : 07 49 70 65 87 & 06 89 87 32 81.
