Alexander Kovatchev avait prévenu que cette 30e édition serait fantastique et inoubliable, du 23 au 29 juin 2024, en Pologne. Un parcours inédit de 1400 kms sur sept étapes. Pouvaient y participer : Autos, motos, Quad, SSV et camions, sur trois catégories : Cross Country, Extrême et Discovery. Par ailleurs, l’organisation avait inscrit une nouvelle catégorie sous l’intitulée : Breslau Légend. C’est donc 300 équipages venus de toute l’Europe qui allaient se disputer le Graal. Les deux premières étapes se déroulaient sur le terrain des polygones militaires, autour de Zagan. 29 équipages Français étaient inscrits sur cette édition hors du commun. Parmi eux, ils avaient des spécialistes de »l’extrême » : Françoise Hollender, Franck Daurelle, Gilles Girousse (qui fêtait sa 27ème participations), Quentin Bouveyron, Serge Lestrade, Nicolas Martinez, Lili Delfino, Amélie Courtine, Eric Courtine, Richard Oguez, Sébastien Brochard et Axelle Brochard, Hervé Crevecoeur, Stéphane Boullié, Paul Durame, Benoit Bonnefoi, Mickaël Mangin, Stéphane Joly, Julien Leroy, Laurent Pupejol… C’est donc dans la joie et la bonne humeur que ces Français allaient affronter les pistes militaires Polonaises. Le sourire révélateur de nos équipages aux vérifs, démontrait que ces vaillants guerriers étaient prêts à tout pour tenir la dragée haute aux autres nations. Mais attention, Hubert Auriol nous disait souvent << Le plus grand danger, c’est de ne pas avoir peur. >>
Après les incontournables vérifications techniques et administratives, les concurrents s’élançaient sur un petit prologue de 9 kms. Au menu, des pistes sablonneuses rapides au cap, et de la boue. Rien de méchant, sauf que la nav était délicate. Une manière de se mettre dans le bain, sans trop se mouiller ! Dans la catégorie moto, c’est le pilote Polonais Bartolomiej sur KTM qui réalise le meilleur temps. En SSV, c’est le Polaris du Polonais Baszczynski qui remporte ce prologue. En auto, classe Car Open CC, on retrouve le Toyota du Lituanien Povilaitis. Idem dans la catégorie Limited, c’est le Toyota de Brochocki. Pour la catégorie Extrême, c’est le proto HM7 de Hardo Mere qui fait la différence. Enfin, pour les camions, c’est le Néerlandais Groningen sur son Ivéco qui s’impose. Le décor est planté ! Voilà pour les favoris, du moins sur le papier.
ES1 : 150 kms, pour les Cross Country et 122 pour la catégorie Extrême. Les choses sérieuses commencent. Au programme de cette journée, du sable fin, de la poussière, mais aussi une navigation pointue sur ce terrain militaire entrecoupé de nombreux polygones. Pour corser le tout, des gros trous, des passages boueux, et des eaux profondes, ou le treuil allait être d’une grande utilité pour sortir de ces mauvais pas. En CC, après de longs et pénibles efforts, ainsi que de multiples rebondissements, le Bowler # 223 des Français Julien Leroy / Clément Milin passe le premier la ligne d’arrivée, avec 7 mn d’avance sur le Toyota du Lituanien, de Povilaitis. Les SSV ont bien soufferts dans les passages de bourbiers. Le plus rapide de cette catégorie est le Can Am de Gerven, qui devance de 2 mn son adversaire. À moto, la KTM de Bartolomiej réitère son exploit du prologue.
ES2. 170 kms. Toujours sur le même terrain militaire, les concurrents retrouvaient un environnement identique que la veille. La seule différence, c’est que les pilotes étaient déjà un peu plus aguerris par rapport au premier jour. Malgré tout, certains commencent à regretter la sécheresse et le sable ocre du désert ! Effectivement, sur ce genre de parcours, le treuil devient l’élément indispensable pour vaincre les obstacles dans cette fosse aux moines ! Ici, c’est l’humidité qui vous envahie de la tête au pied, avec des petites bêtes qui rôdent autour de vous, prêt à bondir sur leur proie. Dégoulinant de sueur, les équipages sortent le meilleur d’eux-mêmes pour sortir de ces eaux profondes. Ce pilotage forcé est une autre façon d’aborder la compétition pour ces matelots aux gros bras et au gros coeur. Les vrais marins le savent, quand les mouettes ont pied, il est temps de virer et de godiller. Ohé du bateau !
Dans la catégorie Car CC, ce fut une lutte acharnée entre deux Toyota. Trente-trois secondes les séparent, à l’arrivée. Côté SSV, le Can Am de Gerven remporte sa deuxième victoire. L’Ivéco CC de Groningen continu son avancée. Pour les gros camions, le MAN KAT de l’Allemand Leyh, triomphe avec 7 mn d’avance. Demain, les concurrents prendront la direction du camp à Drawsko.
ES3. 135 kms + 55. Étape Marathon. La caravane prend la direction de Drawsko et plus précisément le fameux tracé Hannibal, qui commençait par un secteur sélectif de 135 kms, puis un deuxième secteur chrono de 55 kms. Une étape épuisante qui allait laisser des traces de fatigue sur tous les corps. À l’arrivée, les visages des pilotes reflétaient la dureté de l’épreuve du jour. Les traits tirés, les paupières lourdes, les premiers de la classe rejoignent péniblement le camp retranché, pour une douce nuit, bien mérité. Le motard De Rutier remporte cette difficile étape sur sa KTM. Le Français Gaétan Martinez se positionne troisième au classement général. En auto CC, c’est encore le Toyota de Povilaitis qui tient la dragée haute aux autres concurrents. Auto Limited, on retrouve le Toyota de Brochocki, restant leader dans sa catégorie.
En SSV, la bagarre fait toujours rage. Le Can Am de Simanavicius est le plus rapide que Richard Oguez. Côté camions, les MAN KAT imposent leur puissance au reste de la caravane. Au km 62, David Drancourt fait un tonneau sur des grosses bosses » Danger II » bien signalé sur le Road Book. Pirouette, cacahouète ! Le pilote ressort du véhicule avec quelques fractures et le copilote Max Walocha s’en sort sans bobo apparent. # 307 Françoise Hollender et Franck Durelle viennent tout de suite à leur secours. Ils resteront un bon moment à leur côté pour les rassurer. Au même moment, deux autres accidents plus graves sont signalés par le PC course. Une journée »Extrême » à tous points de vue, que personne n’oubliera.
ES4. 180 kms. Avec en plus un tronçon de 65 kms de nuit. C’est le côté sombre de la course. Si la nuit tous les chats sont gris, la piste, en revanche, n’a pas d’odeur ! C’est devenu une habitude, maintenant, dans toutes les compétitions Tout-Terrain, on retrouve souvent une étape de nuit pour corser l’épreuve. Lorsqu’il fait nuit noire, le pilotage est complétement différent, la vitesse diminue à l’approche des obstacles. C’est là, que le navigo doit rester très attentif, car la moindre erreur d’annonce peut être fatale. Effectivement, ça jardine dans tous les sens Les chemins de traverse se croisent et se recroisent, les traces se mélangent dans les ténèbres. Un subtil mélange de labyrinthe sans retour qui faisait tourner en rond les moins aguerris en navigation.
À ce petit jeu, le motard Bartolomiej est le plus fort sur sa KTM. En auto CC, on retrouve le Bowler du Néerlandais Mourik. Même si la bagarre était intense entre le Mitsubishi de Van Geest, le Toyota de Povilaitis et du Mercedes de Gilles Girousse, celui-ci reste leader au classement général. En auto Extrême, Hardo Mere reste leader. Côté SSV, les hostilités font toujours rages entre Can Am et Polaris. Le camion Iveco continu de survoler la catégorie CC. Pour les petits camions, les MAN KAT, dominent la catégorie.
ES5. 180 kms. Après une nuit relativement courte, les équipages allaient affronter une cinquième étape tambour battant ! sur le terrain militaire de Drawsko. La fatigue se fait de plus en plus sentir au sein de la caravane. Les efforts physiques déployés durant toutes la semaine, commencent à peser sérieusement sur les épaules des pilotes et des copilotes. Si les hommes sont fatigués, les machines souffrent aussi, à force d’être rafistolées ! Mais si la meilleure façon de rouler, c’est de mettre le pied sur le champignon, dans cet environnement, les pilotes ont plutôt le pied sur le frein. Finalement, c’est le moral qui l’emporte sur la vitesse et la précipitation.
Sur cette ES 5, le terrain était glissant et piégeur avec de nombreux devers et de nombreux trous en courbe. Le parcours de cette avant-dernière spéciale était donc un excellent condensé du Tout-Terrain, qui attendait les concurrents, où les actes et les comportements n’avaient d’intérêts que s’ils avaient un sens, pour la victoire finale. Comme à l’accoutumée, le motard Bartolomiej remporte cette 5ᵉ étape avec sa KTM. Pas de surprise non plus pour les autos. Le Toyota CC de Povilaitis s’impose encore une fois. Idem pour le Toyota inscrit dans la catégorie Limited CC. En SSV, quatre Can Am dominent le classement général. La victoire est au profit de Lekavisius. L’Iveco de Groningen consolide son avance, ce qui lui permettra d’assurer sa suprématie dans la der. En ce qui concerne les gros cubes ! les MAN KAT ne laissent personne se rapprocher d’eux.
ES6. 80 kms. C’est la lutte finale. Le septième jour de course devait être le juge de paix pour séparer les leaders. C’est bien dans la catégorie que les écarts sont infimes. Comme bien souvent, les véhicules se tiennent dans un mouchoir à quelques kms de l’arrivée. Que nous soyons aux 34 Heures du Mans ou en Rallye Raid, seulement quelques minutes ou quelques secondes séparent les trois premiers. C’est donc dans la dernière ligne droite que les trois premiers de la classe ! se jettent à bras raccourci dans l’ultime spéciale. Ça passe ou ça casse ? Ces 80 kms sont dévorés à toutes berzingue ! La moindre seconde est comptabilisée. Dans les courbes, les véhicules et les motos sont balancées comme des chaloupes qui affrontent une mer déchainée, que le Capitaine de vaisseau dirige tout droit vers la victoire. L’équipage Français # 307 Daurelle / Hollender sur Land Rover Defender, termine à la 8e place de la catégorie Car Open, avec le sentiment du travail accompli. Conclusion, une 30e édition qui aura réuni 1 600 personnes toutes classes confondues. Selon les participants, l’organisation était sans faille, les Road Books précis, les infrastructures au top, une sécurité bien rodée et un catering parfait.
Sans surprise, le Polonais Bartolomiej sur KTM s’approprie la victoire finale. Le Français Gaétan Martinez monte sur la troisième marche du Podium. En auto, le Toyota de Povilaitis / Volkov montre sur la plus haute marche du podium. Idem pour la catégorie Limited CC, c’est encore le Toyota de l’équipage Polonais Chorowski / Komar qui termine à la première place. En auto Extrême Open, c’est l’équipage Estonien / Polonais Mere / Kujawski. En Limited voiture EX, on trouve l’équipage Allemand Schwermann / Brosig sur Land Rover. Des SSV en pleine forme avec la victoire de Simanavicius / Kordala sur Polaris. Le camion Iveco confirme sa générosité avec le trio Néerlandais Groningen / Kelch / Rihter. Clap de fin.
Auteur : Gilles David (gd.redaction@orange.fr). Crédit photos : Rallye Breslau.